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Avalanche de talents à toute heure

Ambronay
Abbatiale
09/15/2018 -  

17 heures
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle n° 1 en do majeur, Hob. VIIb/1 – Symphonie n° 22 en mi bémol majeur «Der Philosoph», Hob. I :22
Carl Philipp Emanuel Bach : Concerto pour violoncelle en la mineur, Wq. 170: 2. Andante

Jeune orchestre de l’abbaye aux Dames, Raphaël Pidoux (violoncelle, direction)


R. Pidoux (© Bertrand Pichène)


Ambronay accueille cette année le Jeune orchestre de l’abbaye aux Dames, anciennement Jeune Orchestre Atlantique, pour un programme entièrement dédié à Haydn, hormis un extrait d’un des concertos pour violoncelle de Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788). C’est là une bien belle idée que de rendre hommage à celui qui fut l’un des plus grands inspirateurs de Haydn – même s’il aurait-il été plus judicieux d’allonger le concert de seulement quinze minutes afin de proposer ce Concerto en la mineur dans son entier. Quoi qu’il en soit, on saluera l’initiative d’Ambronay de proposer avec ce programme un nouveau format de concert, d’une heure environ en fin d’après-midi, tout en s’intéressant au répertoire de la seconde moitié du XVIIIe siècle. On a ici la réunion opportune de deux œuvres composées au début des années 1760 par Haydn, alors en tout début de carrière à Esterháza, qui démontre aisément la variété de son inspiration en des climats opposés: à la musique traînante et envoûtante du fameux premier mouvement de la Vingt-deuxième Symphonie «Le Philosophe» répond l’énergie lumineuse du Premier Concerto pour violoncelle.


Les jeunes musiciens démontrent des qualités de cohésion admirables, ainsi qu’une belle sonorité aux cordes, dont on doit sans doute l’apport au formidable premier violon de Kinga Ujszaszi, révélée par Ambronay voilà trois ans. On aurait seulement préféré des tempi un peu plus allants pour la symphonie, à même de donner un sentiment d’urgence à l’ensemble. A l’inverse, l’apport de Raphaël Pidoux en soliste pour le concerto semble galvaniser les troupes en un enthousiasme communicatif, tandis que l’archet du Français se joue aisément des difficultés de la partition, apportant grâce et légèreté par son toucher aérien. Les musiciens ont repris le programme le lendemain à Sceaux, avec le Second Concerto pour violoncelle de Haydn en guise de complément de luxe.



20 heures 30 – et 12 (Friesoythe), 13 (Bremerhaven) septembre 2018
Georg Friedrich Händel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, HWV 46a
Sunhae Im (Bellezza), Robin Johannsen (Piacere), Benno Schachtner (Disinganno), Thomas Walker (Tempo)
Freiburger Barockorchester, René Jacobs (direction)


R. Johannsen, S. Im (© Bertrand Pichène)


En soirée, l’excitation palpable au sein de l’assistance fournie semble démontrer combien le retour de René Jacobs à l’Abbatiale est bienvenu: on retrouve en effet d’emblée toutes les qualités du chef flamand dans une direction enflammée dont aucun pupitre ne sort indemne à force d’attaques sèches, d’oppositions entre pupitres et de mise en valeur des couleurs individuelles. Outre cet engagement de tous les instants, on soulignera le choix d’un plateau vocal d’une grande pertinence, faisant la part belle à la jeunesse. Ainsi du formidable Tempo de Thomas Walker, jeune ténor britannique pourtant peu aguerri dans ce répertoire mais qui emporte l’adhésion avec sa force de projection, tout autant que son attention à la prononciation et ses subtilités de phrasé. Naturel et lumineux, le chant de Sunhae Im (Bellezza) n’est pas en reste, même si on pourra noter quelques approximations dans les accélérations, tout à fait excusables tant les prises de risque sont nombreuses. On se félicitera plus encore de l’irradiante Robin Johannsen (Piacere), très investie dans son rôle, au moyen d’une agréable rondeur d’émission et d’une interprétation de caractère. Assurément une chanteuse à suivre. Le cas de Benno Schachtner (Disinganno) est plus problématique, tant les décalages et les faussetés agacent dans les récitatifs en première partie. Il semble plus à l’aise ensuite, surtout dans les airs, manifestement mieux préparés.


Une fois encore, les chanteurs de René Jacobs évoluent dans une mise en espace discrète mais efficace, à même de donner un semblant d’enjeu à cette œuvre plus philosophique que dramatique. A l’instar de la belle soirée entendue à Pontoise voilà trois ans, ce tout premier oratorio de Haendel séduit à nouveau par la variété de son inspiration, presque frivole en première partie, plus recueillie ensuite. Le dernier quart d’heure de la partition donne à entendre un Jacobs très attentif au sens et plus inspiré que jamais, avant de faire durer l’ultime note de l’ouvrage à l’orgue en quelques secondes admirables de recueillement et d’intensité intérieure. L’ovation qui suit ne s’y trompe pas: chapeau l’artiste!



Florent Coudeyrat

 

 

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