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Baptême du feu

Lausanne
Salle Métropole
09/15/2021 -  et 16* septembre 2021
Johann Sebastian Bach : Concertos pour violon n° 1 en la mineur, BWV 1041, et n° 2 en mi majeur, BWV 1042
Arvo Pärt : Tabula rasa (*)
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 4 en la majeur «Italienne», opus 90

François Sochard (violon) (*)
Orchestre de Chambre de Lausanne, Renaud Capuçon (violon et direction)


(© Federal studio)


Depuis le début de cette saison, Renaud Capuçon, 45 ans, est directeur artistique de l’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL), le septième dans l’histoire de la formation. L’annonce de sa nomination il y a une année n’avait guère surpris dans la région, tant le célèbre violoniste a tissé sa toile à Lausanne et dans les alentours : il est en effet professeur au Conservatoire, où il a fondé un ensemble à cordes, les Lausanne Soloists, directeur artistiques des Sommets musicaux de Gstaad et directeur artistique de l’Académie Menuhin de Rolle. Sa nomination peut donc sembler la suite logique de son parcours, mais elle est aussi un formidable pari car le musicien a très peu d’expérience de la direction d’orchestre. D’ailleurs, avant d’être nommé, il n’avait dirigé l’OCL qu’à une seule reprise, en mars 2020, pour un concert qui s’était tenu à huis clos en raison de la pandémie et qui avait été diffusé en streaming. La connivence s’était tout de suite installée entre le chef et les musiciens, si bien que l’Orchestre, qui cherchait alors un successeur à Joshua Weilerstein, avait pris la décision de l’engager. A quelque chose malheur est bon : l’arrêt des concerts, l’année dernière, en raison du coronavirus a libéré des plages de temps pour les musiciens, ce qui a permis au futur chef de commencer à travailler avec l’orchestre avant le début officiel de son mandat de quatre ans. Cette première collaboration a notamment débouché sur l’enregistrement d’un CD de huit œuvres d’Arvo Pärt, dont Tabula rasa, qui a été mis au programme du premier concert de Renaud Capuçon en tant que chef titulaire de l’OCL. Un premier concert qui était très attendu à Lausanne de par sa portée symbolique. Il s’est terminé sous les applaudissements enthousiastes du public.


La soirée a débuté par les deux Concertos pour violon de Bach, en hommage à Michel Corboz, décédé le 2 septembre, un chef qui a beaucoup fait pour la musique à Lausanne et dans la région. Renaud Capuçon a livré une exécution très classique mais néanmoins lumineuse des deux ouvrages, sobre et sans emphase, concentré et engagé qu’il était dans son jeu, les musiciens le suivant avec précision et homogénéité. Pour Tabula rasa d’Arvo Pärt, il a été rejoint par François Sochard, violon solo de l’OCL. Cette œuvre répétitive et envoûtante, hypnotique presque, a fait dialoguer les deux musiciens pendant quelque 30 minutes pendant lesquelles le temps a semblé comme suspendu. Toute la salle a retenu son souffle. Le contraste a été d’autant plus grand avec la Quatrième Symphonie de Mendelssohn, qui est un hymne à la joie de vivre. Dès les premières mesures de l’Allegro vivace, les spectateurs étaient sous le charme de la gestuelle du chef, vive et élégante à la fois. L’Andante con moto a paru comme couler de source, alors que le Saltarello final a frappé par ses coloris subtils et l’énergie des lignes. Renaud Capuçon a réussi son baptême du feu.



Claudio Poloni

 

 

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