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En coup de vent

Taipei
Taipei National Concert Hall
10/23/2018 -  et 25 octobre 2018 (Tianjin)
Erik Satie: Gymnopédies n° 1, n° 2 et n° 3 (arrangements Patricio Cueto)
Wolfgang Amadeus Mozart: Concertos pour violon n° 1, K. 207, n° 4, K. 218, et n° 5, K. 219

Renaud Capuçon (violon), Camerata Salzburg


R. Capuçon (© Simon Fowler)


La tournée asiatique du violoniste français accompagné de l’ensemble Camerata de Salzbourg les aura emmenés, en l’espace d’une semaine, en Corée, à Taiwan et en Chine continentale, proposant à chaque fois une variation autour d’un programme centré sur les Concertos pour violon de Mozart. Dans l’édition donnée à Taipei, les concertos étaient – assez mystérieusement – précédés d’une Gymnopédie de Satie. L’intérêt tant cognitif qu’auditif pour lier sans interruption une pièce de Satie avec une œuvre de Mozart nous a semblé bien hasardeux; plutôt que d’enchaînement, parlons donc plus précisément de juxtaposition. Ajoutons que les Gymnopédies dans leurs versions orchestrales n’étaient pas particulièrement mises en valeur, soit par la maladresse de la transcription, soit par la rugosité de leur interprétation – la faute notamment aux nombreux et impardonnables unissons senza vibrato partagés entre les pupitres.


On reconnaît en revanche bien la marque de Renaud Capuçon dans les concertos de Mozart; tout comme dans son enregistrement au côté de Louis Langrée, les tempi sont nerveux, l’articulation fine et le phrasé musical. Il y a dans cette approche une certaine classe mêlée d’insouciance que l’on pourrait qualifier de typiquement française. Dans cette interprétation de concert, il manque en revanche d’espace entre les notes, laissant une impression de virtuosité extérieure athlétique, proche parfois de la précipitation: quelques finitions bâclées ou traits escamotés, un vibrato masquant des approximations de justesse – autant d’accidents qui auraient été aisément évités en adoptant des tempos plus adaptés. Les meilleurs moments sont sans surprise dans les mouvements lents, lorsque le soliste s’autorise des phrasés plus posés, révélant la poésie de la partition ou, comme dans le Cinquième Concerto, son drame sous-jacent – un moment malheureusement bien vite brisé par une relance trop brutale de la reprise du thème. Ce désir de ne pas s’attarder laisse en fin de compte à l’auditeur une sensation fugace, sans point d’attache véritablement mémorable, ce qui est d’autant plus regrettable que l’équilibre entre soliste et orchestre était impeccablement réglé.


Nous conclurons en notant l’organisation impeccable du concert ainsi que l’écoute disciplinée du publique taiwanais, dont le seul moment de relâchement relatif pouvait se constater à la pause, dans l’inévitable espace selfie, qui permettait de se faire prendre en photo au côté d’un portrait géant de Renaud Capuçon.



Dimitri Finker

 

 

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