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Insoutenable légèreté

Amsterdam
Concertgebouw
10/02/2021 -  et 30 septembre, 1er, 3 octobre 2021 (Rotterdam)
Mathilde Wantenaar : Meander
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour piano n° 2, opus 102
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Yuja Wang (piano)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Lahav Shani (direction)


L. Shani (© Marco Borggreve)


Grande ferveur pour ce concert de la série des matinées du samedi du Concertgebouw d’Amsterdam avec la liberté retrouvée de la pleine jauge, en placement libre avec entracte festif et la présence d’une grande star du piano, la sensationnelle Chinoise Yuja Wang pour un concert intitulé «L’Insoutenable légèreté de Chostakovitch». Malgré la pluie qui marquait en ce premier samedi d’octobre l’arrivée palpable de l’automne, un public nombreux encerclait le légendaire bâtiment amstellodamois résigné au contrôle du passe sanitaire, pas toujours bien accepté non plus aux Pays-Bas, pour gagner la salle pour ce concert de rentrée de la série très prisée «Zaterdagmatinee» à l’affiche et au programme alléchant. Public d’âges variés, avec beaucoup de familles et aussi d’Asiatiques attirés par la personnalité sensationnelle de Yuja Wang mais aussi pour voir diriger celui que l’on surnomme dans les milieux musicaux le futur Barenboim, le jeune chef et pianiste israélien Lahav Shani, directeur musical du Rotterdams Philharmonisch.


Pour un Français, la différence d’ambiance entourant un concert aux Pays-Bas est toujours frappante, beaucoup moins compassée, voire franchement joviale. Le placement libre favorisait probablement la convivialité tout autant que ce long entracte au cours duquel les boissons sont offertes par le théâtre ou incluses dans le prix du billet qui, malgré une augmentation palpable du coût de la vie depuis la reprise de la vie quasi normale cet été, reste très raisonnable – 40 à 50 euros – en comparaison des prix pratiqués à Paris.


«L’Insoutenable légèreté», comparaison kundérienne, de la musique ne s’appliquait qu’à celle de la première partie du concert car, quels que soient les mérites de l’excellent Philharmonique de Rotterdam, la formidable virtuosité de ses cordes, les qualités individuelles de ses vents et cuivres, percussionnistes et claviers, les Danses symphoniques, dernière œuvre de Rachmaninov, dédiée à Ernest Ormandy, étaient une pâtisserie bien lourde à digérer. Débutant avec de nostalgiques chants russes et des rythmes de valse assez légers, réminiscences de la musique romantique de l’Empire, elles évoluent vite vers des constructions symphoniques de texture très dense, volontiers bruyantes, et s’achèvent dans une apothéose reprenant le thème du Dies Irae des Vêpres, bien propice aux déchaînements d’applaudissements.


On admirait plus l’équilibre de la première partie, qui s’ouvrait sur Meander (2021), œuvre courte et dense du compositeur néerlandais Mathilde Wantenaar (née en 1993), créée deux jours plus tôt à Rotterdam. En un seul mouvement rappelant la structure du mouvement perpétuel, elle imprime à sa musique magnifiquement composée pour les cordes et qui ne renie pas ses influences debussyste et britténienne une formidable atmosphère fluviale.


La sensation du concert était bien évidemment la présence très pétillante et charismatique de Yuja Wang, pianiste en résidence auprès de l’orchestre. Déjà star mondiale, elle bénéficie d’un coefficient de sympathie énorme auprès du public néerlandais. Vêtue d’une robe fourreau assortie aux couleurs du piano, libérant bien le buste et les jambes (probablement en prévision de la descente du périlleux escalier qui mène à la scène du Concertgebouw), elle a donné une interprétation impeccablement maîtrisée, d’une virtuosité époustouflante, d’une musicalité exemplaire et d’une légèreté qui justifiait bien le titre du concert, du pétillant Second Concerto de Chostakovitch, suivie d’un solo de jazz ébouriffant et d’un pétulant duo avec le chef Lahav Shani. Belle bouffée de soleil dans une après-midi pluvieuse!



Olivier Brunel

 

 

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