About us / Contact

The Classical Music Network

Madrid

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une soirée polonaise et italienne

Madrid
Teatro Real
05/01/2021 -  
Airs et pages orchestrales de Stanislaw Moniuszko, Umberto Giordano, Wladyslaw Zelenski, Pietro Mascagni, Ignacy Paderewski, Giacomo Puccini, Feliks Nowowiejski et Mikhaïl Glinka
Piotr Beczala (ténor)
Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Lukasz Borowicz (direction)


P. Beczala (© Johannes Ifkovits)


Un récital extraordinaire, à tous les sens du terme, du ténor polonais Piotr Beczala, lyrique et parfois excellent dans les rôles de ténor léger (Lenski, personnage très souvent plus léger que lyrique), mais avec aussi des graves inhabituels pour un ténor de ce genre, une très belle couleur et des aigus puissants, le tout avec un centre où se développe son penchant expressif, d’acteur. Il chante, bien sûr, des rôles verdiens (Alfredo, le Duc, Riccardo), mozartiens (Don Ottavio, Tamino); il a chanté Wagner (Lohengrin) à Dresde et Bayreuth, avec Thielemann dans la fosse; et il a excellé dans les rôles italiens et français de la fin du XIXe siècle. Il nous en a donné pendant cette soirée de beaux échantillons, comme on va le voir.


Beczala a déployé un récital dans le récital avec des airs d’opéras polonais (Halka et Le Manoir hanté de Moniuszko, assurément, mais aussi Janek de Zelenski et La Légende de la Baltique de Nowowiejski); l’autre partie était italienne, de ce qu’on peut considérer vérisme, et que Puccini nous pardonne: Andrea Chénier (Giordano), Cavalleria rusticana (Mascagni), Manon Lescaut et Turandot (Puccini). Un concert dont le programme était court, un peu plus d’une heure de musique avec une pause de trente minutes; mais les bis ont compensé la prudence exigée par les circonstances: pas moins de quatre, pour un public enflammé: l’Adieu à la vie de Tosca, l’air de Loris de Fedora, «La fleur que tu m’avais jetée» de Carmen et une très belle chanson polonaise presque chuchotée.


Beczala a été accompagné par l’Orchestre du Teatro Real, dirigée cette fois-ci par Lukasz Borowicz (né en 1977), doté d’un grand niveau artistique, d’une déjà longue expérience et d’une grande carrière internationale. Borowicz, avec l’orchestre, a excellé dans l’Intermezzo de Cavalleria, dans l’Ouverture de Halka, dans un très beau Nocturne de Paderewski, le pianiste, compositeur et homme politique polonais; et, finalement, dans la seule et spectaculaire page russe de la soirée, l’Ouverture de Rouslan et Ludmila (Glinka). De Borowicz, comme chef d’opéra polonais, on peut signaler les enregistrements, parmi beaucoup d’autres, de Monbar d’Ignacy Feliks Dobrzynski, de Maria de Roman Statkowski ou de l’opéra pour la radio L’Aventure du Roi Arthur de Grazyna Bacewicz. En 2013, j’ai eu la chance d’entendre (et voir) sa version de concert de la version originale de Simon Boccanegra à la Philharmonie de Varsovie (Festival Beethoven); il y en a un enregistrement.


L’Orchestre du Teatro Real, habituée, comme tous les orchestres du monde, à s’ «italianiser», a su admirablement se «poloniser» sous la direction de Borowicz. Un récital inattendu dans des temps comme les nôtres, un succès formidable surtout pour le ténor, mais soutenu par un orchestre et un chef de son niveau artistique.


Peut-être un jour le Teatro Real envisagera la (co) production d’un des opéras de Moniuszko, rarement mis en scène hors de Pologne, hélas. J’imagine que les artistes polonais seraient enchantés. La culture polonaise vit un moment splendide: il faut éviter la confusion entre les élites artistiques et les politiques.


Le site de Piotr Beczala
Le site de Lukasz Borowicz



Santiago Martín Bermúdez

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com