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Tout en raffinement Montpellier Le Corum (Opéra Berlioz) 07/19/2021 - Camille Saint-Saëns : Phaëton, opus 39 – Le Rouet d’Omphale, opus 31 – Concerto pour violoncelle n° 2 en ré mineur, opus 119 – La Jeunesse d’Hercule, opus 50 – Danse macabre, opus 40 Sol Gabetta (violoncelle)
Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)
F.-X. Roth (© François Sechet)
On sait pouvoir compter sur le Festival Radio France Occitanie Montpellier pour continuer à explorer le répertoire dans toute sa diversité: le centième anniversaire de la mort de Camille Saint-Saëns (1835-1921) est ainsi l’occasion de sortir des sentiers battus avec pas moins de cinq concerts en deux jours, dont le tout premier principalement dédié à ses poèmes symphoniques. Le concert débute avec Phaëton (1877), qui rappelle l’influence de son ami Franz Liszt (créateur du poème symphonique) par la primauté donnée à l’ivresse mélodique, ici solidement charpentée en un crescendo dramatique irrésistible: l’apaisement soudain permet à Saint-Saëns de reprendre le thème principal en un climax inoubliable, qui parcourt toutes les cordes vers les graves avant de s’éteindre en un magma impalpable. Particulièrement attentif à la narration, François-Xavier Roth avance en un élan virevoltant, donnant une légèreté bondissante à l’ensemble, tout en faisant ressortir d’admirables couleurs, aux cuivres notamment.
Moins roboratif, Le Rouet d’Omphale (1872) laisse entrevoir toute l’admiration de Saint-Saëns pour Wagner en son début évocateur où la forêt semble s’éveiller à un jaillissement de vitalité: Roth fait valoir toute sa subtilité dans l’allégement des textures et la capacité à faire ressortir le moindre détail insolite. Après les premiers nuages sombres, la fin pianissimo est un régal de maîtrise, sans aucun maniérisme. L’incontestable événement de la soirée vient toutefois de la présence de Sol Gabetta, qui illumine de son engagement le rare Second Concerto pour violoncelle (1905), avec une profondeur d’expression dans les phrasés qui donne beaucoup d’intensité à chacune de ses interventions. A ses côtés, Roth est attentif à ne jamais l’étouffer, offrant des attaques franches et des couleurs superbes à cette œuvre parfois déroutante dans ses brusques changements de climat. Entièrement acquis à sa cause, les musiciens font corps avec le chef pour épouser sa vision contrastée: le deuxième mouvement, comme suspendu dans les airs, est un délice de raffinement. En bis, les interprètes font entendre le deuxième mouvement du Premier Concerto, de forme moins libre.
Après l’entracte, le méconnu poème symphonique La Jeunesse d’Hercule (1877) ne fait pas entendre le meilleur Saint-Saëns, en panne d’inspiration mélodique et tentant de coller maladroitement des éléments disparates. La science de l’orchestre de Roth ne peut pas faire grand-chose pour améliorer l’ensemble, notamment l’interminable final. On retrouve des rivages plus familiers avec la Danse macabre (1875), l’un des plus fameux «tubes» du compositeur, dont plusieurs passages en crescendo annoncent la Troisième Symphonie. Entre rebond rythmique et superbes pianissimi (encore une fois!), Roth avance sans temps mort, pour le plus grand bonheur du public. En bis, la Bacchanale de Samson et Dalila vient nous rappeler combien Saint-Saëns aurait gagné à oser incorporer davantage d’emprunts aux musiques découvertes lors de ses nombreux voyages, à l’instar du tourbillon ébouriffant de cette pièce conclusive.
Florent Coudeyrat
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