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Thomas Lacôte perpétue l’excellence de l’école d’orgue française

Paris
Maison de la radio
02/09/2020 -  
Gérard Grisey: Accords perdus
Thomas Lacôte: The Fifth Hammer (*) – La Voix plus loin
Olivier Messiaen: Messe de la Pentecôte

David Guerrier, Hugues Viallon (cors), Thomas Lacôte, Karol Mossakowski (*) (orgue)


T. Lacôte



Compositeur, professeur d’analyse au CNSM de Paris et titulaire du grand orgue de l’église de la Trinité, tribune qui fut pendant soixante ans celle d’Olivier Messiaen, Thomas Lacôte (né en 1982) est aux commandes de l’orgue de l’auditorium de Radio France pour ce récital dominical donné dans le cadre du festival Présences. Récital dont la programmation, conçue à quatre mains avec George Benjamin, associait une œuvre pour deux cors de Gérard Grisey.


David Guerrier et Hugues Viallon se font face, chacun équipé d’un cor en fa, pour explorer «le son non tempéré et les multiples possibilités d’intonation naturelles de l’instrument», dixit Gérard Grisey (1946-1998) dans ses notes d’intention. En exploitant des phénomènes de fusion et de confrontation, des ébauches de canons à deux voix et d’articulation mélodique ou multiphonique, Accords perdus (1987) génère sa propre dramaturgie par-delà le rapport assez contraint au matériau qui fait de ses cinq mouvements autant d’études pour deux cors.


On retrouve nos deux musiciens, placés aux deux côtés opposés du premier balcon, dans La Voix plus loin (2019) où «les cors entrent dans le son de l’orgue comme le levain dans la pâte, pour une alchimie qui les transforme mutuellement» (Thomas Lacôte). Le sentiment est d’entendre un seul et même instrument tant le discours semble régi par des jeux mimétiques, avec des moments de stase riches en clusters. L’interaction des timbres opère à merveille grâce à la capacité d’écoute des deux cornistes, particulièrement sollicités dans le registre medium.


L’étude pour orgue à quatre mains The Fifth Hammer (2013) – allusion aux marteaux à l’origine de la théorie des consonances et de l’harmonie conçue par Pythagore – a été pensée pour le grand Cavaillé-Coll de l’église de la Trinité, dont elle exploite l’étendue des registrations. Le compositeur s’emploie à conjurer le souffle «artificiel» de l’orgue en modulant le son comme le ferait un musicien avec sa bouche. Preuve en sont les panneaux de bois situés en tribune s’ouvrant et se refermant comme les branchies d’un gros squale; et l’orgue, actionné par Thomas Lacôte et Karol Mossakowski, de respirer et prendre vie sous nos yeux... et nos oreilles.


La Messe de la Pentecôte (1950), dont Olivier Messiaen (1908-1992) disait qu’elle était le «résumé de toutes [s]es improvisations réunies», aura rarement sonné de façon aussi moderne: on y perçoit déjà le très formel et avant-gardiste Livre d’orgue (1951). L’acoustique naturellement sèche de l’auditorium (quand celle d’une église dispense un halo moelleux), la mécanique ciselée et l’éventail de registrations moins évocateur qu’à la Trinité en sont certes la raison principale, mais le jeu de Thomas Lacôte (lui-même improvisateur) donne à entendre avec beaucoup d’acuité la richesse de la combinatoire rythmique et la superposition des différents chants d’oiseaux grâce à une infaillible interdépendance des deux mains. A entendre et à voir: d’ordinaire soustrait au regard, le musicien officie ici sur scène le dos au public, lequel peut apprécier sa virtuosité digitale (sur les quatre claviers disposés en escalier) et pédestre (partie de pédalier), notamment dans la grisante Sortie («Le Vent de l’Esprit»).


Le site de Thomas Lacôte



Jérémie Bigorie

 

 

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