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Haydn le Parisien

Paris
Cité de la musique
05/22/2019 -  et 27 mai 2019 (Praha)
Joseph Haydn: Symphonies n° 83 en sol mineur «La Poule» et n° 82 en ut majeur «L’Ours» – Concerto pour violoncelle n° 2 en ré majeur, Hob. VIb:2
Leopold Mozart: Sinfonia en si bémol majeur, LMW VII:B5

Cyril Poulet (violoncelle)
Les Arts Florissants, William Christie (direction)


W. Christie (© Jean-Baptiste Millot)


Bien que Haydn soit un symphoniste réputé (plus de cent ouvrages à son catalogue), ses symphonies ne sont pas si fréquemment données. Même si l’on peut entendre ici ou là l’une des douze Londoniennes (généralement toujours les mêmes d’ailleurs...), les six Parisiennes (Quatre-vingt-deuxième à Quatre-vingt-septième) ne sont que rarement programmées en concert (voir néanmoins ici et ici): heureuse idée donc que celle de William Christie de diriger les deux plus célèbres dans un concert revigorant.

Fruit d’une commande des directeurs du Concert de la loge olympique passée à Paris en 1784, à une heure où Haydn délaissait la symphonie pour se tourner davantage vers le quatuor à cordes, ce recueil de six opus fut composé entre 1785 et 1786 et, à la faveur de diverses éditions (Imbault en France, Forster en Grande-Bretagne, Artaria à Vienne, le compositeur Hummel s’étant chargé de l’édition tant à Amsterdam qu’à Berlin), connut une diffusion rapide et un succès jamais démenti. Ce soir, le public, venu nombreux, put apprécier une interprétation d’une grande fraîcheur, dirigée par un William Christie qui ne nous a guère habitués à se frotter à ce compositeur même si l’on a pu l’entendre diriger une magnifique Création dans la Philharmonie toute proche, voilà un an.


Contrairement à ce qu’indiquait le programme, c’est La Poule qui débutait le concert. Le chef l’empoigne avec une belle énergie, veillant à ce que les reprises bénéficient d’une interprétation différente de la première exposition, dirigeant ainsi de façon plus ou moins liée, jouant sur les nuances et sur le côté râpeux des violoncelles et du basson. Si quelques glissandi ont pu paraître surprenant à l’oreille dans le deuxième mouvement (effet volontaire ou non?), le Menuet fut joué avec entrain avant que le Finale. Vivace conclusif, d’une grande élégance, ne soit enlevé par un orchestre enthousiasmant, au milieu duquel intervinrent avec une finesse digne d’une porcelaine de Sèvres un petit solo de clavecin (tenu par William Christie) et une volute du violoncelle de David Simpson. Dans «L’Ours», c’est surtout le premier violon solo Hiro Kurosaki (né en 1959), compagnon de route de William Christie depuis de nombreuses années, qui souleva notre enthousiasme: il fallait le voir jouer, son corps d’une souplesse constante (tous les musiciens jouant debout à l’exception des violoncelles et du clavecin) emmenant l’orchestre bien plus que William Christie lui-même, souvent cantonné à un rôle de vigie attentive à l’équilibre général, son archet insufflant dès le premier mouvement une dynamique incroyable qui ne s’éteindra qu’avec la fin de la symphonie. Si l’Allegretto souffrit d’une légère raideur ici ou là, les deux derniers mouvements furent excellents, à l’image de ce Finale. Vivace là encore aux accents volontairement appuyés, propres à évoquer la danse d’un ours, qui a donné à cette symphonie son sobriquet.


Retenons également, en guise sinon d’amuse-bouche, du moins de légère pause dans le programme, cette délicieuse Sinfonia de Leopold Mozart. Rien de très innovant certes mais comment ne pas apprécier cet Allegro de facture on ne peut plus classique et cet Andante étincelant où brilla le hautbois solo de Pier Luigi Fabretti? En revanche, quelle déception et quel ennui avec le Second Concerto pour violoncelle (donné en lieu et place du Premier initialement programmé)! Entré comme junior au sein des Arts Florissants en 2014, Cyril Poulet n’aura guère été à la hauteur de l’œuvre. Sur un violoncelle anonyme de la fin du XVIIIe siècle, il aura constamment joué faux, surtout dans le registre aigu, son jeu hésitant manquant d’élan dès l’Allegro moderato; dommage car l’orchestre (jouant peu baroque vu l’ampleur des cordes, le vibrato assumé, le legato appuyé) fut excellent et offrait un confort idéal pour n’importe quel soliste. Cyril Poulet connaît de nouveau ces problèmes de justesse dans le deuxième mouvement, à tel point que son attention semble surtout portée à éviter de trop grandes stridences, perdant ainsi de vue le lyrisme de la partition. William Christie dirigea le Finale de façon assez lourde, retenant peut-être le tempo pour permettre au soliste de suivre. Justesse de nouveau mais également quelques fragilités techniques (notamment au début du mouvement): Poulet ne convainc pas, son jeu d’une étonnante platitude manquant en tout point de fantaisie et d’allant. Une franche déception, d’autant que le bis (Bach) fut en revanche excellent.


Point de bis pour l’orchestre en revanche, Kurosaki ayant signalé à William Christie au moment des saluts la rupture imminente d’une des cordes de son violon (alors que certains musiciens avaient visiblement déjà installé une nouvelle partition sur leur pupitre). Reste à espérer que les quatre autres symphonies de ce cycle soient bientôt données, le résultat de ce soir ayant illustré à n’en pas douter l’enthousiasme tant des spectateurs que des musiciens à l’égard de Haydn le Parisien!


Le site des Arts Florissants



Sébastien Gauthier

 

 

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