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London
Barbican Hall
12/05/1999 -  et 8, 11* décembre 1999
Hector Berlioz : Benvenuto Cellini (version de concert)
Giuseppe Sabbatini (Benvenuto Cellini), Elisabeth Futral (Teresa), Robert Lloyd (Balducci), Laurent Naouri (Fieramosca), Bülent Bezdüz (Francesco), Isabelle Cals (Ascanio), Richard Whitehouse (Pompeo), Orlin Anastassov (Pape Clément VII), Fernand Bernadi (Bernardino), John Dobson (cabaretier).
London Symphony Chorus, London Symphony Orchestra, Sir Colin Davis (direction)

Benvenuto Cellini ouvre la Berlioz Odyssey entreprise par Sir Colin Davis à la tête du London Symphony Orchestra et dont le point d’orgue sera Les Troyens en décembre 2000. Opéra français romantique par excellence, Benvenuto Cellini retrace l’épisode de la fonte du Persée brandissant la tête de Méduse –actuellement dans la Loggia, Place de la Seigneurie à Florence- du génial orfèvre florentin Benvenuto Cellini. Le rapport avec l’autobiographie de ce dernier, la Vita, dont la lecture enthousiasma Hector Berlioz au point d’en vouloir concevoir un livret d’opéra, est cependant lointain. Trois plumes s’investirent à son écriture, Léon de Wailly, Auguste Barbier, ainsi qu’Alfred de Vigny auquel certains attribuent la paternité du " Chant des Ciseleurs ". Redoutable d’exécution tant pour les chanteurs que l’orchestre par ses changements rapides de tempi et d’atmosphères, ses nombreux thèmes récurrents, riche en scènes purement comiques et surprenant, voire grave, par son sujet inhabituel –la condition de l’artiste-créateur face au pouvoir, sa servitude et sa rébellion- Benvenuto Cellini connut l’échec lors de sa création parisienne en 1838, puis un sort incertain, bien injustifié en regard de ses qualités. Sir Colin Davis a opté pour la version la plus proche des représentations de Paris, la version en quatre tableaux, restaurée par Hugh Macdonald et que l’on avait pu découvrir au disque en 1972 avec Nicolaï Gedda dans le rôle-titre. Un regret cependant, ici, le choix de remplacer la plupart des récitatifs de l’opéra -si nerveux, si incisifs, si spécifiques de cette oeuvre- en dialogues parlés, ce qui est dommageable en particulier pour le rôle de Balducci. Autre regret, la coupure du duo Cellini-Teresa de l’acte II…… L’équipe ici rassemblée était pourtant vraisemblablement à même de les aborder.


A la tête du London Symphony Orchestra, Sir Colin Davis , attentif –voire paternel !- avec ses interprètes, fait chanter les violoncelles dans l’introduction de l’air de Teresa, les bois de " libre, seul et tranquille ", sait créer une atmosphère irréelle, propice au sentiment, mais aussi déchaîner l’allégresse dyonisiaque du carnaval ; une harmonie générale qui s’est trouvée, toutefois, parfois mise en péril par un manque d’unisson des cuivres. Extraordinaire London Symphony Chorus, exemplaire de vivacité et de compréhension ! Un soin apporté à la diction partagé par tous les interprètes et qui suscite une réelle admiration. La soprano américaine Elisabeth Futral est une Teresa juvénile, délicieusement insouciante et frivole, à l’aise dans les vocalises de " entre l’amour et le devoir " mais dont la voix laisse apparaître quelques blancheurs préoccupantes dans l’aigu. Excellents Balducci de Robert Lloyd et Fieramosca de Laurent Naouri, poltron et benêt jaloux à souhait, mais matamore plein d’adresse vocale " ah qui pourrait me résister ". Moins séduisant en dépit d’un timbre glorieux, le pape de Orlin Anastassov, souvent en décalage avec l’orchestre et à la diction un peu pâteuse. Mention toute particulière à l’excellent Ascanio de la jeune mezzo française Isabelle Cals, solennelle dans son premier air " cette somme t’est due ", espiègle, piquante dans son rondo au fort parfum d’opéra-comique " mais qu’ai-je donc " accueilli avec enthousiasme. La tessiture tendue du rôle-titre - constamment vers la, si, do- ne semble pas poser de difficulté à Giuseppe Sabbatini, dont la voix se projette avec bien plus d’aisance que par le passé. Le ténor italien réunit les spécificités de coloration et d’émission propres au rôle du sculpteur, qui exige autant de force que de grâce : contre-ut de poitrine (" sur les monts les plus sauvages ") ou contre-ré bémol (duo avec Teresa, acte I) soutenus mais aussi sons filés, et sons aigus piani en émission mixte de " la gloire était ma seule idole ". Bien qu’abordant le rôle pour la première fois, la caractérisation du personnage est déjà sensible : romantique, rêveur, rebelle, sans oublier la dimension comique ; peu de ténors actuellement peuvent tenir le rôle et on espère avoir l’occasion de l’entendre à nouveau . Pour finir, des seconds rôles bien tenus, si ce n’est le cabaretier insuffisamment nasillard de John Dobson, ce qui diminue l’effet musical imaginé par Berlioz, en particulier lorsque Cellini le caricature.


L’investissement scénique des interprètes –pour une version concert !- laisse rêver à une représentation mise en scène… Un jour, à l’Opéra Bastille, pour le bicentaire de la naissance de Berlioz ? Il est certain que, ce soir, le compositeur n’aurait pas pu tenir ce propos, qu’il confiait à Liszt (lettre, août 1851) : "  Je viens de l’examiner [l’opéra] sérieusement après treize ans d’oubli, et je jure que je ne retrouverai plus jamais cette verve et cette impétuosité Cellinienne, ni une telle variété d’idées. Mais l’exécution n’en est que plus difficile, les gens de théâtre, les chanteurs surtout sont si déshérités de l’humour ! ". Accueil triomphal généralisé et ovation à Sir Colin Davis.


Prochaine étape, L’Enfance du Christ avec Ian Bostridge en récitant, Simon Keenlyside, Joseph et Carmen Oprisanu, Marie les 18 et 19 décembre prochains (www.barbican.org.uk.)



Laurence Varga

 

 

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