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Romantisme affleurant

Vienna
Konzerthaus
01/27/2019 -  
Wolfgang Amadeus Mozart: Quatuors n° 14 «Le Printemps», K 387, et n° 17 «La Chasse», K. 458
Franz Schubert: Quatuor n° 8, D. 112

Quatuor Hagen: Lukas Hagen, Rainer Schmidt (violons), Veronika Hagen (alto), Clemens Hagen (violoncelle)


Le Quatuor Hagen (© Harald Hoffmann)


Deux quatuors de Mozart parmi ceux dédiés à Haydn, un quatuor de jeunesse de Schubert: en contradiction avec l’impression donnée par le programme, il n’y a rien de classique lorsque les Hagen entrent sur scène. En effet, dès les premières mesures du Quatuor K. 387, les contrastes dynamiques sont extrêmes, les pauses marquées avec emphase et les oppositions dramatisées. Remarquons que tout cela est bien écrit dans la partition, et qu’une telle approche, libérée du rigide corset classique, permet d’en révéler l’aspect novateur. Les trop fréquentes ruptures de tempo de l’Allegro initial laissent toutefois une impression de morcellement, qui disparaît rapidement dans les mouvements suivants: l’Andante s’aventure dans des digressions quasiment beethovéniennes, le développement du final fugué exploite quant à lui des ambiances fantomatiques qui annoncent le quatuor de Schubert. La seconde œuvre de Mozart, le Dix-septième Quatuor, joué après l’entracte, semble en apparence plus décontractée avec ses forte radieux et chantants, ses souples inflexions de pulsation qui permettent aux instrumentistes d’y insérer d’élégantes révérences; mais il recèle lui aussi ses surprises (un menuet plus abstrait que dansable) et ses parts d’ombre (Andante douloureux).


Si la musique de Mozart peut se permettre d’être sollicitée avec autant d’intensité par les interprètes, c’est bien dans Schubert que l’approche triomphe. Le Huitième Quatuor est certes une œuvre de jeunesse, mais il marque aussi le début d’une recherche musicale plus poussée, clairement apparente dans l’interprétation du Quatuor Hagen. Des phrases qui sembleraient naïves prennent ici une tournure dramatique prémonitoire des grandes œuvres du compositeur: l’exemple le plus extrême est peut-être le trio du troisième mouvement, en apparence enfantin avec ces deux voix doublées à l’octave, mais qui paraît ce soir comme suspendu au-dessus d’un précipice. Si derrière certains thèmes transparaît encore la plume du novice, la magnificence formelle dans laquelle les immergent les interprètes les transcende absolument.


Le style de ce quatuor semble s’être encore radicalisé avec les années, avec un bonheur tout particulier dans la musique romantique – comme le démontre aussi le bis, un extrait du Troisième Quatuor de Schumann offrant un Assai agitato soulevé de vagues passionnées – il subsiste toujours cette qualité du grain de la prise de son, qui fait entendre le bois des instruments et transmet un bonheur sensoriel à l’auditeur.



Dimitri Finker

 

 

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