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Interminable!

Lyon
Opéra
03/16/2019 -  et 17, 20, 21, 23, 26, 30 mars 2019
Didon et Enée, remembered:
Henry Purcell : Dido and Æneas
Kalle Kalima : Remember me

Alix Le Saux (Didon), Guillaume Andrieux (Enée), Claron McFadden (Belinda), Erika Stucky (Esprit, chant/interludes), Marie Goyette (Juno), Thorbjörn Björnsson (Jupiter)
Kalle Kalima (guitare), Chœurs de l’Opéra de Lyon, Denis Comtet (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Pierre Bleuse (direction musicale)
David Marton (concept et mise en scène), Christian Friedländer (décors), Pola Kardum (costumes), Henning Streck (lumières), Adrien Lamande (vidéo), Johanna Kobusch (dramaturgie)


A. Le Saux, G. Andrieux (© Blandine Soulage)


Le festival d’opéras de l’Opéra de Lyon présente cette saison trois œuvres très diverses réunies sous le thème «Vies et Destins». Entre la houleuse première de L’Enchanteresse de Tchaïkovski et Le Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi, une adaptation par Kalle Kalima de l’opéra de Purcell sous le titre Didon et Enée, remembered.


Commande de l’Opéra de Lyon, de l’Opéra des Flandres et de l’Opéra de Stuttgart, Didon et Enée, remembered est un collage, dont le concept et la mise en scène, signée par David Marton, un Hongrois basé à Berlin, convoquent bien entendu l’opéra de Purcell mais aussi des textes de Virgile, des compositions et improvisations du jazzman finlandais Kalle Kalima (qui tenait aussi, en surplomb de l’orchestre, la partie de guitare électrique), des interludes de la chanteuse américaine Erika Stucky et une partie théâtrale qui n’est pas ce qui était le plus réussi. L’ensemble tient plutôt bien la scène malgré ses inégalités et quelques longueurs mais peut paraître interminable pour qui ne se réfère qu’à l’opéra de Purcell. Vu comme un spectacle total, il peut sembler long également avec ses deux heures d’affilée compte tenu de l’inconfort des sièges de l’Opéra de Lyon.


Pour simplifier, et si l’on a bien compris, Jupiter et Junon, joués par des comédiens (excellents Thorbjörn Björnsson et Marie Goyette), font en tenue grecque antique des fouilles archéologiques qui leur permettent de mettre au jour, outre l’opéra de Purcell, des objets du futur (smartphones, télécommandes, accessoires d’ordinateur, journaux) lesquels sont exposés soigneusement dans un musée. On apprend au passage par les notes d’intention que cela doit entraîner de la part du public une réflexion sur les pièces de musée, ce qui nous semble un peu réducteur et infantilisant à son égard. Parallèlement à cette action filmée en gros plan avec une complaisance appuyée, se déroule l’histoire de Didon et Enée chantée en anglais et jouée en français (des extraits de L’Enéide) par deux chanteurs d’opéras français, respectivement Alix Le Saux et Guillaume Andrieux, tous deux excellents. Le rôle de Belinda, l’espace d’un intermède théâtral rendu ridicule, était parfaitement tenu par l’excellent soprano américain Claron McFadden, toujours très en voix et absolument étonnante dans une improvisation jazzy avec le compositeur à la guitare. L’intermède des sorcières et certains interludes sont assurés par la chanteuse américano-suisse Erika Stucky, très douée dans beaucoup de domaines et ayant récemment collaboré à un projet rock-baroque avec La Cetra et Andreas Scholl. Ses interventions sont des monologues chantés pleins de fantaisie, d’esprit très brechtien bien qu’elle évoque surtout une chanteuse du Velvet Underground qui se serait convertie au cri tribal. Au milieu de la pièce, les deux actions théâtrales se rejoignent, Junon cooptant Enée dans une savoureuse parodie de mère juive. Les Dieux archéologues finissent par enfouir avec horreur de nouveau leurs objets excavés («que le temps s’écoule en boucles, la physique l’a démontré il y a des dizaines d’années» affirment dramaturge et metteur en scène), le spectacle paraît toucher à sa fin sauf qu’il faut bien que chacune des parties qui le composent ait droit à sa propre fin, d’où la terrible impression de longueur d’un spectacle qui n’en finit pas de finir. Nous a semblé le plus intéressant le travail musical de variations, souvent par le biais de dissonances ou défragmentation de la musique de Purcell mais aussi de longues plages de compositions originales auxquelles l’Orchestre de l’Opéra de Lyon et le Chœur, dirigés par Pierre Bleuse, ont parfaitement rendu justice. Le décor de Christian Friedländer et les costumes de Pola Kardum apportaient un cadre très confortable à cette action compliquée, très souvent relayée par la vidéo d’Adrien Lamande.


Moins chahutée que l’équipe de L’Enchanteresse qui, la veille, ouvrait le festival, l’équipe créatrice de cette re-visitation (à l’exception de Kalle Kalima très applaudi) a cependant essuyé quelques sifflets, plutôt rares dans la cette salle. Une partie du public de la capitale des Gaules lui aura certainement reproché d’avoir rendu interminable le plus court des opéras du répertoire!


Serge Dorny, directeur de l’Opéra de Lyon jusqu’en 2021 avant de rejoindre l’Opéra d’Etat de Bavière à Munich, a annoncé la saison 2019-2020. La création sera toujours une priorité avec Shirine de Thierry Escaich sur un livret d’Atiq Rahimi, le musical The Pajama Game de Richard Adler et Jerry Ross, des œuvres du XXIe siècle comme Gretel et Hänsel adapté par Sergio Menozzi et I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky de John Adams. Le festival présentera en mars Rigoletto de Verdi, Irrelohe de Schreker et La Lune d’Orff. Plusieurs nouvelles productions: Tosca de Puccini, Guillaume Tell de Rossini et Les Noces de Figaro de Mozart. Une création a été commandée par le Ballet à Russell Maliphant et des pièces de Maguy Marin, Mats Ek, Lucinda Childs et Merce Cunningham seront dansées pendant la saison. Le chef principal Daniele Rustoni dirigera deux concerts symphoniques ainsi qu’Ernani de Verdi en version de concert en novembre, concert repris à Paris au Théâtre des Champs-Elysées.



Olivier Brunel

 

 

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