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Valer Sabadus séduit à nouveau

Ambronay
Abbatiale
09/14/2018 -  et 11 (Neuss), 14 (Köln), 25 (Kassel) octobre 2018
Antonio Caldara : La morte d’Abel: Sinfonia en fa mineur, Airs d’Abel «Quel buon pastore io son» & «Questi al cor fin ora ignoti»
Nicola Porpora : Sinfonia en sol majeur, opus 2 n° 1 - L’Angelica: Airs de Tirsi «Il pie s’allontana» & «Non giova il sospirar» – Polifemo: Airs d’Acis «Alto giove» & «Senti il fato»
Geminiano Giacomelli : Adriano in Siria: Air de Farnaspe «Amor, dover, rispetto»
Francesco Maria Veracini : Ouverture VI en sol mineur
Riccardo Broschi : Artaserse: Air d’Arsace «Se al labbro mio non credi»

Valer Sabadus (contre-ténor)
Concerto Köln


(© Bertrand Pichène)


Que de chemin parcouru pour Valer Sabadus (32 ans) depuis sa participation au Festival de la Vézère en 2014, déjà avec le Concerto Köln! En seulement quatre ans, le contre-ténor allemand s’est affirmé sur les plus grandes scènes européennes tout en continuant de participer aux principaux festivals dédiés à la musique baroque, tel Ambronay. A nouveau entouré de la formation allemande bien connue, Sabadus s’intéresse cette fois aux grandes figures que sont Antonio Caldara (1670-1736) et Nicola Porpora (1686-1766), ainsi qu’à des compositeurs contemporains plus méconnus tels que Geminiano Giacomelli (1692-1740), Francesco Maria Veracini (1690-1768) et Riccardo Broschi (1698-1756), frère aîné de Farinelli.


Très bien construit, le programme propose une alternance d’extraits pour orchestre seul (afin de laisser la possibilité au contre-ténor de souffler entre ses interventions) et d’airs admirablement variés dans leurs atmosphères, d’abord sensibles en début de concert pour chauffer la voix, avant d’entamer des airs de bravoure plus périlleux pour conclure brillamment la première partie avant l’entracte. Avec son effectif réduit à quatorze cordes, le Concerto Köln montre malheureusement quelques faiblesses d’inspiration dans les mouvements lents, où il ne semble pas avoir grand-chose à dire, mais se rattrape ensuite dans les accélérations et la vivacité – fidèle en cela à l’esprit des nombreux disques qui avaient fait sa réputation à partir des années 1990. Conservant le parti pris de jouer sans chef, la formation démontre une fois encore ses qualités de cohésion et d’emphase dans la rythmique, admirable dans les graves, même si elle semble plus à l’aise dans un répertoire qui flirte avec la musique galante de la seconde moitié du XVIIIe, celui-là même qu’un Porpora annonce.


Si Valer Sabadus met quelque temps à se chauffer en première partie, il convainc pleinement ensuite en mettant en avant ses qualités de souplesse et d’articulation, toujours au service du sens. Petite voix, l’Allemand rivalise de subtilité en une parfaite maîtrise du souffle, donnant cette impression de grâce aérienne et fluide tout au long du concert. On pourra évidemment noter un manque de puissance évident dans les airs redoutables tel que celui de Geminiano Giacomelli en fin de première partie, où Sabadus compense les difficultés dans les accélérations par la précision de ses tenues de notes et l’attention au texte. Mais c’est bien entendu dans les passages apaisés qu’il se montre à son meilleur, tout particulièrement dans l’irrésistible air d’Acis du Polifemo de Porpora, tour à tour tragique et ensorcelant. L’Ouverture en sol mineur de Veracini nous ramène aux élans joyeux et rythmés de Vivaldi, merveilleusement rendus par un Concerto Köln à la hauteur, avant que l’émotion ne surgisse à nouveau dans l’imploration délicate de l’air d’Arsace tiré de l’Artaserse de Broschi. Sabadus conclut le programme avec l’un des plus beaux airs de Porpora, toujours tiré de son Polifemo, en forme de mélange de défi et de bravoure au ton moqueur, dont seules les vocalises lui échappent quelque peu.


Le public enthousiaste en fin de concert après la première partie plus en retrait obtient de ses interprètes pas moins de trois bis, après que Sabadus s’est adressé en un parfait français à l’assistance, afin de présenter les différents morceaux: un air composé par Farinelli lui-même, un air écrit par Haendel pour son rival Cafarelli et une reprise d’un air de Porpora entendu plus tôt dans la soirée.



Florent Coudeyrat

 

 

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