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Crions au génie !

Paris
Théâtre du Châtelet
01/29/2002 -  et 1*, 4 et 7 février 2002
George Frideric Haendel : Rodelinda
Anna Caterina Antonacci (Rodelinda), Kurt Streit (Grimoaldo), Umberto Chiummo (Garibaldo), Jean Rigby (Eduige), Andreas Scholl (Bertarido), Artur Stefanowicz (Unulfo)
Orchestra of the Age of Enlightenment, William Christie (direction)
Jean-Marie Villégier (mise en scène)


Seconde production du Festival de Glyndebourne après Fidelio (lire la critique), Rodelinda procure cette fois un plaisir sans partage et restera sans doute comme l’une des plus belles réussites de l’opéra baroque de ces dernières années.


Tiré d’une pièce de Corneille, Pertharite, le nœud de l’intrigue consiste en un terrifiant marché puisque l’héroïne Rodelinda décide d’offrir sa main à Grimoaldo, qui a chassé son époux (Bertarido) du trône, à la condition qu’il tue son fils sous ses yeux ! Tourmenté au plus profond de lui par l’impossibilité de tuer l’enfant de celle qu’il veut épouser, Grimoaldo, après moult péripéties dont le retour de Bertarido que tous croyaient mort, trouvera la voie du salut en refusant le trône et en abandonnant toute haine. La variété des émotions à exprimer, de la douleur du deuil à la plus folle espérance, du sentiment de trahison à l’amour le plus pur, exige des talents d’acteur et des capacités d’expression hors du commun. Au sein d’une excellente distribution, dominent, sans surprise, Anna Caterina Antonacci et Andreas Scholl. La soprano italienne, active dans les répertoires italien et baroque, possède les couleurs et la sentimentalité qu’exige le premier ainsi que la virtuosité et la pureté d’expression que requiert le second. Une réussite absolue et un enchantement de tous les instants. Le contre-ténor allemand abordait la scène lyrique avec cette production et l’on espère que ce ne sera qu’un début ! La douceur de son timbre, la sûreté de son émission font chavirer la salle de bonheur. William Christie, comme d'habitude, se révèle parfait, et l'Orchestre de l'Age des Lumières est idéalement à son aise, contrairement à Fidelio.


La mise en scène remarquable fait l’unanimité, tout le monde applaudit l’idée de jouer Rodelinda dans l’univers hollywoodien du film noir et blanc muet des années 20. Mais, osons une hypothèse, si finalement cette transposition n’était qu’un subterfuge, une diversion, pour que notre intellect (qui veut répondre à la question sommes nous ?) se raccroche à quelque chose et que le véritable objectif de Jean-Marie Villégier était en fait d’arriver à une épure la plus poussée possible pour toucher, à l’état brut, nos perceptions ? S’il avait dit «je vais faire des tons gris, une pénombre permanente, aucun mouvement de lumière, des gestes lents et des poses appuyées», les gens aurait dit «mais quelle horreur !», avec la référence cinématographique, ça passe comme une lettre à la poste ! Il n’y a pas véritablement de transposition ici, mais seulement un cadre formel qui permet à Villégier de composer sa mise en scène comme un grand maître classique dessine au fusain, chaque trait est nécessaire et porte une émotion. Un geste, un contre-jour, une pose et tout est dit. Crions au génie !


La critique de notre correspondante londonienne




Philippe Herlin

 

 

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