|
Back
Gstaad en majesté Gstaad
Eglise de Rougemont
01/02/2020 -
Airs et lieder de Georg Friedrich Händel, Franz Schubert, Robert Schumann, Gioacchino Rossini, Pablo Luna Carné, Claude Debussy, Richard Strauss et Jules Massenet
Lisette Oropesa (soprano), Natalia Morozova (piano)
N. Morozova, L. Oropesa (© Illyria Pfyffer)
Gstaad peut s’enorgueillir d’une riche tradition musicale. Si tous les mélomanes, ou presque, connaissent le Festival Menuhin – qui déploie ses fastes en été – et les Sommets musicaux – début février –, peu nombreux sont ceux qui savent que la célèbre station suisse accueille une troisième manifestation pendant les fêtes de fin d’année, le Gstaad New Year Music Festival. Il y a quatorze ans, la princesse Caroline Murat (qui descend de Napoléon) décidait de créer son propre bébé après avoir participé durant plusieurs années à la programmation du Festival de Verbier ainsi qu’au lancement des Sommets musicaux. Celle qui est elle-même une pianiste réputée sous le nom de Haffner (celui de sa mère, laquelle a pour ancêtre le mécène de Mozart), joue de son entregent et de sa formidable énergie pour inviter dans les Alpes bernoises les musiciens qu’elle croise au cours de ses concerts et classes de maître à travers le monde. Si les « stars » du classique sont souvent de la partie, l’affiche fait aussi la part belle aux découvertes et aux jeunes talents prometteurs, tels la pianiste russe Alexandra Dovgan (12 ans, un nom à retenir), qui a ébloui le public dans un programme à faire pâlir les plus grands (Beethoven, Chopin, Bach, Mendelssohn et Rachmaninov). Dotée d’une musicalité incroyable et déjà d’une personnalité bien affirmée, elle a été recommandée à Caroline Haffner par son mentor, Grigory Sokolov. Un des principaux attraits du Gstaad New Year Music Festival est la proximité avec les artistes : les concerts ont lieu dans les nombreuses petites églises de la région, qui non seulement sont des bijoux architecturaux mais permettent aussi d’apprécier les musiciens dans un cadre intimiste et une acoustique favorable. Passion et envie de partager ont été les maîtres-mots de Caroline Haffner tout au long de ces quatorze années. Avec l’aide de sa petite équipe de bénévoles, la fondatrice espère qu’il en sera encore ainsi très longtemps.
L’un des moments forts de l’édition 2019-2020 du Gstaad New Year Music Festival aura été le récital de la soprano américaine Lisette Oropesa. En répétition à Paris pour Le Barbier de Séville, la chanteuse n’a pas hésité à faire un rapide aller-retour à Gstaad, malgré les grèves en France et leur lot de trains supprimés, pour offrir une soirée mémorable. Le programme était particulièrement varié et éclectique, alternant airs d’opéra et lieder, dans quatre langues différentes. Charisme indubitable, voix claire et lumineuse, ample et majestueuse, saine et homogène sur toute la tessiture, avec des aigus brillants et des vocalises parfaitement assurées, Lisette Oropesa a tout pour faire une belle carrière, et d’ailleurs les plus grandes scènes se l’arrachent. A Gstaad, elle a surtout pu mettre en valeur sa musicalité, sa diction irréprochable, quelle que soit la langue chantée, et son sens de l’expressivité, jouant sur chaque mot, chaque phrase, chaque inflexion de la partition, que ce soit dans des compositions mélancoliques et tristes ou dans des pages flamboyantes et brillantes. Elle était accompagnée au piano avec finesse et tact par Natalia Morozova, une fidèle de Gstaad puisqu’elle s’y produit depuis dix ans.
Le site du Gstaad New Year Music Festival
Claudio Poloni
|
