About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Visite de voisinage

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
12/08/2018 -  et 6, 7 décembre 2018 (Amsterdam)
Antonín Dvorák: Concerto pour piano, opus 33, B. 63
Béla Bartók: A Kékszakállú Herceg Vára, opus 11, Sz. 48

Elena Zhidkova (Judith), Gábor Bretz (Barbe-Bleue), Eőrs Kisfaludy (narrateur), Pierre-Laurent Aimard (piano)
Koninklijk Concertgebouworkest, Daniel Harding (direction)


D. Harding/P.-L. Aimard (© Julian Hargreaves/Marco Borggreve)


Etabli à Amsterdam, l’Orchestre royal du Concertgebouw entretient de bonnes relations de voisinage avec Bruxelles où il se produit, chaque saison, au Bozar. Actuellement dépourvu de chef principal depuis le renvoi, cette année, de Daniele Gatti, l’excellente formation se produit, ce samedi, dans la Salle Henry Le Bœuf avec Daniel Harding, directeur musical de l’Orchestre de Paris et de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise.


Pierre-Laurent Aimard effectue cette saison une résidence d’artiste auprès de l’institution néerlandaise, en même temps que Bozar lui consacre un portrait. Le programme de ce concert, qui débute inhabituellement à 19 heures, comporte une œuvre mal aimée d’un compositeur célèbre, le Concerto pour piano (1876) de Dvorák, nettement moins illustre que celui pour violoncelle et moins fréquemment joué que celui pour violon. Pierre-Laurent Aimard ne se facilite pas non plus la tâche en optant pour la version originale alors que cette partition fit l’objet de retouches pour rendre la partie soliste plus valorisante. La maîtrise et l’intelligence du pianiste permettent cependant de retrouver ce concerto sous un jour des plus favorables. Son jeu rigoureux met superbement l’œuvre en valeur, et malgré une palette de couleurs limitée, l’enthousiasme contagieux du soliste ne cesse de captiver. Le chef veille à ne pas couvrir ce dernier, tandis que l’orchestre se hisse à son niveau habituel d’excellence. Comme il ne fait rien comme les autres, Pierre-Laurent Aimard accorde en bis deux pièces de Győrgy Kurtág jouées pour la première fois en Belgique, selon les dires du pianiste, qui reviendra au Bozar au printemps prochain, le 14 mars, avec l’Orchestre de chambre d’Europe, dans le Quinzième Concerto de Mozart, et le 24 avril, dans les Variations Goldberg.


Le choix de ce compositeur soude la première partie avec la seconde, consacrée au Château de Barbe-Bleue (1911). Entendre une œuvre aussi extraordinaire par un tel orchestre procure évidemment une immense satisfaction. Daniel Harding tend parfaitement l’arc du drame, avec des montées en puissance admirablement calibrées. Grâce à l’immense métier de chaque pupitre, la beauté de l’orchestration se révèle pleinement, de même que la nature évocatrice de cette musique. L’unique opéra de Bartók bénéficie aussi de deux très bons interprètes de Judith et de Barbe-Bleue. Mezzo-soprano à la voix corsée, Elena Zhidkova habite intensément son personnage dont elle cerne finement la psychologie, comme le prouve un chant à l’expression juste. Gábor Bretz s’impose, quant à lui, par sa forte présence et sa voix pénétrante. La basse hongroise évite de camper un duc trop monolithique, sans toutefois parvenir à rendre cette figure profondément ambiguë, mais le charme de Barbe-Bleue agit sur Judith, par la noblesse du phrasé. Il faut aussi noter l’intervention puissamment théâtrale du narrateur, Eőrs Kisfaludy, qui interpelle le public à partir de la corbeille avant de s’asseoir en se fondant parmi les autres spectateurs.


Le site de l’Orchestre royal de Concertgebouw



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com