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Abstraction beethovénienne

Vienna
Konzerthaus
02/27/2019 -  
Ludwig van Beethoven: Sonates pour violon et piano n° 4, opus 23, n° 5 «Le Printemps», opus 24, et n° 10, opus 96
Isabelle Faust (violon), Alexander Melnikov (piano)


I. Faust, A.Melnikov (© Marco Borggreve)


Apres Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien, c’est au tour d’Isabelle Faust et Alexander Melnikov de venir présenter trois nouveaux opus dans ce volet de la série organisée par le Konzerthaus autour des sonates de Beethoven pour piano et violon.


La paire a signé, il y a dix ans, un enregistrement remarquable de l’intégrale des sonates, et on reconnaît bien dans cette prestation de concert les qualités qui caractérisent leur lecture: une intelligence analytique exceptionnelle, révélant les angles inexplorés de ces œuvres, des coloris extrêmes et maîtrisés de la part de la violoniste allemande, une délicate retenue du pianiste qui ne vient jamais en travers d’une motorique inexorable et libère par moment des éclairs de puissance. Est-ce une conséquence du concert les poussant à forcer leurs palettes expressives, ou bien une sur-maturation de leur vision? Alors que les microphones captaient les plus infimes inflexions des interprètes dans l’intimité des studios Teldex, l’équilibre expressif si finement calibré a en grande partie disparu. Tout semble soudain exagéré: les pauses et respirations, les voltefaces soudaines, l’aspiration intellectuelle sous-jacente se transforment en une mise en scène continue, rompant le fluide musical, et se muant en pure abstraction théorique. On se retrouve constamment à admirer l’intention artistique, la perfection de l’exécution, et rechercher en vain la musique de Beethoven, disséquée et malaxée a en devenir peu stimulante émotionnellement.


Il reste certes nombre de magnifiques moments, principalement concentrés dans les variations et les scherzi, qui, par leur nature séquentielle et miniaturisée, se prêtent mieux à ce jeu: le finale de l’Opus 23 revêt ainsi une texture fantomatique, s’évaporant d’un coup dans les dernières mesures; l’approche de la Sonate «Le Printemps» est globalement la plus satisfaisante, offrant un scherzo ciselé avec un raffinement renouvelé à chaque mesure; les tremolos de la Dixième Sonate sont riches en subtils coloris. Cependant, la surabondance de sentiments qui semble faire un sort à chaque note de la partition ôte en fin de compte toute once de spontanéité, et finit par venir à bout de la ligne musicale. Une expérience qui décontenance d’abord l’auditeur et vient finalement cruellement le tantaliser.



Dimitri Finker

 

 

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