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La mélancolie de l’opéra bouffe

Zurich
Opernhaus
12/08/2019 -  et 12, 15, 21, 26, 29* décembre 2019, 1er, 4, 9 janvier 2020
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Johannes Martin Kränzle/Dimitris Tiliakos* (Don Pasquale), Konstantin Shushakov (Malatesta), Mingjie Lei (Ernesto), Julie Fuchs (Norina), Dean Murphy (Carlotto), R. A. Güther (Sergio), David Földszin (Ugo), Ursula Deuker (Clara)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (direction du chœur), Philharmonia Zürich, Enrique Mazzola*/Carrie-Ann Matheson (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Barbara Drosihn (costumes), Franck Evin (lumières), Kathrin Brunner (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Don Pasquale est considéré comme l’un des sommets de l’opéra bouffe. Donizetti a puisé son inspiration dans la commedia dell’arte : un vieux barbon ridicule (Don Pasquale) s’entiche d’une jeune fille (Norina) amoureuse de son neveu (Ernesto). Avec l’aide de Malatesta et après bien des stratagèmes, les deux tourtereaux finissent par se marier. Généralement, Don Pasquale est dépeint comme une caricature qui déclenche instantanément les rires des spectateurs, lesquels se prennent d’affection pour Norina et Ernesto, qui forment un couple idéal. Christof Loy ne voit pas les choses ainsi. Considérant que Donizetti a composé Don Pasquale (l’un de ses tout derniers opéras) alors qu’étaient déjà visibles les signes de la maladie qui allait l’emporter quelques années plus tard, le metteur en scène allemand imagine l’ouvrage comme une réflexion sur la finitude et, finalement, la mort ; il place sa production sous le signe de la tristesse et de la mélancolie et inverse les sentiments que le public éprouve pour les personnages. Ainsi fait-il de Don Pasquale une figure touchante et attachante, celle d’un homme d’âge mûr qui souhaite ne pas finir sa vie seul et voudrait tomber amoureux une dernière fois. A l’inverse, Norina est une croqueuse d’hommes, qui ne cherche qu’à s’amuser, que ce soit avec Ernesto ou encore avec Malatesta et Carlotto, un ami de ce dernier. D’ailleurs, les trois jeunes hommes sont ici parfaitement interchangeables dans leur costume cravate noir. A la fin de l’ouvrage, Norina finit par se rendre compte, à l’exemple de Don Pasquale, de ce qu’aimer vraiment veut dire. Le propos est subtil et tient parfaitement la route de bout en bout, une nouvelle réussite à mettre au crédit de Christof Loy.


Musicalement, cette nouvelle production de Don Pasquale vaut essentiellement pour la Norina de Julie Fuchs. La soprano française est un véritable concentré d’énergie, faisant preuve d’un charisme et d’un talent scénique indéniables pour incarner une jeune femme pétillante et délurée qui n’en fait qu’à sa tête avant de comprendre la réalité des sentiments. Ses aigus étincelants et ses vocalises parfaitement assurées sont un régal. L’équipe qui l’entoure est parfaitement crédible et homogène. Dimitris Tiliakos est un Don Pasquale émouvant dans sa recherche du bonheur, avec des accents sombres et sonores. Le ténor Mingjie Lei (Ernesto) éblouit par ses aigus lumineux, alors que Konstantin Shushakov est un Malatesta retors et rusé. Dommage seulement que, dans la fosse, Enrique Mazzola ne traite pas la partition de Donizetti avec plus d’égards, sa lecture manquant de raffinement et de subtilité.



Claudio Poloni

 

 

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