About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Arcadi Volodos ou le romantisme des profondeurs

Paris
Philharmonie
06/14/2021 -  
Franz Schubert: Sonate pour piano en sol «Fantaisie», D. 894
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 118

Arcadi Volodos (piano)


A. Volodos (© Marco Borggreve)


Une Sonate ? plutôt une Wanderung introspective, une mélodie de timbres aussi, avec une beauté du son et une profondeur du toucher dont lui seul a le secret. Le début de la Sonate en sol majeur de Schubert a quelque chose d’hypnotique, notamment par la lenteur du tempo. Mais ce Schubert-là a aussi ses accès de fièvre, où le clavier dégage une puissance sans dureté, comme si la partition n’était qu’un incessant conflit entre l’ombre et la lumière. Lecture très unitaire, les quatre mouvements semblant n’en faire qu’un. Arcadi Volodos, pourtant, invente l’instant plus qu’il ne construit la durée, loin de toute dialectique beethovénienne dans le Molto moderato e cantabile initial – l’anti-Brendel, en somme. Un Schubert annexé au romantisme des profondeurs, qui est journal intime, plongée au plus profond de l’âme – c’est à peine si le Menuet ramène les fantômes de l’Andante à une réalité beaucoup moins viennoise que chez d’autres, alors que l’Allegretto final, qu’on entend souvent plus extraverti, plus populaire et plus dansant, se fera l’écho de voix intérieures.


Ce fascinant Schubert s’enchaîne presque naturellement avec le Brahms des Klavierstücke opus 118, où le romantisme allemand jette ses derniers feux pianistiques, entre nostalgie automnale et sursauts de passion. Les déferlements du premier Intermezzo témoignent d’une maîtrise absolue du clavier, avant que le suivant confirme l’éventail presque infini des nuances et des couleurs, comme le début du dernier, où la musique confine au silence, puis fait sonner un véritable orchestre, dont la Sonate de Schubert avait déjà dévoilé la richesse. A-t-on jamais entendu, également, Romance aussi subtilement poétique ?


Bis généreux, selon l’habitude du pianiste russe, qui prolongent le récital – et l’émerveillement : premier des Intermezzi opus 117 Brahms, Andantino de la grande Sonate en la majeur de Schubert, suspendus dans l’infini de la magie sonore, où l’on se demande de nouveau comment le clavier peut émettre de tels pianissimi, Menuet en la majeur de Schubert encore.


Jauge réduite pour les raisons que l’on sait. Le programme l’a d’ailleurs été aussi, amputé de la Sonate en fa dièse mineur de Clementi . Mais Schubert et Brahms se suffisaient à eux-mêmes.


Le site d’Arcadi Volodos



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com