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Diva Opera en son petit Glyndebourne corrézien

Brive
Voutezac (Château du Saillant)
08/07/2021 -  et 16 juillet (Norfolk), 24 (Jersey), 28 (Tiverton) août, 1er, 3 (London), 11 (Henley-on-Thames), 22 (London) septembre 2021
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Matthew Durkan (Don Giovanni), Richard Mitham (Il Commendatore), Gabriella Cassidy (Donna Anna), Ashley Catling (Don Ottavio), Susanna Fairbairn (Donna Elvira), Matthew Hargreaves (Leporello), Meilir Jones (Masetto), Faustine de Monès (Zerlina)
Bryan Evans (piano, direction musicale)
Cameron Menzies (mise en scène), Isabel Baquero (chorégraphie), Charlotte Hillier (costumes)


M. Hargreaves, M. Durkan (© Olivier Soulié)


Il y a, bien sûr, abondance de vedettes: François Dumont et Sayaka Shoji, Jean-François Heisser, Edgar Moreau, Eric-Emmanuel Schmitt et Nicolas Stavy, Arcadi Volodos, le Quatuor Arod, l’Ensemble Sirba et la Compagnie La Tempête, mais il ne saurait y avoir de Festival de la Vézère sans «week-end opéra» au Saillant, durant lequel le site prend des allures de petit Glyndebourne corrézien. La venue des Anglais de Diva Opera était d’autant plus attendue cette année qu’en 2020, ils ont été empêchés d’y présenter comme de coutume leurs plus récentes productions, leur activité n’ayant repris que voici quelques semaines.


A la différence de Carmen, Don Giovanni (1787) – un «trio des masques» pour des spectateurs non moins masqués – n’est donné qu’à une seule reprise, le samedi, dans l’ancienne grange du château, qui accueille une nouvelle fois ce qui est sans doute la plus petite scène d’opéra du monde. La taille est cependant sans commune mesure avec les ambitions du spectacle, qui inclut même un surtitrage, bien que la scénographie soit nécessairement minimaliste, le seul faste – table, chaises, chandelier – étant réservé au souper final. Certes, les costumes – robes et manteaux longs, capes, gilets, bottes et chapeaux, rien ne manque – ne cultivent pas davantage l’originalité que la mise en scène de Cameron Menzies. Son travail paraît moins entravé par les contraintes liées au format – il ne tire même pas parti des différents accès au plateau, limitant tous les déplacements côté jardin – que par une grande prudence face à un tel monument du répertoire lyrique. Mais prudence est mère de sûreté, tant il est facile d’échouer dans cette œuvre, et l’équilibre entre le dramma et le giocoso se révèle tout à fait satisfaisant. On relèvera toutefois que le Commandeur ne passe pas une soirée très confortable: après avoir suscité les sourires du public lorsqu’il se relève pour gagner les coulisses à l’issue du duo entre Anna et Ottavio, il est contraint, debout et immobile, de feindre une statue sur son piédestal pendant tout le duo entre Don Giovanni et Leporello au cours duquel l’invitation à dîner est lancée. Quant à Ottavio, il se retrouve curieusement seul pour une grande partie de son air «Il mio tesoro».


Pour ce qui est de la musique, la partition subit quelques aménagements: on peut sans doute comprendre que l’Ouverture soit (fortement) abrégée et que les rares chœurs soient confiés aux solistes (chœur des paysans au premier acte, chœur infernal à la fin du second acte) ou bien purement et simplement supprimés (finale du premier acte); on peut également admettre qu’un air comme «Dalla sua pace», qui ne figurait pas dans la première version, ait été omis ou, dans le même ordre d’idées, que certains récitatifs disparaissent et qu’on passe directement de la mort du libertin à la morale de l’histoire («Questo è il fin»), en retranchant donc l’essentiel du sextuor conclusif; en revanche, on voit mal pourquoi les airs de Don Giovanni («Metà di voi qua vadano») et de Leporello («Ah, pietà, signori miei!») au second acte ont été coupés. Mais comment ne pas saluer l’énergie et l’implication de l’infatigable Bryan Evans, directeur musical de cette entreprise, qui se démultiplie pendant deux heures et demie quasiment sans interruption (et sans quitter son masque) pour tenter de restituer l’orchestre mozartien et pour se substituer au continuo des récitatifs?


Matthew Durkan campe un Don Giovanni vocalement satisfaisant, un peu las et terne, plus goujat que flamboyant, plus méchant homme que grand seigneur. A ses côtés, Matthew Hargreaves est un Leporello de premier ordre, très sûr, à la voix bien posée, et sans excès de bouffonneries. En Commandeur, Richard Mitham fait valoir le grave de sa tessiture. On n’en dira hélas pas autant d’un Ottavio falot, comme l’est certes trop souvent le personnage, mais surtout fatigué, au timbre et à la justesse d’une grande irrégularité. Gabriella Cassidy et Susanna Fairbairn affrontent avec des bonheurs divers les rôles périlleux d’Anna et Elvira: la première avec les honneurs, la seconde non sans difficultés, sachant convaincre par sa vindicte mais souffrant d’aigus acides et de dérapages incontrôlés. En revanche, Faustine de Monès (Zerlina) et Meilir Jones (Masetto) montrent des capacités très largement supérieures à celles exigées par leurs parties respectives: sans nul doute des noms à retenir. Diva Opera confirme ainsi son talent pour composer des distributions globalement d’excellente qualité dans lesquelles les jeunes chanteurs tiennent une place importante et qui recèlent parfois de véritables pépites.


Le site du Festival de la Vézère
Le site de Diva Opera
Le site de Susanna Fairbairn
Le site de Faustine de Monès



Simon Corley

 

 

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