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Pour Chostakovitch

Paris
Philharmonie
10/31/2019 -  et 24 (München), 28 (Wien) octobre, 4 novembre (Luxembourg) 2019
Carl Maria von Weber: Euryanthe, opus 81, J. 291: Ouverture
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 2, opus 19
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 10, opus 93

Rudolf Buchbinder (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)


M. Jansons


En tournée européenne puis américaine passant notamment par Vienne, Hambourg et New York, l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise avec le chef letton Mariss Jansons, son directeur musical depuis 2003, offrait un programme classique dans sa forme (ouverture, concerto, symphonie) mais plus original dans ses choix. La rare Ouverture d’Euryanthe était ainsi suivie du Deuxième Concerto pour piano de Beethoven, qui n’est pas le plus joué, puis par la Dixième Symphonie de Chostakovitch, donnée elle à chaque étape de cette tournée. Ce retour au pupitre de Mariss Jansons après plusieurs mois de repos forcé, s’il est une bonne nouvelle, n’empêche de trouver ce soir l’homme affaibli et amaigri. Mais quel chef il demeure!


L’Ouverture d’Euryanthe rappelle s’il en était besoin le niveau exceptionnel de cet orchestre au son plein et équilibré, aux nuances d’emblée frappantes et à la discipline collective qui sert au mieux la lecture élégante, contrastée et lumineuse de Mariss Jansons.


Dans le Deuxième Concerto, le magnifique tapis orchestral déroulé pendant la longue introduction n’inspire manifestement pas Rudolf Buchbinder, qui se cantonne à un Beethoven classique et en place mais à la limite de l’ennui. L’Adagio ne change pas la donne seul le Rondo final est plus engagé et réussi. Dommage de devoir attendre le bis, une étonnante transcription par Alfred Grünfeld de valses de Johann Strauss dans laquelle les thèmes de La Chauve-souris dominent, pour qu’enfin Rudolf Buchbinder laisse place à plus d’expression.


Mais le centre interprétatif et émotionnel de ce concert fut certainement une Dixième Symphonie de Chostakovitch de haute volée. Composée après un silence dans le domaine orchestral de quelques années, elle fut écrite après la mort de Staline en 1953. Dans ses mémoires publiés à la fin des années 1970, le compositeur revendiquera clairement cette thématique, écrivant même que le scherzo était «un portrait musical de Staline».


Quatre mouvements se succèdent durant lesquels Mariss Jansons construit sur la distance son interprétation. Le tout début, qui n’est pas sans faire penser à celui de L’Oiseau de feu, est confié aux cordes graves dont la magnifique tenue et les unissons parfaits créent d’emblée une ambiance pesante qui va progressivement croissant. Les magnifiques solos de clarinette et de flûte participent de cette inexorable progression. L’Allegro, cousin de celui de la Huitième Symphonie, asséné par un orchestre en fusion, se termine par les impressionnants martèlements de Raymond Curfs, que beaucoup considèrent, à juste titre, comme l’un des plus grands timbaliers du moment. Le troisième mouvement permet d’entendre le cor solo, Carsten Carey Duffin, au niveau superlatif, faisant chanter son instrument avec une délicatesse et des nuances rares avant l’apparition du thème DSCH (, mi bémol, do, si), signature musicale du compositeur. Le mouvement final permet d’apprécier la beauté de l’harmonie (notamment le superbe basson d’Eberhard Marschall) avant que ne réapparaisse le thème DSCH précédant l’apothéose terminale cataclysmique. Un très grand moment de musique et d’émotion construit dans la tension et la ligne mais sans jamais aucun débordement inutile. Du très grand art!


Il ne fait aucun doute que Mariss Jansons est toujours un immense chef et que l’Orchestre de la Radio bavaroise est incontestablement l’un des meilleurs ensembles symphoniques européens. Cette association réussie et durable nous a permis d’entendre ce soir une Dixième Symphonie de Chostakovitch qui restera dans les mémoires.



Gilles Lesur

 

 

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