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Deux voix à l'unisson

Milano
Teatro alla Scala
01/18/2022 -  et 21*, 23, 30 janvier, 2 février 2022
Vincenzo Bellini : I Capuleti e i Montecchi
Marianne Crebassa (Romeo), Lisette Oropesa (Giulietta), Jinxu Xiahou (Tebaldo), Michele Pertusi (Lorenzo), Jongmin Park (Capellio)
Coro del Teatro alla Scala, Alberto Malazzi (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Speranza Scappucci (direction musicale)
Adrian Noble (mise en scène), Tobias Hoheisel (décors), Petra Reinhardt (costumes), Jean Kalman, Marco Filibeck (lumières), Joanne Pearce (chorégraphie), Mauro Plebani (maître d’armes)


(© Brescia e Amisano/Teatro alla Scala)


Les Capulets et les Montaigus est un petit bijou. Composé par un Bellini de 29 ans pour la Fenice en 1830, c’est le sixième opéra du musicien. On peut y apprécier déjà pleinement les longues lignes mélodiques si caractéristiques du compositeur, qu’on retrouvera l’année suivante dans La Somnambule et Norma, puis dans Les Puritains en 1835. I Capuleti e i Montecchi n’a pas la notoriété des chefs-d’œuvre successifs ; même en Italie, l’ouvrage est relativement peu joué. Les dernières représentations à la Scala datent de 1987, avec June Anderson et Agnes Baltsa dans les rôles principaux et Riccardo Muti dans la fosse. Le vénérable théâtre milanais vient de rattraper cette longue absence avec une nouvelle production qui restera longtemps gravée dans les mémoires pour ses fastes vocaux et musicaux.


Dans un dispositif épuré composé de hauts murs gris, le metteur en scène Adrian Noble, par ailleurs directeur de la Royal Shakespeare Company, s’attache à voir dans le conflit entre les deux familles rivales une lutte idéologique comme en a connu beaucoup le XXe siècle, que ce soit l’Irlande du Nord, la Yougoslavie ou Israël. Même si elle ne démérite pas, loin de là, la production scénique s’estompe facilement, si bien que le spectateur peut se concentrer pleinement sur le chant et la musique. Car la Scala a su réunir le meilleur sur ce plan. Lisette Oropesa incarne en effet une magnifique Juliette, tellement fragile et touchante, en proie à la mélancolie, avec des vocalises époustouflantes et de superbes pianissimi évanescents. Le Roméo de Marianne Crebassa ne le lui cède en rien : avec ses cheveux coupés court et son pantalon à bretelles, la mezzo-soprano campe un adolescent aux prises avec ses premiers émois amoureux et aux accents fougueux, avec un timbre velouté et une splendide projection. Les deux voix se marient idéalement pour atteindre des sommets dans le duo du premier acte. Le jeune ténor chinois Jinxu Xiahou fait forte impression en Tebaldo avec une technique éprouvée et des aigus insolents. Michele Pertusi est un Lorenzo particulièrement expressif. La seule déception – relative, car le rôle est secondaire – vient du Capellio à la voix massive et peu raffinée de Jongmin Park. Et si les choristes n’atteignent pas les sommets auxquels ils nous ont habitués, surtout dans le répertoire italien, c’est sûrement car ils doivent chanter masqués.


Speranza Scappucci est arrivée dans la fosse juste après le début des répétitions, le chef initialement prévu ayant dû se retirer pour avoir été testé positif. Son arrivée à Milan a fait grand bruit dans la presse transalpine car elle est la première Italienne à diriger à la Scala, et la troisième femme dans l’absolu (après Claire Gibault en 1995 et Susanna Mälkki en 2011). Mais ce palmarès ne doit pas faire oublier son talent : après une Ouverture enlevée et fougueuse, elle a adopté des tempi mesurés pour permettre aux longues phrases belliniennes de se développer et de s’épanouir, faisant entendre chaque note et chaque inflexion, offrant en outre au public la chance de goûter pleinement aux solos des musiciens, notamment du cor, de la harpe, de la clarinette et du violoncelle. Après un tel succès, on imagine qu’elle devrait revenir rapidement à la Scala.



Claudio Poloni

 

 

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