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La surprise du chef

Paris
Maison de la radio
05/02/2019 -  et 4 (Santander), 5 (Oviedo), 7 (Valencia), 8 (Madrid), 9 (Zaragoza), 10 (Alicante) mai 2019
Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur, opus 47
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Hilary Hahn (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


H. Hahn (© Dana van Leeuwen/Decca)


On le sait la Hilary Hahn et le Mikko Franck sont très liés. La preuve ce soir c’était la quatrième fois qu’ils jouaient ensemble cette saison le Concerto de Sibelius. Une œuvre qu’ils emmèneront en tournée en Espagne avec le Philharmonique de Radio France pour un programme comprenant également la Fantastique de Berlioz, un rapprochement qui ne va pas nécessairement de soi.


Contre toute attente c’est plutôt la Fantastique qui fut le grand moment de ce concert. Le Concerto de Sibelius n’a pourtant plus de secret ni pour les musiciens du Philharmonique, désormais familiers de ce répertoire, ni pour la violoniste américaine ou le directeur musical du Philharmonique de Radio France. Mais force est de reconnaître que tout n’a pas complètement convaincu dans une interprétation certes de haut niveau mais qu’on espérait exceptionnelle. Tout commence pourtant magnifiquement avec un superbe pianissimo des cordes et une première phrase du violon qui crée d’emblée une ambiance sensuelle et poétique. Ce début d’une précision millimétrique sonne juste et tendu à la fois. Et le dialogue entre la violoniste et l’orchestre fonctionne à merveille avec une visible complicité et un plaisir partagé. Et puis dans le deuxième mouvement, l’orchestre couvre parfois la soliste, il sonne même parfois un peu épais et la lecture devient moins transparente et donc moins captivante. Rien n’est non plus rédhibitoire car l’exécution est violonistiquement superlative mais on s’attendait de la part de familiers de l’œuvre à vibrer comme lors du premier mouvement. La fréquentation régulière de la partition n’aurait-elle pas été à l’origine d’une légère baisse de tension dans l’exécution? En bis, la Sarabande de la Deuxième Partita de Bach offerte par Hilary Hahn nous ramène dans les hauteurs.


Les musiciens du Philharmonique de Radio France connaissent aussi leur Fantastique. Mais aucune routine ici dans une interprétation exceptionnelle sous la direction constamment investie (avec ou sans baguette selon les mouvements) d’un Mikko Franck qui semble se jouer des infinies richesses d’une musique qui, près de deux siècles après sa composition, continue d’étonner. Dans «Rêveries. Passions», on regrettera juste par moment des cordes trop présentes masquant par moments l’harmonie. Dans «Un bal», la poésie et le rythme sont bien là et les deux harpes très audibles rayonnent comme il se doit. Seuls les derniers traits rapides des cordes dans l’accélération finale pourraient sans doute être plus précis. Plus aucune réserve pour la «Scène aux champs», avec un dialogue des bois qui fonctionne à merveille et des timbales qui grondent avec une vraie présence. La «Marche au supplice» n’est que contrastes et déchaînements sous le contrôle millimétrique de Mikko Franck qui veille à chaque trait et rupture, avant un «Songe d’une nuit de sabbat» démoniaque à souhait, avec les deux cloches placées de chaque côté de l’arrière-scène, ce qui fonctionne à merveille.


Tout l’Orchestre philharmonique de Radio France est comme à son habitude à son meilleur et investi. Les unissons des cordes graves, violoncelles et contrebasses réunis, sont à se damner. Quant à l’harmonie, superbe aussi, on aimerait parfois l’entendre plus car son rôle est essentiel. Seule réserve, la tendance, dans cette salle à l’acoustique généreuse, à jouer les tutti sans doute trop fort, parfois même à la limite de la saturation lorsque l’on est situé au parterre. Mais quel bonheur de jouer, décidément l’autre signature du Philharmonique, et un plaisir supplémentaire pour l’œil. Vous l’aurez compris, cette Fantastique est de celles que l’on n’est pas près d’oublier.


A un moment où presque tous les directeurs musicaux des orchestres parisiens sont sur le point de quitter leurs postes, il est rassurant de voir que la relation entre Mikko Frank et la Philharmonique de Radio France (son contrat va jusqu’en 2022) est au beau fixe. On ne peut que souhaiter longue vie à cette osmose musicale et humaine perceptible à chacun des concerts. Et sans grand risque de se tromper, il est très probable que la tournée en Espagne sera un triomphe.



Gilles Lesur

 

 

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