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La Turangalîla de Susanna Mälkki

Paris
Maison de la radio
03/29/2019 -  
Olivier Messiaen : Turangalîla-Symphonie
Roger Muraro (piano), Cynthia Millar (ondes Martenot)
Orchestre philharmonique de Radio France, Susanna Mälkki (direction)


S. Mälkki (© Simon Fowler)


C’est un grand et long chant d’amour, élargi au cosmos, entre Orient et Occident, le Tristan et Isolde de Messiaen – dans les mêmes années, le mythe lui a également inspiré Harawi, chant d’amour et de mort et les Cinq Rechants. Une orgie de couleurs et de rythmes, unifiée par des thèmes cycliques, pour un immense orchestre avec piano et ondes Martenot, où l’on entend évidemment des chants d’oiseaux. Une des œuvres les plus rutilantes et les plus populaires de Messiaen, qui n’a guère quitté les affiches du monde entier depuis sa création à Boston en 1949, par le jeune Leonard Bernstein.


On a coutume d’en exalter la sensualité et la luxuriance, de perpétuer l’héritage post-wagnérien. Telle n’est pas la perspective de Susanna Mälkki, qui dirige assez vite, assez droit, très clair surtout, rebelle à toute exaltation, retenue dans l’épanchement – aux cordes elle interdit ces courbes voluptueuses rappelant aussi bien le Wagner de Tristan que le Debussy du Martyre de saint Sébastien. Quitte à priver un peu de sa magie capiteuse le « Jardin du sommeil d’amour », mouvement lent et cœur de l’œuvre. Elle allège aussi l’orchestre, le rend presque svelte. Cette lecture acérée mais jamais sèche n’aurait-elle pas, au fond, quelque chose de ravélien ? Elle assume en tout cas parfaitement sa singularité, malgré des décalages au début, avec un jubilatoire « Joie du sang et des étoiles ». La Finlandaise nous montre qu’on peut dissocier cette Turangalîla de son substrat philosophico-littéraire, en faire une œuvre de musique pure, assez résistante pour s’accommoder d’interprétations très différentes : un « classique », finalement. L’orchestre, lui, ne l’applaudira pas, ce qui est manquer d’usage.


Cette générosité que la direction nous refuse, on la retrouve une fois de plus chez Roger Muraro, à travers cette façon de timbrer le piano du grave à l’aigu, cette sonorité orchestrale, saturée de couleurs – ce qu’il fait dans « Jardin du sommeil d’amour » est prodigieux. Un piano dont la puissance, révélée dès les premières mesures de l’Introduction, n’est jamais dureté. L’antithèse de Cynthia Millar, trop peu présente – comme à la Philharmonie avec Paavo Järvi en 2016.



Didier van Moere

 

 

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