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Joyaux étincelants

Berlin
Philharmonie
12/08/2001 -  
H.-W. Henze : Symphonie n°8
G. Mahler : Symphonie n°1



Orchestre Philharmonique de Berlin, Myung-Whun Chung (direction).



Dans l´œuvre prolifique (et encore en devenir) de H.-W. Henze, la huitième symphonie occupe une place un peu particulière, marquée du sceau de l´italianitá. Alors que bon nombre de ses opéras revendiquent leur filiation au bel canto (voir à ce sujet notre article sur Le roi cerf donné il y a deux ans à la komische Oper), le maître de Gütersloh, soucieux de traditions, s´est longtemps montré plus germanique dans ses pages orchestrales, d´un style très influencé par le grand répertoire classico-romantique des XVIII et XIX-èmes siècles, et imprégnées de dualités Fugue-Forme Sonate. Avec cette symphonie, créée à Boston en 1993 sous la direction de S. Ozawa, Henze innove en revanche quelque peu et souhaite avant tout écrire une ´´pièce de vacances, sans le caractère sombre ou tragique de [ses] précédentes symphonies´´ (il s´agit de variations sur des extraits du Songe d´une nuit d´été ). Si le programme reste donc d´inspiration très classique, son traitement musical l´est beaucoup moins, évoquant par endroits ces deux francs-tireurs du symphonisme que sont Berlioz et Mahler et surtout, de façon plus nette encore, Luciano Berio. Comme la Sinfonia ou le Rendering du musicien impérialais, cette œuvre parvient en effet à conjuguer une complexité compositionnelle assez extrême (demandant apparemment beaucoup aux musiciens de l´orchestre) et un charme, une sensualité, une fluidité tout à fait immédiats. On peut parfois se demander si Henze ne caresse pas un peu trop l´auditeur dans le sens du poil, mais ce jugement attend d´être précisé par une deuxième écoute. Avec l´interprétation particulièrement lumineuse du Berliner Philharmoniker, cette symphonie laisse en tout cas une impression très favorable, celle d´un ´´collier de joyaux étincelants´´, pour citer Schumann commentant Euryanthe.



En deuxième partie de concert, les musiciens continuaient de chercher à iriser un mois de décembre plutôt gris et froid cette année à Berlin, avec la première symphonie d´un compositeur dont on sait qu´il aimait à se définir comme un ´´compositeur d´été´´. Malgré son caractère peut-être un peu léger au regard des symphonies ultérieures, Titan occupera toujours pour moi une place un peu particulière puisqu´un soir d´automne 1990 elle me fit découvrir, après une adolescence plongée dans les disques du Velvet et de Joy Division, qu´il y avait autre chose dans la musique. Sous la direction cristalline de M.-W. Chung, l´interprétation des Berliner est absolument extraordinaire, et balayerait presque en une soirée les deux versions de Walter et Inbal conservées pieusement dans ma cassetothèque. La vision de Chung est d´ailleurs assez proche de ses deux illustres devanciers : tempi assez longs, phrasés nuancés à l´extrême, et surtout une volonté constante de protéger la lumière dans le maelström. Il est soutenu par un orchestre en grande forme, en particulier des premiers violons aux sonorités célestes, dont le registre aigu et suraigu me fait maintes fois frissonner l´échine, et des pupitres de cuivres extrêmement précis, dont les attaques riches et puissantes sont autant de flashs qui me clouent sur mon siège. Les interventions des bois, aussi cruciales que valorisantes pour les exécutants, montrent toutes des tempéraments musicaux très affirmés, mais l´ensemble de ces pupitres manque peut-être un peu de graisse dans le Ländler du deuxième mouvement. C´est là cependant la seule - et bien dérisoire - réserve que l´on puisse émettre après ce concert exceptionnel, qui fut d´ailleurs salué par un immense tonnerre d´applaudissements parsemé çà et là de quelques râles orgasmiques (à l´adresse de Chung). Comme autrefois aux concerts des Beatles !




Thomas Simon

 

 

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