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Un Bruckner d’enfer

Monaco
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
01/10/2021 -  
Robert Schumann : Concerto pour violon en ré mineur
Anton Bruckner : Symphonie n°9

Frank Peter Zimmermann (violon)
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)


F. P. Zimmermann, K. Yamada
(© Direction de la Communication/Manuel Vitali)



Monaco a ses privilèges. Parmi ceux-ci, le droit d’assister aux concerts. Prise de température à l’entrée, port du masque, gel hydroalcoolique, installation un siège sur deux, et vous voilà prêt à entendre le Concerto pour violon de Schumann par Frank Peter Zimmermann et la Neuvième Symphonie de Bruckner dirigée par Kazuki Yamada!


Au-devant de la scène, une rose blanche avait été posée sur un support recouvert d’un drap noir. Le premier concert de l’année du Philharmonique de Monte-Carlo était dédié à la mémoire du chef d’orchestre Yakov Kreizberg, mort il y a dix ans. Ce chef, fauché par la maladie en pleine jeunesse, à l’orée d’une carrière qui s’annonçait éblouissante, fut de 2009 à 2011 le directeur de l’orchestre monégasque. On ne l’a pas oublié. Il avait conquis l’admiration unanime des musiciens et du public. La salle de l’Auditorium de Monaco porte son nom.


Le concerto de Schumann, influencé par les tourments des tristes dernières années de la vie de son compositeur, n’a pas la faveur des concertistes. Ils ne le trouvent pas assez brillant pour soulever les publics. Le grand violoniste allemand Frank Peter Zimmermann, qui n’est pas à la recherche des ovations faciles, s’est investi dans cette œuvre lourde de sens. Il nous l’a présentée, d’un jeu sûr et inspiré. On l’a admiré.


Le grand moment du concert fut néanmoins la Neuvième Symphonie de Bruckner. Cette œuvre ultime de son auteur est dédiée «au bon Dieu». Le thème principal de son troisième mouvement est appelé «Adieu à la vie».


Pouvait-on s’attendre à ce qu’un orchestre méditerranéen dirigé par un chef japonais s’approprie cette cathédrale musicale germanique d’une aussi bouleversante façon? On en a été tout retourné. Ce fut la grande surprise de ce début d’année. On a eu droit – si l’on peut s’exprimer ainsi à propos d’une œuvre aussi religieuse – à un Bruckner d’enfer!


On a été ébloui par la performance de Kazuki Yamada. Ce chef est allé chercher au fond de sa partition et de son orchestre tout ce que cette musique recèle de puissance, d’élans, de mystère, de spiritualité. Tout Bruckner était là dans la houle des cordes, l’éclat des cuivres, le tonnerre des timbales, la rondeur des phrases, l’équilibre des masses sonores.


Kazuki Yamada est depuis plusieurs années installé sur la scène internationale. Avec une telle interprétation, il s’y impose incontestablement. A la fin du concert, il s’inclina longuement devant la rose blanche. Il est digne de prendre en relais la grande carrière inachevée de celui-ci dont cette fleur était le symbole. Ainsi, cette rose ne fanera-t-elle pas de sitôt...



André Peyrègne

 

 

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