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La Neuvième à la une Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 09/26/2021 - et 27 septembre 2021 (Aix-en-Provence) Ludwig van Beethoven : Ouverture «Léonore II», opus 72 – Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125 Genia Kühmeier (soprano), Sophie Rennert (mezzo), Werner Güra (ténor), Johannes Weisser (baryton)
London Symphony Chorus, Simon Halsey (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)
(© André Peyrègne)
La Neuvième de Beethoven a été à la une de la nouvelle saison du Philharmonique de Monte-Carlo. Le concert inaugural a fait salle comble, l’interdiction de remplissage au-delà de 70 % ayant été levée la veille. Salle comble – et scène de même: en totalisant l’orchestre et le chœur, ce ne sont pas moins de deux cents personnes qui s’y trouvaient. Vision impressionnante que celle de cette foule de musiciens occupant la totalité de la scène et ce monumental rempart humain que formait les choristes derrière eux! La loge princière, elle aussi, était pleine puisque le prince Albert II et sa sœur la princesse Caroline – garante de la politique artistique de la Principauté – étaient tout deux présents.
En plus de marquer l’ouverture de la saison symphonique monégasque, ce concert était un hommage à la mémoire de l’ancien directeur de l’orchestre, Gianluigi Gelmetti, décédé cet été. La dernière fois que la Neuvième Symphonie avait été donnée en Principauté, cela avait été il y a huit ans sous sa direction. Le concert commença donc par une minute de silence. A la fin de la soirée, le public se trouva à nouveau debout – mais cette fois-ci pour acclamer son successeur, Kazuki Yamada, qui, ayant magnifiquement conduit le concert, rendait ainsi un hommage à celui qu’il présentait comme son maître – c’est en assistant à une tournée de concerts de Gianluigi Gelmetti au Japon que Kazuki Yamada, adolescent, eut envie de se lancer dans la direction d’orchestre.
Il eut une direction précise, claire, calculée du chef-d’œuvre de Beethoven. Il ne remua pas les grandes masses orchestrales mais conduisit les phrases en détail, mettant en évidence des lignes soignées, des contours bien dessinés, des contrepoints clairement présentés, des nuances parfaitement respectées. Cela nous valut un scherzo (deuxième mouvement de la symphonie) exemplaire. Le culte du détail n’enleva rien à la grandeur de l’œuvre. Au contraire.
Le final fut monumental. Chantant par cœur, le Chœur (amateur) de l’Orchestre symphonique de Londres fit merveille. Lorsqu’après les tumultes du début du final, se présentèrent les premières notes de l’Ode à la joie, le chef, arrêtant de battre la mesure, joignit les deux mains sur son cœur comme pour serrer sur sa poitrine un enfant nouveau-né. La manière dont l’impressionnant baryton Johannes Weisser lança les mots «O Freunde, nicht diese Töne» fut grandiose. Ouvrant les deux bras vers le ciel, le chef porta ensuite le chœur à l’exaltation. L’orchestre se donnait à fond. Formant un quatuor de premier ordre, les solistes enroulaient leurs vocalises, nous offrant tout ce que Beethoven avait mis de lyrisme et d’humanité dans sa partition. Peu à peu, la vague de la musique soulevait le public, jusqu’à le mettre debout à la fin.
Ce concert, redonné le lendemain au Grand Théâtre de Provence à Aix, augure bien de la saison à venir!
André Peyrègne
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