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Partiellement convaincant

Liège
Opéra royal de Wallonie
06/16/2019 -  et 20, 22, 25, 28 juin 2019
Vincenzo Bellini: I puritani
Lawrence Brownlee (Lord Arturo Talbot), Zuzana Marková (Elvira), Mario Cassi (Sir Riccardo Forth), Luca Dall’Amico (Sir Giorgio), Alexise Yerna (Enrichetta), Zeno Popescu (Sir Bruno Roberton), Alexei Gorbatchev (Lord Gualtiero Walton)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Speranza Scappucci (direction musicale)
Vincent Boussard (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Christian Lacroix (costumes), Joachim Klein (lumières), Isabel Robson (vidéo)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège)


La saison de l’Opéra royal de Wallonie se termine avec Les Puritains (1835), présentés dans une nouvelle mise en scène créée à Francfort en décembre 2018. Avec le dernier opéra de Bellini, monté pour la dernière fois en 2002, l’institution liégeoise témoigne à nouveau de son attachement au répertoire italien, au détriment des compositeurs tchèques, russes ou germaniques, trop négligés ces derniers temps, à l’exception de Mozart.


Alors que Stefano Mazzonis di Pralafera, le directeur général et artistique, revendique, entre autres vertus, le respect du livret, la mise en scène de Vincent Boussard, transposée à la fin du XIXe siècle, comme le suggère un appareil photographique, présente quelques difficultés de compréhension, et les longues notes d’intention dans le programme n’aident pas vraiment à décrypter ce spectacle. Il faut ainsi considérer qu’Arturo, tué par Elvira au dernier acte, avant de se relever en pleine forme, personnifie le compositeur. Une vidéo montre même, au début, la tombe de ce dernier, mais le lien entre la figure de Bellini et les hallucinations d’Elvira paraît peu évident à établir.


La scénographie repose sur un décor unique, un théâtre en ruine. Suggérant probablement le flou de l’action, qui se passe, si nous comprenons bien, dans l’imagination d’Elvira, les deux premiers actes se déroulent intégralement devant une toile de tulle, ce qui provoque quelque désagrément à la longue. La disparition de cet accessoire horripilant au troisième acte constitue même un véritable soulagement. La beauté des costumes de Christian Lacroix compense très partiellement l’attrait très relatif de cette sombre scénographie et une direction d’acteur plutôt conventionnelle qui rend les personnages trop indifférents. Dans cette mise en scène confuse et monotone, l’urgence dramatique fluctue, et malgré ses qualités, cette production suscite l’ennui, un comble pour un opéra en principe aussi palpitant.


Bien que manquant de souffle et d’intensité par moments, la direction musicale de Speranza Scappucci procure heureusement plus de satisfaction. A leur meilleur niveau, les musiciens jouent avec netteté, élégance et délicatesse, et développent de belles sonorités, ce qui rend justice à l’orchestration de Bellini. Le chef a pris la décision, avec le metteur en scène, d’exécuter une partition assez complète, en incorporant des morceaux habituellement coupés, comme le trio au premier acte entre le ténor, le baryton et la mezzo, «Se il destino a te m’involta», ou le duo du troisième acte entre Elvira et Arturo, ici chanté complètement, avec un passage en majeur rarement joué, comme la maestra l’explique dans un communiqué de presse paru quelques jours avant la première.


L’entreprise honorable de Speranza Scappucci s’explique aussi par la chance, selon elle, de disposer de chanteurs motivants, en particulier Lawrence Brownlee et Zuzana Marková, il est vrai, formidables sur le plan de la virtuosité et du style. Le ténor, qui se produit pour la première fois sur cette scène, expose un timbre séduisant et cultive un phrasé raffiné, ainsi qu’une ligne de chant précise, même dans les passages les plus périlleux, où les aigus sonnent facilement et avec clarté. Sa partenaire respecte tout autant les canons du beau chant – agilité, coloration, pureté. La voix paraît toutefois manquer de puissance, à moins que ce ne soit dû à notre emplacement dans la salle, et l’incarnation demeure trop superficielle pour totalement convaincre et émouvoir. Cette talentueuse soprano a tout à gagner à réincarner cette figure féminine avec un autre metteur en scène afin d’en approfondir la psychologie.


Les deux autres chanteurs principaux déséquilibrent malheureusement le quatuor vocal. Deux étoiles, seulement, brillent durant cette longue représentation. Mario Cassi et Luca Dall’Amico, respectivement Riccardo et Giorgio, n’affichent pas autant d’éclat et de rigueur stylistique, avec un chant plus fruste, moins diversifié, pas aussi constamment rigoureux, sans réelle noblesse non plus. Le baryton et la basse incarnent, en revanche, leur personnage avec intensité. Alexise Yerna continue à chanter avec enthousiasme sur la scène liégeoise, malgré de perceptibles traces d’usure dans la voix. La voici, cette fois, en Enrichetta, et elle reviendra encore la saison prochaine à plusieurs reprises. Enfin, les choristes ne réussissent pas totalement à mettre en valeur la musique de Bellini au contraire de l’orchestre, généralement très bon dans son répertoire de prédilection.



Sébastien Foucart

 

 

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