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Un spectacle à hennir de plaisir

Lausanne
Opéra
12/21/2021 -  et 23, 27, 29, 30, 31 décembre 2021
Ralph Benatzky : L’Auberge du cheval blanc
Fabienne Conrad (Josepha), Mathias Vidal (Léopold), Patrick Rocca (Napoléon Bistagne), Clémentine Bourgoin (Sylvabelle), Julien Dran (Guy Florès), Guillaume Paire (Célestin Cubisol), Sophie Negoïta (Clara), Rémi Ortega (Le Professeur Hinzelmann), Jean Miannay (Piccolo), Patrick Lapp (L’empereur), Miss Helvetia (Kathi), Yuki Tsurusaki (Zenzi)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Jacques Blanc (préparation), Sinfonietta de Lausanne, Jean-Yves Ossonce (direction musicale)
Gilles Rico (mise en scène), Bruno de Lavenère (décors), Karolina Luisoni (costumes), David Debrinay (lumières), Jean-Philippe Guilois (chorégraphie et assistant à la mise en scène), Etienne Guiol (vidéo)


(© Jean-Guy Python)


Des mélodies enivrantes, une musique enjouée et rythmée, une mise en scène délicieusement kitsch et délurée, une troupe de chanteurs-acteurs s’en donnant à cœur joie, pour le plus grand bonheur d’un public visiblement conquis : l’Opéra de Lausanne a mis les petits plats dans les grands pour son spectacle de fin d’année. Avec pour résultat, une réussite sur toute la ligne. Cherchant à sortir des sentiers battus, Eric Vigié, son directeur, a eu la main particulièrement heureuse en choisissant L’Auberge du cheval blanc. Cette opérette a connu un succès tellement phénoménal à Paris, d’abord au Théâtre Mogador entre 1932 et 1935, avec plus de 700 représentations, puis au Théâtre du Châtelet, où, en vingt ans, de 1948 à 1968, elle a été montée à cinq reprises pour un total de plus de 2000 représentations, qu’on en vient à oublier que l’ouvrage de Ralph Benatzky (1884-1957) a été créé à Berlin, en 1930, avec pour titre original Im weissen Rössl. L’œuvre est une synthèse réussie entre l’opérette viennoise, le folklore tyrolien et le cabaret berlinois. La version française regorge d’airs connus, immortalisés par rien moins que Bourvil ou Fernand Sardou. L’intrigue tient en quelques lignes : dans l’auberge d’un petit village du Tyrol, Léopold, le maître d’hôtel, est amoureux de Josepha, la patronne du Cheval Blanc, laquelle s’est entichée de l’un de ses fidèles clients, Guy Florès, un avocat. Ce petit monde est chamboulé par l’arrivée de Français, Napoléon Bistagne et sa fille Sylvabelle, qui viennent semer la zizanie, avant la venue de l’empereur en personne.


Cette nouvelle production lausannoise vaut d’abord pour la mise en scène enlevée, drôle et ironique de Gilles Rico, qui signe un spectacle original et inventif, réglé de main de maître. L’action se déroule dans un hôtel art déco kitsch à souhait, avec un grand escalier que ne renieraient pas les Folies-Bergères ou le Lido. L’ambiance évoque le film The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Les nombreux changements de décor se font à vue, ce qui assure rythme et tonus à la soirée, qui ne souffre d’aucun temps mort. Gilles Rico, qui a sans conteste fourni un travail d’orfèvre, est un nom à suivre. Les costumes chatoyants de Karolina Luisoni sont un régal pour les yeux, de même que les vidéos d’Etienne Guiol, rappelant les films en noir et blanc de l’époque.


La distribution, parfaitement homogène, est composée de chanteurs-acteurs très investis dans leur rôle et qui tous chantent, jouent et dansent avec le même bonheur. Un véritable spectacle de troupe. On citera notamment le Célestin de Guillaume Paire, irrésistible en amoureux ridicule, le truculent Napoléon Bistagne de Patrick Rocca, Marseillais plus vrai que nature, le Léopold qui ne tient pas en place de Matthieu Vidal, la Kathi aux yodels stratosphériques de Miss Helvetia ou encore l’empereur désabusé et lassé de tout de Patrick Lapp, à moins qu'il ne s'agisse de l'impératrice ! Les autres protagonistes sont à l’avenant. Le Chœur de l’Opéra et le Sinfonietta de Lausanne, placé sous la baguette de Jean-Yves Ossonce, ne sont pas en reste pour faire de ce spectacle une réussite sur tous les tableaux. Les nombreuses caméras placées dans la salle laissent supposer que la production sera filmée pour être diffusée ultérieurement, ce qui est une excellente nouvelle.



Claudio Poloni

 

 

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