About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Chant sans frontières

Geneva
Victoria Hall
01/10/2022 -  
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia : Ouverture – Il signor Bruschino : « Deh ! Tu m’assisti amore » – Semiramide : « La speranza più soave » – Guillaume Tell : Ouverture
Gaetano Donizetti : L’elisir d’amore : « Una furtiva lagrima » – Il duca d’Alba : « Inosservato penetrava... Angelo casto e bel »
Franz Lehár : Das Land des Lächelns : « Dein ist mein ganzes Herz » – Giuditta : « Freunde, das Leben ist lebenswert... O Signora, o signorina »
Georges Bizet : Carmen : Suite n° 2 : « Danse bohème » – « La fleur que tu m’avais jetée »
Edouard Lalo : Le Roi d’Ys : « Puisqu’on ne peut fléchir... Vainement, ma bien-aimée »
Jules Massenet : Werther : « Pourquoi me réveiller »
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana : Intermezzo
Giacomo Puccini : La bohème : « Che gelida manina... »

Juan Diego Flórez (ténor)
Orchestre de la Suisse Romande, Daniel Harding (direction)


(© Nicolas Lieber)


Pour son traditionnel Concert de l’An au Victoria Hall de Genève, l’Orchestre de la Suisse Romande a invité cette année le ténor Juan Diego Flórez. Sous la baguette de Daniel Harding, la formation n’a pas semblé au meilleur de sa forme, avec plusieurs fausses notes et des imprécisions tout au long de la soirée. Il faut dire que l’OSR présente trois programmes différents en à peine quelques jours d’intervalle, ceci expliquant peut-être cela. Quoi qu’il en soit, le début du concert a été un peu laborieux, avec une Ouverture du Barbier de Séville manquant de légèreté et de panache. Mais l’orchestre s’est remarquablement rattrapé quelques instants plus tard avec une électrisante Ouverture de Guillaume Tell, dans laquelle se sont particulièrement illustrés le violoncelle et la flûte solos. Dans la seconde partie du programme, l’Intermezzo de Cavalleria rusticana est resté trop superficiel, ne laissant pas entrevoir toute la dureté et l’âpreté de l’ouvrage de Mascagni. Mais le public n’en a eu cure, tant il n’avait d’yeux et d’oreilles que pour Juan Diego Flórez.


S’il s’est montré précautionneux dans son air d’entrée (Il signor Bruschino), le célèbre ténor péruvien a fait honneur à sa réputation dans Semiramide : technique irréprochable, souffle parfaitement contrôlé, vocalises époustouflantes, aigus flamboyants, nuances délicates, bref Juan Diego Flórez tel qu’on le connaît et qu’on l’apprécie. Donizetti (L’Elixir d’amour) est aussi un répertoire familier du chanteur, qui a eu l’heureuse idée de parsemer son récital de « tubes » lyriques de quelques raretés, la première était un air du Duc d’Albe.


La seconde partie de la soirée n’a pas tout à fait atteint les mêmes sommets. Juan Diego Flórez, on le sait, s’aventure depuis quelques années hors du répertoire belcantiste, avec des fortunes diverses. Dans les airs de Carmen et de Werther chantés ce soir, le belcanto semble encore beaucoup trop présent, l’interprète étant plus attentif à orner son chant qu’à rendre les tourments des personnages. Les airs du Roi d'Ys (encore une rareté !) et de La Bohème, d’essence plus lyrique, lui ont mieux convenu. Cela dit, la prestation d’ensemble est à saluer, d’autant que le ténor s’est montré particulièrement généreux dans le nombre d’airs offerts.


Enorme surprise pour les bis, avec un changement total d’atmosphère : Juan Diego Flórez est revenu sur scène avec une guitare, ce qui a déclenché des applaudissements et des cris enthousiastes d’une partie du public. Ce qui était alors un concert de musique classique traditionnel s’est transformé en un show digne d’une pop star. Car l’événement avait drainé un nombreux public de Sud-Américains, des personnes qui ne vont pas forcément au concert ou à l’opéra mais qui avaient fait le déplacement tout spécialement pour écouter le ténor. Les spectateurs fredonnaient en chœur les airs chantés par l'artiste (Core n’grato, Torna a Surriento, Guantanamera, Cucurrucu Paloma), encouragés aussi, il faut bien le dire, par l’interprète lui-même, et manifestaient bruyamment leur joie après chaque morceau. Le vénérable Victoria Hall s’est encanaillé le temps de quelques chansons populaires. Jusqu’à ce que le « Nessun dorma » final, accompagné cette fois par l’orchestre, fasse carrément chavirer la salle ! L’art d’abolir les frontières et les barrières, c’est aussi la marque d’un grand artiste.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com