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Wunderkind

Paris
Salle Gaveau
11/19/2019 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 23 «Appassionata», opus 57
Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n° 2, opus 36
Mily Balakirev : Islamey
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Casse-noisette, opus 71: Andante maestoso (arrangement Mikhaïl Pletnev) –
Dumka, opus 59
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 7, opus 83

Alexander Malofeev (piano)


A. Malofeev (© Evgeny Evtyukhov)


Alexander Malofeev, 18 ans, n’est pas un inconnu de la scène française. Le Festival de La Roque-d’Anthéron, la Folle Journée de Nantes, l’auditorium de la Fondation Louis Vuitton et la Philharmonie de Paris ont déjà accueilli ce très jeune pianiste russe révélé au monde par le prix au Concours international Tchaïkovski pour jeunes musiciens qu’il a remporté à Moscou en 2014.


On avait été frappé par son incroyable maîtrise à l’occasion de l’intégrale des Concertos pour piano de Prokofiev donnée en novembre 2016 à la Philharmonie de Paris par Valery Gergiev et l’Orchestre du Mariinsky de Saint-Pétersbourg avec cinq interprètes différents dont il était, encore adolescent, le plus jeune, avec un Troisième Concerto d’une musicalité exemplaire, joué avec un sang-froid impressionnant mais pas assez de poids sonore. Entre-temps, on l’attendait avec impatience au Concours Tchaïkovski 2019 en juin dernier dont, malgré des Préludes et Fugues de Bach magnifiques, il n’a pas passé la barre des premiers éliminatoires; il est vrai que le niveau de cette édition était très haut.


Ce récital parisien affichant un programme ambitieux a montré pour le moins qu’Alexander Malofeev a acquis du poids sonore, parfois un peu trop comme dans certains forte d’une Sonate «Appassionata» de Beethoven jouée plutôt scolairement et sans réelle passion. Peut-on reprocher à un si jeune pianiste de ne pas posséder cette maturité? Certes pas! En revanche on peut en vouloir à ceux qui le propulsent aussi rapidement sur la scène internationale, Valery Gergiev le premier, de ne pas lui rendre le meilleur des services. Le passage du Wunderkind bête à concours au pianiste de concert mature est un intervalle périlleux qui doit être géré avec le plus grand soin.


Pourtant, que de qualités musicales décelables dans une Seconde Sonate de Rachmaninov, œuvre touffue à laquelle il réussit à donner unité et logique! On soupçonne que malgré une technique assez élaborée, la vélocité n’est pas la composante la plus exagérée et c’est tant mieux car cela évitait des prises de risque inconsidérées dans l’étude Islamey de Balakirev jouée à une vitesse raisonnable. On avait remarqué cette qualité à la Philharmonie quand il avait joué «Ondine» de Ravel comme bis à un tempo parfait. Les deux pièces de Tchaïkovski, Dumka et l’Andante maestoso du Grand pas de deux final de Casse-noisette, manquaient en revanche de maturité et de recherche dans la sonorité.


Mais c’est de toute évidence Prokofiev qui convient le mieux au jeune Malofeev, car la Septième Sonate était exemplaire de maîtrise et de réalisation, elle aussi prise sans risques à des tempi tout à fait raisonnables. Il en était de même pour sa Toccata opus 11 jouée comme bis au cours d’une longue troisième partie, comportant aussi un Intermezzo de l’Opus 118 de Brahms dégoulinant d’intentions et bien noyé dans la pédale, une «Danse de la fée dragée» de Casse-noisette (autre arrangement de Mikhaïl Pletnev) exhibitionniste et des morceaux de virtuosité probablement acquis depuis longtemps car joués deux fois trop vite pour le grand plaisir d’un public prêt à applaudir debout ce qu’il semblait préférer dans le récital. Cela non plus n’est pas de nature à rendre service à un si jeune artiste dont le futur de la carrière repose sur l’approfondissement de ses qualités purement musicales.



Olivier Brunel

 

 

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