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Lutoslawski à l'honneur

Paris
Maison de Radio France
01/18/2002 -  

Witold Lutoslawski : Chantefleurs et chantefables - Concerto pour piano - Symphonie n° 3



Ruth Ziesak (soprano), Lars Vogt (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)

Les trois œuvres de Witold Lutoslawski (1913-1994) données à l’auditorium Olivier-Messiaen constituaient une luxueuse soirée d’ouverture au week-end de sept concerts gratuits proposés par Radio France sur le thème « Figures de poésie ».


Revendiquant ostensiblement la tradition du grand concerto virtuose du XIXème siècle, un peu à la manière de celui de Schönberg, le Concerto pour piano (1988) avait été destiné à Krystian Zimerman. Romantique jusque dans sa technique pianistique, il comprend quatre mouvements enchaînés : introduction, scherzo, mouvement lent, passacaille (cette dernière forme ayant déjà été exploitée dans son Concerto pour orchestre). Lars Vogt domine la partition avec une aisance impressionnante. Sa puissance lui permet de « passer » l’orchestre sans difficultés, mais il ne se contente pas de cogner, tout particulièrement dans la méditative troisième section de ce concerto.


Ainsi que le rappelle l’excellente notice confectionnée par Bruno Serrou pour ce concert, Lutoslawski a toujours eu une prédilection pour la poésie française. Avec Chantefleurs et chantefables (1990), il met en musique Robert Desnos pour la seconde fois, confiant ces miniatures farfelues à une soprano accompagnée avec une grande finesse par un orchestre de chambre d’un peu moins de quarante musiciens. Ruth Ziesak possède la voix à la fois cristalline et piquante, ductile et juste, qu’appelle ce redoutable cycle de neuf mélodies. Sa diction est très satisfaisante, même si l’accent laisse, ici ou là, à désirer.


La Troisième symphonie (1983) avait été écrite pour Georg Solti et l’Orchestre symphonique de Chicago. Les dédicataires ont été comblés, car la virtuosité de la partition est telle qu’on se trouve souvent dans l’esprit d’un concerto pour orchestre : personne n’a été oublié, jusqu’au tuba ou la contrebasse solo. Si fragmentaire soit-il, le discours va cependant toujours de l’avant, faisant alterner écriture traditionnelle et moments semi-improvisés, selon une constante du style de Lutoslawski depuis le début des années 1960. Dans cette œuvre qui exige à la fois rigueur et sens rhapsodique, Myung-Whun Chung est on ne peut mieux dans son élément et chauffe à blanc l’excellent Orchestre philharmonique de Radio France.




Simon Corley

 

 

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