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Invitation à la danse

Berlin
Philharmonie
01/09/2019 -  et 6 (Luxembourg), 7 (Essen), 8 (Hamburg), 11 (Schweinfurt), 12 (Bonn), 13 (Coesfeld), 14 (Paderborn) janvier 2019
Leonard Bernstein : West Side Story: Danses symphoniques
William Kraft : Concerto pour timbales n° 1
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps

Wieland Welzel (timbales)
Bundesjugendorchester, Kirill Petrenko (direction)


W. Welzel


Affluence des grands soirs à la Philharmonie de Berlin alors même que ce n’est pas le Philharmonique qui joue! L’apparition au pupitre de son futur patron, Kirill Petrenko, dont la première saison en qualité de directeur musical des Berliner Philharmoniker ne commencera qu’en septembre prochain, y était sans doute pour beaucoup. Mais le fait que ce soit l’Orchestre fédéral des jeunes qui soit ce soir sur scène pour cet unique concert berlinois, donné dans le cadre d’une tournée sous la direction de Petrenko pour les concerts du 6 au 9 et de Hermann Bäumer pour ceux du 11 au 14, n’a sans doute pas manqué d’attirer une partie non négligeable du public, qui savait là pouvoir écouter un orchestre d’une qualité exceptionnelle. Composé de jeunes musiciens âgés de 14 à 19 ans (certains, à l’image de ce trompettiste blondinet ou de ce jeune corniste, ayant presque la même taille que leur instrument...) recrutés à travers toute l’Allemagne à l’issue d’auditions organisées par des professionnels, l’orchestre, créé en 1969, est une pépinière pour les phalanges du monde entier. Les musiciens alternent ensuite travail d’ensemble, sous la houlette de membres des principaux orchestres allemands, et poursuite de leur scolarité avant d’intégrer pour la plupart des ensembles professionnels ou de devenir solistes. Fêtant donc son cinquantième anniversaire cette année, cet orchestre aura fait preuve au cours de ce concert d’un aplomb et d’une musicalité qui en remontreraient à bien des orchestres dont on préfèrera taire ici le nom...


Prolongation de l’«année Bernstein», la première partie du concert commençait par les Danses symphoniques de West Side Story (1957), suite tirée en 1960 de son musical par Bernstein lui-même en collaboration avec Sid Ramin et Irwin Kostal. Comme on pouvait s’y attendre avec un orchestre de jeunes, ça a swingué à la Philharmonie! Dès le Prologue, les claquements de doigts des musiciens et la batterie endiablée de l’excellent Maximilian Cichon nous emportèrent immédiatement dans les bas-fonds new-yorkais. Le recours aux multiples percussions (tam-tam, batterie...), au xylophone (dans «Somewhere») et aux cuivres (notamment dans «Cool. Fugue») attestèrent d’une maîtrise musicale du plus haut niveau, chacun «s’éclatant» sur scène sous la direction pour le coup très maîtrisée de Petrenko qui, sans être mal à l’aise dans ce répertoire, ne l’aura peut-être pas autant sublimé qu’un Rattle ou un Dudamel. Le célébrissime «Mambo» n’en fut pas moins joyeux avant un Finale surnaturel où la flûte solo s’avéra d’une finesse exemplaire.


Les concertos pour timbales sont rares. Pourtant, celui de William Kraft (né en 1923) mériterait d’être davantage connu. Il faut dire que son auteur sait de quoi il parle pour avoir été timbalier de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles pendant dix-huit ans, ayant alors déjà passé sept ans au sein de la section des percussionnistes du même orchestre. Ayant composé deux concertos pour son instrument de prédilection (le premier en 1983, le second en 2005), il aura eu droit ce soir à une interprétation hors de pair grâce aux talents d’un ancien membre du Bundesjugendorchester, en la personne de Wieland Welzel, aujourd’hui l’un des deux timbaliers de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Le soliste, ayant à sa disposition un jeu de quatre timbales placées devant lui, nous offrit une performance tout à fait époustouflante. Commençant par frapper telle ou telle timbale avec la paume des mains, alternant baguettes aux extrémités en bois ou en feutre, de taille plus ou moins grande, effectuant même certains roulement avec le bout des baguettes tenues à l’envers, faisant varier les sonorités grâce à un subtil jeu de pédales, Welzel interpréta l’Allegretto inaugural avec une maestria qui confinait presque, par certains moments, à la performance physique tant le changement de baguettes qui virevoltaient devait être rapide. Le deuxième mouvement, débutant par de longs glissandi des cordes, demanda cette fois-ci une plus grande finesse, les roulements de timbales se faisant plus doux tandis que le jeu de pédales donnait davantage d’importance aux résonances. Le troisième mouvement, Fleeting, permit à Wieland Welzel de faire un roulement sur les quatre timbales à la fois, chaque main tenant deux baguettes: un exploit en soi! Posant avec autant de rapidité que d’adresse des sourdines sur les timbales, Welzel offrit surtout un très beau dialogue avec les autres percussions de l’orchestre, magnifiquement dirigé par Petrenko, dont le côté millimétré lui aura sans doute beaucoup plu.


Après l’entracte, place au très connu avec Le Sacre du printemps qui, finalement, aura fait quelque peu retomber la fièvre de la première partie. Il sera d’ailleurs intéressant d’écouter un jour ce que pourra en faire Kirill Petrenko avec les Berliner Philharmoniker car il était bien difficile de déterminer si la tonalité et l’équilibre perçus dans quelques passages étaient dus aux souhaits du chef ou à la fatigue (compréhensible) de certains pupitres. Car, si les contrebasses furent vraiment excellentes (quel engagement que celui du jeune Hans Greve et de son acolyte Clara Heilbron, chefs de pupitre pour l’occasion!), les violons furent souvent sur la réserve et il fut parfois difficile de les entendre. Il faut dire que, du côté des percussions, en revanche, le son et le panache étaient au rendez-vous: Georg Brehm aux timbales et l’irremplaçable Maximilian Cichon à la grosse caisse (pour ne citer que les deux plus charismatiques) furent tout bonnement incroyables, le pupitre des percussions ayant d’ailleurs été (à juste titre) le plus applaudi au moment des saluts. Le beau solo de basson (a priori tenu par Lisanne Traub) fut malheureusement contrebalancé par un cor anglais trop timide avant néanmoins que l’orchestre ne rugisse comme il convenait dans «Les Augures printaniers». Les bois furent tous excellents à commencer par un pupitre de clarinettes où clarinette en mi bémol et clarinette basse firent preuve d’une assurance que l’on avait rarement entendue dans cette œuvre. Dans la seconde partie, la «Glorification de l’Elue» et l’«Action rituelle des ancêtres» offrirent de superbes moments qui suscitèrent l’enthousiasme des auditeurs, remarquables par l’attention de leur écoute: là encore, de quoi donner de belles leçons à d’autres publics, notamment dans notre Hexagone.


Le site du Bundesjugendorchester



Sébastien Gauthier

 

 

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