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Steve Reich et les apocalypses annoncées

Madrid
Naves Matadero (salle Fernando Arrabal)
03/05/2020 -  et 6*, 7 mars 2020
Three Tales
Steve Reich (musique), Beryl Korot (vidéo)
Synergy Vocals, Orquesta titular del Teatro Real, Nacho de Paz (direction musicale)
Norbert Ommer (opérateur son), Johannes Bernstein (opérateur vidéo)


N. de Paz


L’expérience de Steve Reich et Beryl Korot appelée Three Tales est bien connue des happy few. Three Tales est toujours un phénomène artistique important, toujours vivant: c’est essentiel pour une expérimentation «moderne», tant il y a de choses datées, périssables dans cette catégorie. Le Teatro Real a intégré dans ses productions le projet de Nacho de Paz pour Three Tales. Et les représentations ont eu lieu dans une des salles d’une sorte de cité des arts gérée par la mairie de Madrid et appelée «Naves del matadero», parce qu’elle a été construite sur le site des anciens abattoirs municipaux.


Le contenu de ces trois contes est bien connu: la catastrophe du dirigeable Hindenburg explosant dans le New Jersey en 1937; la bombe de l’atoll de Bikini, la préparation de la grande catastrophe; le mouton Dolly comme préparation de la grande déviance humaine. Trois exemples progressivement redoutables de l’orgueil humain. Ce sont trois vidéos de Beryl Korot, des projections, accompagnées de musique live, les trois partitions de Reich, avec son monde, son univers sonore minimaliste plus proche, semble-t-il, de John Adams que de Philip Glass. Une heure, un ensemble de chambre avec des sonorités parfois exotiques, un travail monstrueux de coordination et, en même temps, de sens dramatique.


Il ne s’agit pas d’un opéra, même si Reich le considère comme tel. Un opéra comprend une action dramatique, même mince, un conflit, une crise, une catastrophe ou un dénouement. Ce n’est pas ici le cas. On peut considérer les trois films comme l’exposition de conflits humains au temps du supposé progrès, dans lequel nous avons de moins en moins confiance. On peut imaginer les crises. On peut augurer la catastrophe. Est-ce qu’elle adviendra? Elle adviendra, certainement, et on voudrait se tromper, bien sûr, mais si elle survient un jour... la véritable question est: quand?


Nacho de Paz a animé ce projet sans répit et a finalement réussi à donner ces trois contes comme un beau spectacle plein de tension. Un ensemble vocal de très haut niveau (sopranos, mezzos, ténors, barytons), des musiciens de l’Orchestre du Teatro Real, la difficile coordination du chef et ses musiciens avec les images et les opérateurs du son et de ma vidéo (Norbert Ommer et Johannes Bernstein)... tout cela est nécessaire pour réussir dans un spectacle jusque maintenant inconnu chez nous. Le projet de Nacho de Paz a donc été un triomphe de la constance, mais aussi du talent, absolument nécessaire pour une aventure comme celle-ci. Ce n’est pas la même chose d’avoir une foi inébranlable dans un projet et de réussir ainsi dans sa mise en scène, en espace, en sons.


Nacho de Paz, pour sa part, sera en vedette comme chef, au Teatro Real, pour diriger la musique composée par Gottfried Huppertz pour le grand classique en deux parties de Fritz Lang, Les Nibelungen – à l’époque, la famille Wagner n’a pas donné l’autorisation d’utiliser la musique du Ring. Cela s’inscrira, tout comme Three Tales (Reich fait citations du thème du Nibelheim), parmi les projets parallèles à La Walkyrie présentée par ailleurs dans ce même théâtre (voir ici).


NB: Ne pas confondre Three Tales avec l’opéra Trois Contes de Gérard Pesson, dont la première a été donnée l’année dernière à Liège. En effet, ces trois autres contes – Andersen, Poe, Foschini – sont très différents.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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