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Classique

Paris
Maison de la radio
04/25/2019 -  
Serge Prokofiev: Symphonie n° 1»Classique», opus 25
Frank Martin: Concerto pour sept instruments à vent, timbales, percussions et orchestre à cordes
Béla Bartók: Concerto pour orchestre, Sz. 116

Philippe Pierlot (flûte), Mathilde Lebert (hautbois), Patrick Messina (clarinette), Philippe Hanon (basson), Vincent Léonard (cor), Julien Dugers (trombone), Marc Bauer (trompette), Didier Benetti (timbales)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)


E. Krivine (© Julien Becker)


Si Frank Martin (1890-1974) ne fait pas partie des compositeurs les plus joués de nos jours, il était heureux de programmer son rare Concerto pour sept instruments à vent, timbales, percussions et orchestre à cordes dont la composition et la création remontent toutes deux à 1949: nous en fêtons donc cette année le soixante-dixième anniversaire. A croire qu’Emmanuel Krivine apprécie particulièrement cette œuvre puisqu’il l’avait notamment donnée lorsqu’il était directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg (voir ici). Quand il a conçu ce concerto, le compositeur suisse avait déjà écrit des œuvres pour des ensembles ressemblant à ce véritable «patchwork orchestral», qu’il s’agisse par exemple de sa Ballade pour saxophone (1938) pour saxophone alto, cordes, timbales, batterie et piano, ou de sa Petite Symphonie concertante (1944) pour harpe, clavecin et piano solos, accompagnés de deux orchestres à cordes. Le concerto de ce soir mettait en tête d’affiche sept solistes (auxquels il faut bien entendu adjoindre l’excellent Didier Benetti, dont les timbales offrirent un numéro des plus vigoureux dans le troisième mouvement) de l’Orchestre national dont on sait que la petite harmonie, à l’image de ses frères que sont l’Orchestre de Paris ou le Philharmonique de Radio-France, est étincelante. Dès le premier mouvement, le hautbois puis la clarinette ouvrent le bal avec finesse avant que l’ensemble ne s’emballe quelque peu, alors épaulé par les cordes et la caisse claire, Mathilde Lebert et Patrick Messina concluant le mouvement comme ils l’avaient ouvert. Le deuxième mouvement fut sans doute le plus intéressant, avec son caractère pesant, où s’illustrèrent surtout la trompette (avec sourdine) et le trombone, excellemment tenu par le jeune Julien Dugers. Quant au troisième mouvement, son rythme entêtant fut vraiment prenant, permettant sans doute à une bonne partie du public (fort nombreux ce soir) de découvrir un compositeur dont les œuvres instrumentales ont quelque peu été reléguées au bénéfice de ses œuvres vocales.


Ce second hors-d’œuvre suivait une Symphonie «Classique» (1916-1917) de Prokofiev haute en couleur dont le premier mouvement fut emmené tambour battant. Le deuxième, plus mesuré mais conduit de façon toujours aussi énergique par la gestique non moins énigmatique d’Emmanuel Krivine, mit agréablement en valeur les deux bassons, presque de façon grotesque mais Prokofiev n’avait-il pas lui-même abordé cette œuvre comme une sorte de «plaisanterie musicale»? C’est peut-être également ce qui explique les ralentis quelque peu inattendus imposés par le chef dans le troisième mouvement, célèbre pour avoir été repris dans Roméo et Juliette, le dernier mouvement ayant pour sa part été joué de manière particulièrement enlevée.


La seconde partie du concert était consacrée au célèbre Concerto pour orchestre (1944) de Bartók: alors que le National l’avait donné il y a quelques années dans une version «allégée» sous la direction de David Afkham, l’interprétation de ce soir pourrait davantage être qualifiée de «réservée». Car, en dépit d’une très belle réalisation (décidément, ce soir, les cuivres du National se montrent sous leur meilleur jour!), l’orchestre manque à plusieurs reprises de mordant dans l’Introduzione, notamment les premiers violons, leur pupitre ayant parfois donné l’impression d’être assez chétif. Le choral de cuivres (juste après le lancement du thème par les trombones) aurait également mérité d’être plus acéré, les bois ayant, quant à eux, joué avec toute la finesse requise (mention spéciale au hautboïste solo). Dans le deuxième mouvement, cuivres et bois s’illustrent de nouveau mais Emmanuel Krivine a tendance à trop gommer le côté sarcastique de la partition au bénéfice d’une attention (fort louable au demeurant) davantage portée sur les couleurs d’ensemble. Si l’Intermezzo interrotto allie savamment burlesque et rêverie, le cinquième et dernier mouvement manque de nouveau de luxuriance (quel bien timide coup de cymbales à la toute fin de l’œuvre!): c’est d’autant plus dommage que la dextérité de l’orchestre n’aura pas un instant failli dans cette partition ô combien redoutable, démontrant ainsi la très bonne forme du National en ce moment.



Sébastien Gauthier

 

 

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