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Une pianiste engagée

Paris
Les Nocturnes de Laude
05/31/2019 -  
Franz Liszt : Etudes d’exécution transcendante, S. 129: 8. «Wilde Jagd» en ut mineur et 10. «Appassionata» en fa mineur
Claude Debussy : Préludes (Premier Livre): 5. «Les Collines d’Anacapri», 7. «Ce qu’a vu le vent d’Ouest» & 11. «La Danse de Puck» – Préludes (Second Livre): 1. «Brouillards» & 4. «Les fées sont d’exquises danseuses»
Joseph Haydn : Sonate pour piano n° 62 en mi bémol majeur, Hob. XVI:52
Béla Bartók : Huit Improvisations sur des chansons paysannes hongroises, opus 20, Sz. 74

Hélène Fouquart (piano)


H. Fouquart


D’emblée, Hélène Fouquart entre dans le vif du sujet. Sans mise en doigts préalable, elle aborde l’Etude d’exécution transcendante en fa mineur avec fougue et passion. Œuvre admirable et tourmentée, cette page est ici exprimée avec envergure, les grandes courbes lyriques, amplement respirées, alternent avec les éléments orageux et dramatiques. La pianiste excelle à tendre l’œuvre jusqu’à son inexorable coda et à en révéler toute l’ardeur désespérée.


Un choix de Préludes de Debussy, qu’Hélène Fouquart conçoit comme un voyage entre danse et évocation de la nature, montre les affinités de la pianiste avec le compositeur. Netteté du trait, contrastes accentués, grande liberté du discours toujours imagé et très descriptif, un Debussy nettoyé de trop de brumes et de pédalisation abusives. Gaîté lumineuse des «Collines d’Anacapri», ensoleillées à souhait, suivies par de troublants «Brouillards», comme une étude de timbre; capricieuse et insaisissable «Danse de Puck», jouée avec un humour gourmand; fantasques et lascives «Fées», comme improvisées, précèdent le sombre «Vent d’Ouest», page que n’aurait pas désavoué Liszt, tout en rafales et bourrasques, mené de manière impressionnante.


A ce Prélude succédait de manière très opportune l’Etude d’exécution transcendante «Wilde Jagd» qu’Hélène Fouquart traduit avec une énergie et une passion irrésistible, au risque, parfois, de pousser le Pleyel de 1931 des Nocturnes de Laude dans ses derniers retranchements...


Hélène Fouquart sert Haydn avec beaucoup d’intelligence, relevant souvent les malices du compositeur. Vélocité d’une précision remarquable dans les premier et troisième mouvements – véritablement Presto et particulièrement jubilatoire, grande liberté expressive dans le deuxième mouvement, vitalité joyeuse, ce monument pianistique le plus connu du compositeur s’exprime avec verve et sensibilité dans un grand sens de l’architecture.


Les Huit Improvisations sur des chansons paysannes hongroises sont probablement l’œuvre où Bartók s’ingénie le plus à transcender le matériau populaire en langage savant. D’un extrême raffinement, très méticuleuses dans les indications de tempo, notamment, ces pièces nous conduisent aux confins de l’atonalité. Hélène Fouquart explore l’œuvre avec une grande variété de climats et de toucher, en traduit toute la vigueur rythmique, mais aussi tous les mystères de timbres et d’harmonie, mêlant avec science l’aspect populaire et résolument contemporain du langage bartokien.


Pianiste au fort tempérament, Hélène Fouquart imprime aux œuvres une énergie vitale remarquable. Son engagement sans faille face aux textes, la volonté d’une expression authentique de la musique, sa justesse de style, un art de l’éloquence servis par une technique éprouvée en font une interprète fort attachante.



Christian Lorandin

 

 

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