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Merci Bruxelles La Monnaie 12/23/2001 - et les 11, 13, 15, 18, 21, 26, 28 et 30 Décembre 2001 Richard Strauss: Der Rosenkavalier Kristine Jepson (Octavian), Günter Von Kannen* (Der Baron Ochs auf Lerchenau), Felicity Lott (Die Feldmarschallin Fürstin Werdenberg), Camilla Tilling (Sophie von Faninal), Juha Kotilainen (Herr von Faninal), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Valzacchi), Mette Ejsing (Annina), Ingrid Habermann (Jungfer Marianne Leitmetzerin), Piotr Beczala (Ein italienischer Sänger), Chris De Moor (Ein Polizeikommissar), Herwig Pecoraro (Ein Wirt), Giovanni Iovino (Der Haushofmeister bei der Feldmarschallin), Marc Coulon (Der Haushofmeister bei Faninal), Gérard Lavalle (Ein Notar), Rosa Brandao, Chantal Collins, Elzbieta Janulek (drei adelige Weisen), Christian Serré (Ein Hausknecht), Maryvonne Deprez (Eine Modistin), Pieter Niemann (Ein Tierhandler), Hans Leether, Damien Parmentier, Jean-Marc Galoche, Pascal Macou (Vier Lakeien der Marschallin), Brian Aarons, Bernard Villiers, Bernard Giovani, René Laryea (Vier Kellner), Hervé Piron (Leopold), Morgan Oni (Mohamed), Christof Loy (Mise en scène), Herbert Murauer (Décors et Costumes), Hanns-Joachim Haas (Lumières), Denis Meunier & Benoît Giaux (Chefs du Chœur d’enfants), Renato Balsadonna (Chef des Chœurs), Chœurs et Chœur d’enfants de la Monnaie, Orchestre Symphonique de la Monnaie, Antonio Pappano (Direction musicale) *remplacé par Kurt Link (15, 18 décembre), Oddbjorn Tennford (26 décembre, acte 3), Kurt Rydl (28, 30 décembre) Nouvelle Production du Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles
Il est de ces représentations rarissimes où aucun mot ne pourra exprimer le plaisir apporté par une si proche atteinte à la perfection. C’est le cas de ce Rosenkavalier offert par la Monnaie dont on ressort à la fois joyeux et enivré, tout en étant déjà nostalgique de ce moment faisant déjà partie du passé. Avec un pincement au cœur l’on se demande si l’occasion se représentera de réentendre l’incomparable Maréchale de Felicity Lott dans des conditions aussi idéales sur le plan artistique et dans un théâtre qui lui convient aussi bien(certainement pas à Vienne la routinière ni à Bastille avec son acoustique ingrate). C’est déjà à la Monnaie que Felicity Lott aborda ce rôle pour la première fois il y a quinze ans et elle n’y était jamais revenue pour une production scénique. Les années passées n’ont fait qu’améliorer une caractérisation admirable ne cédant à aucune routine, faisant coexister intelligence et sincérité sans parler d’une aisance vocale rare s’appuyant sur un allemand parfait. Mais bien sûr, une Maréchale aussi parfaite soit-elle ne fait pas un Rosenkavalier, même si c’est le personnage le plus attachant. A aucun moment Felicity Lott n’éclipse ses partenaires qui se montrent presque tous à la hauteur de leur tâche, à commencer par Kristine Jepson, irrésistible Octavian, solide vocalement sur toute la tessiture de ce rôle très exigeant. Cette mezzo-soprano, à l’aigu facile, que l’on avait déjà pu remarquer lors de la dernière reprise de Faust à l’Opéra-Bastille en Siebel promet beaucoup. Il en est de même pour Camilla Tilling, dont la voix très colorée nous change des timbres un peu fades que l’on rencontre trop souvent en Sophie qu’elle caractérise par ailleurs avec beaucoup de personnalité. A ce trio de rêve (qui permet un finale à donner le frisson) s’oppose l’Ochs bien rôdé et pourtant évitant toute routine de Günter Von Kannen, déjà apprécié la saison dernière en La Roche au Théâtre des Champs-Elysées. Les rôles secondaires, si importants dans cette œuvre, font merveille à l’exception du Polizeikommissar rocailleux de Chris De Moor, en particulier Juha Kotilainen, exubérant Faninal, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke et Mette Ejsing (celle-ci au volume vocal impressionnant), intriguants efficaces sans oublier le solide Chanteur Italien de Piotr Beczala. Tous ces interprètes ont pu bénéficier d’une direction remarquablement fouillée et attentive au moindre détail du metteur en scène Christof Loy qui, contrairement aux apparences, respecte l’esprit, sinon les indications précises, d’Hugo von Hofmannstahl et de Richard Strauss, réussissant à trouver la marge de manœuvre adéquate pour ne pas se contenter d’illustrer platement l’œuvre sans pour autant la trahir. Aidé en cela par son décorateur et costumier Herbert Murauer, il joue la carte de la tradition apparente éclairée par un regard moderne. Le miracle continue dans la fosse où Antonio Pappano nous offre peut-être sa plus belle direction à la Monnaie. Ce qui frappe avant tout, c’est la souplesse qu’il obtient de son orchestre ; on apprécie les contrastes saisissants entre les différentes scènes, la sensualité aussi assumée, des tempi réfléchis et convaincants. Une représentation inoubliable.
Christophe Vetter
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