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Le Letton en or

Paris
Philharmonie
09/15/2018 -  et 18, 19, 20 janvier (Boston), 24 août (Lenox), 2 (London), 8 (Leipzig), 10 (Wien), 13 (Luzern) septembre 2018
Gustav Mahler : Symphonie n° 3
Susan Graham (mezzo)
Chœur de femmes de Radio France, Johannes Prinz (chef de chœur), Maîtrise de Radio France, Victor Jacob (chef de chœur), Boston Symphony Orchestra, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© BBC/Chris Christodoulou)


Pour cette nouvelle tournée européenne du Boston Symphony Orchestra avec son directeur musical Andris Nelsons, deux concerts étaient programmés à Paris, l’un dédié à Mahler et le second à Bernstein et Chostakovitch. On connaît les affinités du chef letton avec la musique du compositeur autrichien, notamment depuis le concert en hommage à Claudio Abbado à Lucerne en 2014. Un Andris Nelsons directeur musical de l’Orchestre symphonique de Boston depuis 2014 et dont le contrat a été très rapidement prolongé jusqu’en 2022. A l’issue de ce concert, on comprend aisément pourquoi tant ce que l’on a pu entendre était fascinant.


En effet, Andris Nelsons construit à chaque seconde une interprétation captivante. La tension constante qu’il insuffle, sans aucun doute la marque d’un grand chef, jointe à une parfaite conduite de la ligne, si essentielle dans une musique qui sinon peut parfois sembler dispersée, servent au mieux la partition. Ainsi parvient-il à maintenir l’attention et à captiver un public inhabituellement silencieux tout au long de l’exécution magistrale de la plus longue des symphonies du répertoire. L’Orchestre symphonique de Boston répond à la moindre de ses sollicitations avec précision et puissance notamment dans certains tutti fracassants qui remplissent l’acoustique de la salle Pierre Boulez. La beauté superlative des timbres, l’unisson parfait, notamment des cordes graves, la puissance jamais gratuite de la percussion, la luxuriance des bois et des cuivres enchantent à chaque seconde. La gestique très haute et finalement assez sobre de Nelsons n’exclut ni une évidente autorité, ni par moment des envolées d’une redoutable efficacité et qui déchaînent alors un orchestre hyperréactif. Tout ce travail en profondeur sur le son, sur la ligne et la tension n’est pas incompatible avec un soin presque maniaque, permettant ainsi de goûter avec ravissement jusque dans les innombrables détails d’une orchestration d’une richesse infinie.


Le premier mouvement est grandiose à souhait mais ne lasse pas une seconde malgré sa durée de plus d’une demi-heure. Le trompette solo Thomas Rolfs s’y montre impérial, avec une maîtrise absolue des nuances même si dans le troisième mouvement, ce même instrumentiste placé à distance de la scène a montré un peu de la fatigue certainement liée à cette longue tournée. Entre temps le deuxième mouvement (Tempo di Menuetto), très chantant et sobre, livre ses délices de menuet tranquille. La mezzo Susan Graham, qui chante avec la partition, n’a sans doute pas le timbre attendu dans une telle œuvre mais livre une prestation juste et sensible. Les femmes du Chœur de Radio France, pour l’occasion préparées par Johannes Prinz, directeur du prestigieux Wiener Singverein depuis 1991, chantent avec enthousiasme, nuances et précision leur courte intervention, même si l’on ne profite pas assez du texte. Onomatopées obligent, on est moins gêné en ce qui concerne l’intervention de la Maîtrise de Radio France, préparée par Victor Jacob, et dont les «bimm bamm» bien sonores et parfaitement en place participent à la qualité générale de l’exécution et à ce moment de joie mais aussi de questionnement.


Le Ruhevoll final est d’une beauté et d’une perfection à couper le souffle. Andris Nelsons, dans un tempo modéré, est toujours très attentif à tous les détails, semblant comme sculpter le son de l’orchestre, travaille chaque accord, chaque transition, chaque sonorité et chaque timbre, les mélangeant à l’envie tout en construisant une inexorable progression qui verra son aboutissement dans les puissants coups de timbales qui terminent l’œuvre avant l’ultime accord posé avec une certaine retenue, permettant de jouir longtemps de sa perfection formelle et harmonique.


Sans aucun doute un inoubliable concert par un orchestre vraiment exceptionnel et un chef qui, à bientôt 40 ans, est certainement l’un des plus doués et passionnants de sa génération. Ne ratez surtout pas son prochain passage à Paris les 21 et 22 janvier 2019 avec son autre orchestre, le Gewandhaus de Leipzig, dans un programme consacré à Mendelssohn et Schumann.



Gilles Lesur

 

 

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