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Retrouvailles triomphales

Oviedo
Claustro de la Universidad
07/30/2020 -  
Georg Friedrich Händel : Music for the Royal Fireworks, HWV 351
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 25 en sol mineur, K. 173dB [183]

Oviedo Filarmonía, Lucas Macías (direction)


(© Stéphane Guy)


On pouvait vraiment craindre que l’exécution de la Musique pour les feux d’artifice royaux (1749) de Georg Friedrich Händel (1685-1759) tourne à la catastrophe et connaisse un sort faisant penser à sa création où un incendie précéda l’effondrement des décors en raison de la pluie. En effet, après une journée caniculaire, ce sont des trombes d’eau qui s’abattirent sur Oviedo et si l’orage s’interrompit juste quelques minutes avant le concert, celui-ci, tenu dans le cloître classique de la vieille université dominé par la statue de son sinistre fondateur, Fernando de Valdès Salas, inquisiteur général et archevêque de Séville, se déroula sous un ciel tout aussi sinistre, constamment menaçant. La pluie ne reprit heureusement, et miraculeusement, qu’après le concert, préservant ainsi un moment autant attendu par les musiciens que le public, après cinq mois de silence.


Si les affiches encore présentes en ville continuaient d’annoncer les concerts de mars dernier, évidemment annulés comme partout, c’était en effet des retrouvailles pour les membres de l’orchestre Filarmonía et son public puisqu’il s’agissait de leur premier concert depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19.



(© Stéphane Guy)


L’ensemble orchestral devait cependant rester limité et les musiciens devaient se tenir à distance et masqués, sauf pour les vents naturellement. Le public devait pour sa part avoir rempli un formulaire avec noms, prénom, numéro de carte d’identité et de téléphone avant d’accéder au cloître, être également équipés de masques, comme partout à l’extérieur dans la Principauté des Asturies, pourtant région d’Espagne la moins infectée par le Coronavirus, et se tenir aussi à distance, la définition du mètre n’étant manifestement pas la même ici que de l’autre côté des Pyrénées, le résultat étant une assistance limitée à cent vingt personnes alors que le vaste cloître pouvait en accueillir bien plus en respectant le mètre.


L’interprétation de la première pièce fut des plus honorables, cordes bien tenues alors que nos souvenirs sont mitigés en la matière et cors exemplaires. On commençait la saison estivale en fanfare et la musique, conçue initialement pour l’extérieur, ne pâtit nullement du cadre du cloître comme on pouvait le craindre au vu des expériences passées.


Les cuivres furent nettement moins à l’aise dans la Vingt-cinquième Symphonie (1773) du jeune (dix-huit ans) Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). La prestation des quatre cors, aigres et pas toujours précis voire à l’unisson, contrastait singulièrement avec l’excellence des cordes, dont on ne pouvait que saluer le travail, évident. Le chef, un hautboïste espagnol s’étant tourné vers la direction d’orchestre et assumant celle de l’orchestre d’Oviedo depuis septembre 2019, sut donner du nerf à cette symphonie. Le troisième mouvement, Menuet délicat, fut peut-être le moins réussi, avec un duo entre hautbois et cor peu raccord et somme toute décevant mais l’unité de la symphonie fut heureusement préservée. On avait le sentiment d’être à la fois en présence d’une direction à la fois ferme et précise, sachant communiquer une belle énergie dans les mouvements extrêmes, sans débordements, jamais brouillonne, et de prestations individuelles pas toujours en adéquation avec ses attentes. On ne peut qu’espérer que Lucas Macías, ancien du Concertgebouw d’Amsterdam, continue de faire travailler avec cette même rigueur dans la direction les musiciens, démontrant ainsi qu’un chef espagnol peut fort bien diriger cet orchestre et faire oublier les chefs étrangers qui se sont succédé à un rythme assez rapide ces dernières années.


Ce petit concert d’une quarantaine de minutes, sans pause pour éviter les croisements de flux, constituait en tout cas une belle surprise, ô combien réconfortante, et il est heureux que les circonstances l’aient permis alors que les règles sanitaires espagnoles sont d’une façon générale beaucoup plus strictes que les françaises, et ce depuis le début de la crise.

Prochains concerts, tous les lundis et jeudis jusqu’au 27 août. Même orchestre local – l’heure n’étant pas à la circulation internationale des musiciens –, même chef, même lieu.


Le site de la Philharmonie d’Oviedo



Stéphane Guy

 

 

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