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Le Mahler toujours atypique de Gustavo Dudamel

Paris
Philharmonie
09/09/2018 -  et 7 (Lisboa), 11 (Köln), 13 (Frankfurt), 19 (Barcelona), 20 (Madrid) septembre 2018
Franz Schubert : Symphonie n° 3, D. 200
Gustav Mahler : Symphonie n° 4

Golda Schultz (soprano)
Mahler Chamber Orchestra, Gustavo Dudamel (direction)


G. Schultz (© Gregor Röhrig)


Retour à Paris de Gustavo Dudamel, mais pas de Los Angeles: c’est l’étape française d’une tournée avec le Mahler Chamber Orchestra, très moyen pour un Schubert sans grâce. Dès l’Adagio maestoso-Allegro con brio, les élans juvéniles de la Troisième Symphonie se raidissent dans une lecture aux sonorités sèches, aux rythmes heurtés, aux contrastes artificiels. L’esprit viennois fait défaut au mouvement lent, où les cordes manquent de rondeur et les bois de fraîcheur agreste, comme il fera défaut à un Scherzo très carré. Le caracolant final passe beaucoup mieux, même si son impétuosité pourrait se conjuguer avec plus de souplesse. Le chef vénézuélien ne montre guère d’affinités pour cette musique... à moins que la partition n’ait pas été assez travaillée: il faut se méfier des œuvres de jeunesse apparemment faciles.


A défaut de convaincre, son Mahler, au moins, stimule: il offre une lecture très personnelle, parfois étrange, de la Quatrième Symphonie – la Troisième, ici, avait déjà dérouté. Le Bedächtig, nicht eilen ainsi, privilégie le son plutôt que la conduite du discours, qui se défait un peu à travers une succession de moments plus juxtaposés qu’enchaînés, alors que se préserve heureusement la lisibilité des lignes. A la recherche d’équilibres nouveaux, Dudamel travaille sur les timbres bruts, sur leurs associations, faisant sonner l’orchestre comme celui des compositeurs radicaux du début du siècle suivant: la matière, visiblement, lui importe plus que la forme. On sent d’ailleurs qu’il se soucie peu d’une tradition «viennoise» de lyrisme souriant: l’œuvre perd ici son innocence enfantine, sa fraîcheur pastorale. Il ne faudra pas non plus attendre un Scherzo grinçant, alors que le mouvement lent n’entrouvrira pas les portes du ciel. Celui-ci colle encore à la terre. Mais il ne laisse plus la même impression de décousu que les mouvements précédents, alors que les sonorités peuvent toujours surprendre, comme au début, où le pianissimo détimbré des cordes est à la fois surprenant et fascinant. Davantage tenu aussi, le final prolonge ce Ruhevoll, soulignant le réalisme de l’extrait du Knaben Wunderhorn, avec le beau soprano de Golda Schultz, timbre rond et phrasé galbé. Un Mahler décidément hors cadre, surtout sa première moitié, que défend un orchestre beaucoup plus affûté que chez Schubert mais sans vraie personnalité.



Didier van Moere

 

 

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