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La Création sans créativité Paris Salle Pleyel 12/06/2001 - et 7 décembre 2001 Joseph Haydn : Die Schöpfung Sandrine Piau (Gabriel), Christoph Prégardien (Uriel), David Wilson-Johnson (Raphaël), Sibylla Rubens (Eve), Victor Torres (Adam) Ensemble vocal Michel Piquemal, Orchestre de Paris, Frans Brüggen (direction)
Musique d’exception (au sens propre, pour le fameux chaos initial), à la charnière du classicisme et du romantisme, La Création de Haydn requiert un sens narratif à la mesure de l’histoire qui y est, de façon peut-être à la fois naïve et pompeuse, racontée. Or, Frans Brüggen semble en avoir une conception étonnamment distante et objective, certes jamais inutilement pittoresque, mais par trop austère. D’une raideur beaucoup plus classique que préromantique, sa direction laisse peu de place aux émotions ou aux élans. Cette approche présente certes le mérite de mettre en lumière ce que Haydn doit, dans ce domaine, à Bach ou Haendel, mais on est loin de la dimension à la fois métaphysique et dramatique que Bernstein et Harnoncourt, dans des styles pourtant diamétralement opposés, ont su conférer à cette vaste partition.
Le chœur, de petite taille (trente-deux chanteurs), étrangement placé sur le côté droit de la scène, est trop souvent couvert par un orchestre pourtant assez peu étoffé. Comme la nature a horreur du vide, ce sont les solistes qui occupent le devant de la scène, avec une rutilance et une expressivité en complet décalage avec l’orchestre et le chœur. Si ce brio confine parfois au cabotinage, à l’image d’un David Wilson-Johnson volontiers tonitruant, Sandrine Piau et Christoph Prégardien, sans doute plus soucieux du style, fournissent une prestation très convaincante.
Simon Corley
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