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Moi je veux mourir sur scène

Zurich
Opernhaus
09/22/2019 -  et 25*, 28 septembre, 6, 9, 13, 17, 22 octobre 2019
Leos Janácek : Věc Makropulos
Evelyn Herlitzius (Emilia Marty), Sam Furness (Albert Gregor), Kevin Conners (Vítek), Deniz Uzun (Krista), Scott Hendricks (Jaroslav Prus), Spencer Lang (Janek Prus), Tómas Tómasson (Maître Kolenatý), Ruben Drole (Le Machiniste), Irène Friedli (La Femme de ménage), Guy de Mey (Hauk-Schendorf), Katia Ledoux (La Femme de chambre)
Zusatzchor des Opernhauses Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Jakub Hrůsa (direction musicale)
Dmitri Tcherniakov (mise en scène et décors), Elena Zaytseva (costumes), Gleb Filshtinsky (lumières), Tieni Burkhalter (vidéo), Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Le metteur en scène Dmitri Tcherniakov ne cache pas sa perplexité sur l’intrigue de L’Affaire Makropoulos : l’histoire d’Emilia Marty, une mystérieuse chanteuse de 337 ans devenue immortelle grâce à un élixir de longue vie mais qui, lassée par son existence, souhaite enfin mourir, ne le convainc guère. Aussi, fidèle à son habitude, a-t-il décidé de prendre quelques libertés avec le livret, pour une nouvelle production du chef-d’œuvre de Janácek ouvrant la saison lyrique 2019-2020 à Zurich : l’héroïne est ici une femme qui apprend qu’elle est atteinte d’un cancer incurable (des radiographies et des rapports médicaux défilent sur un grand écran pendant l’Ouverture) et qu’elle n’a plus que deux mois à vivre. Elle décide alors de faire de l’ordre dans sa vie et de dresser une liste des choses qu’elle souhaite encore réaliser. Son choix est surprenant : elle veut réserver une chambre d’hôtel, engager des comédiens et acheter des costumes. Le rideau s’ouvre ainsi sur une grande pièce meublée d’un canapé et de quelques chaises. L’héroïne occupe en permanence ce salon, qui est entouré de deux corridors étroits dans lesquels les autres personnages attendent avant de faire leur entrée. La scène finale est un véritable coup de théâtre : les parois du salon s’ouvrent pour laisser place à un studio dans lequel ont pris place des spectateurs assis sur des gradins ainsi qu’une équipe de cameramen. On comprend dès lors que tout a été filmé, que la réalité n’est que fiction, selon l’ultime souhait de la diva. A la fin, celle-ci meurt sous les yeux stupéfaits de tous. Elle a tout manigancé pour pouvoir mourir sur scène, sous les projecteurs. Etonnamment, le concept fonctionne car si l’intrigue a été modifiée, les sentiments qu’expriment les personnages restent les mêmes, qu’il s’agisse de la vie, de la mort ou des relations entre les individus. Et comme toujours, Dmitri Tcherniakov soigne tout particulièrement la direction d’acteurs.


Le metteur en scène peut compter sur une interprète d’exception pour le rôle principal, Evelyn Herlitzius, qui dégage un magnétisme et une force de conviction incroyables, avec de surcroît toute une gamme d’attitudes pour exprimer les différentes facettes de la diva. La projection sonore est époustouflante ; si la voix se fait parfois cri, poussée dans ses derniers retranchements, si les changements de registre sont parfois rudes, la chanteuse sait en faire un atout. Elle est entourée d’une excellente distribution : Gregor éperdu, Sam Furness livre un portrait d’un comique irrésistible, à l’instar du Maître Kolenatý de Tómas Tómasson. Scott Hendricks est un Prus au beau timbre et à l’arrogance effrontée, Krista a la voix lumineuse et juvénile de Deniz Uzun, sans parler des plus petits rôles, les uns plus pittoresques que les autres. Dans la fosse, le jeune chef tchèque Jakub Hrůsa fait ses débuts à l’Opernhaus. Si sa direction déçoit quelque peu par son absence de lyrisme, elle n’en impressionne pas moins par son énergie et ses frémissements, tant elle est portée par des tempi rapides et exalte l’expressivité des sonorités.



Claudio Poloni

 

 

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