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Bons et loyaux services München Nationaltheater 06/16/2021 - et 19, 22 juin 2021 Giuseppe Verdi: La traviata Ailyn Pérez (Violetta Valéry), Daria Proszek (Flora Bervoix), Yajie Zhang (Annina), Liparit Avetisyan (Alfredo Germont), Plácido Domingo*/George Petean (Giorgio Germont), Caspar Singh (Gaston), Milan Siljanov (Baron Douphol), Andrew Hamilton (Marquis d’Obigny), Bálint Szabó (Doktor Grenvil), George Vîrban (Giuseppe), Theodore Platt (Un serviteur), Christian Valle (Un jardinier)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Keri-Lynn Wilson (direction)
Günter Krämer (mise en scène), Andreas Reinhardt (décors), Carlo Diappi (costumes), Wolfgang Göbbel (lumières)
L’Opéra d’Etat de Bavière se trouve dans une période assez classique comme chaque année de transition entre les productions de l’année et le festival de fin de saison, avec environ une quinzaine d’opéras, et pas des moindres, et plusieurs nouvelles productions. L’utilisation de productions bien classiques comme cette Traviata, qui avait été à l’époque créée pour Julia Varady, et la présence d’une vedette viennent à point pour satisfaire les amateurs de chant et laisser de la place pour les répétitions en cours. En 2003, ConcertoNet avait déjà pu voir cette production un peu « minimaliste ». Même si nous avions été enchantés par une jeune soprano russe dont on commençait un peu à parler..., la mise en scène ressemblait plus à un concert en costumes. Il est possible qu’il y ait eu une conception à l’époque de la création mais ce qui nous est présenté est très mince et comme hier, nous nous étions demandé si cette représentation avait fait l’objet du même soin que pour d’autres œuvres.
Il est difficile de ne pas se poser la même question durant le premier acte. Les deux principaux, malgré leur qualités intrinsèques, sont un peu nerveux et commettent quelques petites (et très compréhensibles) erreurs de texte. Le chœur, d’habitude très solide, manque un peu de volume. Quelque chose ne marche juste pas...
Le deuxième acte est très différent. Peut-être faut-il y voir la présence pour une seule soirée de Plácido Domingo, qui galvanise les musiciens, ou bien cette partie a-t-elle été davantage répétée, le fait est que l’ensemble prend une dimension toute différente. Beaucoup de lignes ont été écrites sur les prestations du ténor espagnol, qui explore le répertoire des barytons. Le timbre reste très clair et ténoral et le registre bas n’a bien évidemment pas les couleurs attendues. Mais la qualité du phrasé et l’intensité, qui ont toujours été une des marques de cet immense artiste, sont toujours là. Domingo a un âge où fondamentalement, on se demande à chaque fois s’il va pouvoir ne serait-ce que remplir sa partie mais plus d’une fois, la magie opère et on se laisse porter par l’œuvre et le chant.
A ses côtés, Liparit Avetisyan est un ténor plus classique au timbre clair qui est bien à sa place. Mais il est encore jeune et l’expérience lui permettra surement dans le futur de raffiner son phrasé et approfondir la conception de ces rôles. Ailyn Pérez possède de très réelles qualités. La voix est ample avec un superbe registre dans les hautes notes. L’air du troisième acte «Addio del passato» est émouvant et son la final pianissimo est à encadrer. Au pupitre, la direction de Keri-Lynn Wilson est sérieuse mais manque un peu de personnalité.
La saison suivante de l’Opéra de Bavière a été annoncée par sa nouvelle équipe composée de Serge Dorny et Vladimir Jurowski. Le programme est très ambitieux, avec onze nouvelles productions sortant des sentiers battus et avec la présence d’artistes modernes. Il y aura une trentaine de reprises, dont cette Traviata tout comme La Flûte enchantée dans la conception d’August Everding ou La Cenerentola dans celle de Jean-Pierre Ponnelle, mais ces deux productions qui ont au moins quarante ans de bons et loyaux services ont mieux vieilli et rendent plus justice aux œuvres. Sans doute faudrait-il un jour penser à la renouveler ?
Antoine Lévy-Leboyer
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