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Pour les voix

Berlin
Deutsche Oper
02/02/2020 -  et 9 février, 1er, 8* mars 2020
Giacomo Meyerbeer : Les Huguenots
Liv Redpath (Marguerite de Valois), Anton Rositskiy (Raoul de Nangis), Andrew Harris/Ante Jerkunica* (Marcel), Irene Roberts (Urbain), Seth Carico/Derek Welton* (Le Comte de Saint-Bris), Olesya Golovneva (Valentine de Saint-Bris), Dimitris Tiliakos (Le Comte de Nevers), Paul Kaufmann (Tavannes, Premier moine), Jörg Schörner (Cossé), Alexei Botnarciuc (Thoré, Maurevert), Padraic Rowan (Méru, Deuxième moine), Stephen Bronk (Retz, Troisième moine), Andrei Danilov (Bois-Rosé)
Chor der Deutschen Oper Berlin, Jeremy Bines (chef de chœur), Orchester der Deutschen Oper Berlin, Alexander Vedernikov (direction musicale)
David Alden (mise en scène), Giles Cadle (décors), Constance Hoffman (costumes), Adam Silverman (lumières), Marcel Leemann (chorégraphie)


(© Bettina Stöss)


Inauguré en 2014 pour fêter le cent cinquantième anniversaire de la disparition de Giacomo Meyerbeer (1791-1864), le cycle proposé par le Deutsche Oper de Berlin est repris cette année autour de plusieurs chefs-d’œuvre du maître berlinois, dont Les Huguenots (1836). Créée in loco en 2016, la production de David Alden n’est malheureusement pas son travail le plus abouti, tant l’illustration visuelle classieuse surclasse le fond – totalement incompréhensible dans sa transposition au temps de la IIIe République, y compris pour les bons connaisseurs de l’ouvrage. Le metteur en scène américain ne cherche en rien à démêler les ressorts politiques du grand opéra, préférant brouiller les pistes avec des costumes d’époques différentes (sans doute pour signifier le caractère intemporel de l’histoire), tout en minorant les frontières entre protestants et catholiques. Il en ressort des scènes étranges et cafouilleuses, notamment lorsque les deux camps sont réunis pour prier au début du III, contre toute attente. Si le parti pris de montrer une élite catholique décadente aux I et II peut se justifier par la mise en valeur des éléments comiques, Alden réduit par trop le livret aux seuls tourments individuels, faisant fit du massacre à venir. Les élégants chevaux blancs, plusieurs fois ressortis, ne semblent avoir aucun ressort dans l’action dramatique en dehors de leur beauté plastique, de même que ces inexplicables ninjas au III. Après les ratages récents à Paris et Genève, on ressort de ce spectacle avec le sentiment qu’il est bien difficile de réussir Les Huguenots, à Berlin comme ailleurs.


Fort heureusement, le plateau vocal, renouvelé par rapport à 2016, apporte plusieurs satisfactions, au premier rang desquelles le très investi Raoul d’Anton Rositskiy: son aigu rayonnant compense une voix que l’on pourrait aimer plus large sur le reste de la tessiture, sans parler de son interprétation déchirante, tout particulièrement dans le duo (sommet de la partition) avec Valentine au IV. Dans ce rôle, Olesya Golovneva s’impose par sa technique parfaite et son tempérament, brûlant les planches et recueillant logiquement une belle ovation. Liv Redpath n’est pas en reste avec un matériau plus opulent et opératique, très à l’aise dans les vocalises, tandis qu’Irene Roberts séduit tout autant dans le délicieux rôle d’Urbain, par sa rondeur et sa puissance maitrisée. Très applaudi, le Marcel d’Ante Jerkunica est plus problématique, tant son émission engorgée entache le style: l’impact vocal et la présence physique compensent quelque peu ces imperfections. Outre le superlatif Saint-Bris de Derek Welton, on se félicitera des chœurs locaux très engagés, de même que de la direction franche d’Alexander Vedernikov qui donne beaucoup de relief et de tension au drame. De quoi compenser les déceptions relatives à la mise en scène incohérente d’Alden.



Florent Coudeyrat

 

 

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