About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le Gergiev des grands jours

Paris
Philharmonie
10/04/2020 -  
Modeste Moussorgski : La Khovanchtchina
Yulia Matochkina (Marfa), Yevgeny Akimov (Prince Andrei Khovansky), Mikhail Petrenko (Prince Ivan Khovansky), Evgeny Nikitin (Shaklovity), Oleg Videman (Prince Vasily Golitzin), Stanislav Trofimov (Dossifeï), Larisa Gogolevskaya (Susanna), Violetta Lukyanenko (Emma), Efim Zavalny (Le clerc), Andrei Popov (Le scribe), Anton Khalansky (Kuzka), Alexander Nikitin (Streshnev), Grigory Karasev, Yuri Vlasov (Streltsy), Oleg Losev (Minion), Ilia Mazurov (Varsonofiev)
Orchestre et Chœur du Mariinsky, Konstantin Rylov (chef de chœur), Orchestre du Mariinsky, Valery Gergiev (direction)


M. Petrenko (© Alexandra Bodrova)


Les Saisons russes en France, grand cycle de manifestations qui aurait dû jalonner l’année 2020, ont-elles aussi subi le Covid. La Khovanchtchina produite par le Théâtre Mariinsky vient heureusement d’y échapper et d’enchanter la Philharmonie. Valery Gergiev peut donner le pire ou le meilleur : c’est le meilleur qu’il a donné dimanche après-midi. Est-ce la réduction, presque chambriste, de l’effectif orchestral et choral ? Souvent porté sur la démonstration, on a entendu le chef ossète concentré, raffiné, offrant une vision presque intimiste de l’opéra historique de Moussorgski, où les Vieux-Croyants, comme les streltsy, sont emportés par le vent de l’Histoire : les premiers s’immoleront par le feu, Khovanski, le chef des seconds, sera assassiné – et le prince Golytisne perdra dans l’exil le protection de la tsarine. Il est vrai que Valery Gergiev, fidèle à la longue version Chostakovitch, entretient depuis des décennies une intimité avec l’œuvre – son enregistrement Philips date de 1991. La vision a mûri, s’est approfondie, assombrie aussi, épousant la dimension tragique du destin des protagonistes et de la Russie. L’orchestre est magnifique, notamment les cordes, le chœur superbe, avec des sopranos capables de pianissimi de rêve dans l’aigu.


La qualité des voix du Mariinsky impressionne. Mikhail Petrenko campe un Khovanski conspirateur plein de morgue arrogante, mais d’une tenue vocale impeccable, notamment quand il montre, à la fin du troisième acte, toute sa fragilité. On peut en dire autant du Shaklovity de Yevgeni Nikitin , pas moins imposant, d’une effrayante noirceur au début, puis, au troisième acte aussi, d’une grande noblesse lorsqu’il prie pour le salut de la Russie. Troisième grande clé de fa de l’œuvre, le Dosifei de Stanislav Trofimov irradie en vieux croyant illuminé, au phrasé de violoncelle orant, à la fois implacable et doux. On ne saurait dire, des trois, qui a le plus beau timbre. Une Khovanchtchina réussie ne dépend pas moins de la figure sacrificielle de Marfa : Yulia Matochkina a dans la voix la profondeur de la devineresse délaissée, même si le grave pourrait être plus nourri, avec un cantabile au galbe digne des plus grandes. Du Golytsine ambigu d’Oleg Videman, du Scribe parfait ténor de caractère d’Andrei Popov aux plus petits rôles, en passant par la Susanna haineuse de Larisa Gogolevskaya, tous sont parfaits, identifiés à leurs personnages.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com