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Ivi comincia l'estasi d'un immortale amor.

Toulouse
Halle aux Grains
12/20/2001 -  
Arcangelo Corelli : Concerto per la notte di Natale
Antonio Vivaldi : Concerto per archi in re minore
Wolfgang-Amadeus Mozart : Eine kleine Nachtmusik
Antonio Vivaldi : Le quattro stagioni

Orchestre National de Chambre de Toulouse
François-Marie Drieux (violon et direction)
David Grimal (violon et direction pour les Quatre Saisons).


Ultime concert de l'année 2001. L'Orchestre de Chambre a délaissé son audacieuse entreprise de "géopolitique musicale" pour une thématique élaborée autour de la Nativité. Il est vrai que Noël a inspiré de nombreux compositeurs, parmi lesquels - entre autres - Marc-Antoine Charpentier, Gabriel Pierné, Gian-Carlo Menotti (avec son irrésistible conte pastoral : Amalh ou les Visiteurs de la Nuit), jusqu'au récent El Nino de John Adams. Mais ce soir-là, rien de tel : "recentrage" sur des valeurs fermes : Corelli, Vivaldi et Mozart. Programme ultra-classique et sans surprise en apparence seulement : il régnait en ce 20 décembre une atmosphère étrange, indéfinissable, décalée avec l'esprit de Noël - censé célébrer la paix sur la terre, la non-violence, la fraternité universelle ; ce dans un monde kafkaïen qui a abjuré toute notion de raison et de compassion.


Et puis, pourquoi ne pas évoquer, ne fût-ce que furtivement, la crise interne que traverse actuellement l'ONCT - l'on ne s'y étendra pas ? Le fait est que les solistes arboraient des visages graves, figés, et même empreints de tristesse. Et manifestement, leur malaise palpable a imprégné l'ensemble des oeuvres, leur conférant une authenticité et une modernité insoupçonnées ; avec des cordes écorchées vives, à la "cinglance" glacée. Du coup, Corelli fut reçu presqu'aussi intensément que du Chostakovitch pur jus, celui de la Huitième Symphonie, impressionnant chant funèbre sur la souffrance humaine, strié de fulgurances chaotiques.


Le Concerto per archi, composition désabusée, amère, détachée de toute bassesse matérielle, revêt une parure hivernale, enneigée, floconneuse, qui penche vers la Suite dans le style ancien de Schnittke (donnée à Montpellier le 30 juillet dernier). Que ce soit dans ce Concerto ou dans la Kleine Nachtmusik de Mozart, c'est la même sensation délétère de désenchantement, de gaieté factice, de douleur continue qui domine chaque ensemble. Pour exorciser ses démons intérieurs, l'orchestre se lance frénétiquement dans les Quattro Stagioni. Sous l'impulsion de David Grimal, promu violoniste dansant - car il bouge, David ! ; comme un beau diable, un farfadet ou un lutin facétieux prêt à faire un sort à Vivaldi.


Jeu extraverti, anti-Moglia, virtuosité échevelée, gestique très appuyée : ce trublion du violon s'acharne à démontrer qu'avant lui, on n'a rien compris au génie de Vivaldi. Visionnaire, truffant pour qui sait les découvrir ses Quatre Saisons de subtiles et secrètes dissonances anticipant sur le deuxième courant de Vienne ! Parti pris qui, pour justifiable qu'il soit, peut irriter - ou emporter l'adhésion la plus totale¦ à l'image de Fabio Biondi. Le mérite de cette lecture peu conventionnelle est d'émonder cette oeuvre archi-jouée, mais grandiose, de sa "gnangnantise" coutumière. D'aucuns prétendront que David Grimal, Dark Fiddler, en fait trop, et récrit la partition en la dénaturant par des effets histrioniques bien gratuits.


A chacun sa vérité, comme disait Pirandello. Il n'est pas déplaisant de réviser parfois ses classiques ; en attendant impatiemment de continuer l'exploration, au cours de l'année 2002, de nouveaux territoires musicaux : tel est le message lumineux de l'ONCT. Une fenêtre ouverte sur l'infini des paysages sonores - mission qu'il serait dommage qu'il perdît.




Etienne Müller

 

 

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