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Trop policé Lyon Auditorium Maurice-Ravel 10/03/2019 - et 7 (Luxembourg), 12 (Osaka), 13 (Nagoya), 14 (Tokyo) octobre 2019 Georg Friedrich Händel: Messiah, HWV 56 Emmanuelle de Negri, Katherine Watson (soprano), Tim Mead (contre-ténor), James Way (ténor), Padraic Rowan (basse)
Les Arts florissants, William Christie (direction)
T. Mead (© Andy Staples)
Donné dans le cadre du Festival d’Ambronay (Ain), le présent concert est le prélude à une tournée internationale qui va mener William Christie au Luxembourg, puis au Japon. Compte tenu de la qualité des solistes réunis, le concert lyonnais a logiquement attiré une foule venue en nombre dans le vaste auditorium aux plus de 2000 fauteuils, à l’acoustique redoutable. On note ainsi dès les premières mesures une sensation d’éloignement au premier rang du premier balcon, nous rappelant combien l’auditorium sied davantage aux grandes formations symphoniques et aux solistes à la projection puissante. Cette impression est accentuée par la lecture très nuancée de Christie, qui cherche davantage à décortiquer la partition et apporter des couleurs inattendues (notamment dans les passages lents, les plus réussis) qu’à opposer les différents climats, autour d’attaques doucereuses et élégantes. On gagne en subtilité ce que l’on perd en contraste, notamment dans les passages verticaux insuffisamment nerveux. Quoiqu’il en soit, on s’habitue peu à peu à la sensibilité du chef franco-américain qui sait nous emporter sur la durée, tout particulièrement après l’entracte, lorsque la musique gagne en caractère. Le chœur, de bonne qualité, surtout au niveau des soprani, montre une belle précision, mais trop policée pour convaincre entièrement: on est surtout déçu par les fugues qui manquent du punch et de l’électricité attendus.
Les solistes font ce qu’ils peuvent pour aller chercher le public: à ce jeu-là, c’est le contre-ténor Tim Mead qui tire son épingle du jeu. Superbe d’investissement dramatique, le Britannique fait valoir une émission veloutée et des phrasés d’une grande intelligence, toujours aussi service du texte. Ses partenaires ne sont pas en reste au niveau interprétatif, mais manquent de l’impact vocal nécessaire ici. Padraic Rowan n’est pas loin de cet objectif par son timbre grave séduisant, admirable de caractère. A ses côtés, James Way montre quelques limites dans sa prestation qui manque d’éclat, bien loin des promesses entendues cet été à Beaune, il est vrai dans un rôle plus léger. Emmanuelle de Negri souffre des mêmes difficultés et a bien du mal à faire passer toute la sensibilité et la grâce habituellement exprimées. Katherine Watson montre davantage d’agilité vocale, mais reste souvent trop propre dans ses interventions, à l’image du concert – plaisant mais dispensable.
Florent Coudeyrat
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