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Conclusion en feu d’artifice

Le Mans
Sablé-sur-Sarthe
08/25/2018 -  

16 heures, Place Dom Guéranger
Jean-Baptiste Lully: Marche française – Marche du régiment du Roy (deux airs) – Le Mariage du Roy: Ballet de Xerxès (ouverture, première, deuxième et dernière entrées) – Les Plaisirs de l’Ile enchantée: rondeau pour les flûtes allant à la table du Roy – Bruits de guerre: Marche de timbales pour les gardes du Roy, Appels de trompettes, La Marche royale – La Bataille: Marche du Prince d’Orange, Marche des Mousquetaires, Appels de trompettes à cheval, mousqueterie et canonnade, La Victoire – Concert de hautbois: Marche de Turenne, les Echos de Psyché – Le Coucher du Roy: le sommeil d’Atys – Air pour le Carrousel – Symphonie du Te Deum
André Philidor: Marche funèbre pour Madame la Dauphine – La Chasse: appels de chasse et fanfare – Les Divertissements: Mascarade du Roy de la Chine, Marche de timbales pour le Carrousel
Jacques Paisible: Marche pour les funérailles de la Reyne

La Simphonie du Marais, Hugo Reyne (fifre, flûtes, hautbois, chapeau chinois et direction)


18 heures, Centre culturel
Georg Philipp Telemann: Concerto pour flûte à bec, traverso, cordes et basse continue en mi mineur, TWV 52:e1 – Concerto pour hautbois, violon, deux traversos et basse continue en si bémol majeur, TWV 54:B1
Johann Sebastian Bach: Concerto brandebourgeois n° 4 en sol majeur, BWV 1049 – Concerto pour hautbois, violon, cordes et basse continue en do mineur, BWV 1060

Ensemble Amarillis, Héloïse Gaillard (flûte, hautbois et co-direction), Violaine Cochard (clavecin et co-direction)


La Simphonie du Marais (© Sébastien Gauthier)


Outre de nombreux concerts donnés à l’occasion de ce quarantième anniversaire, le Festival de Sablé-sur-Sarthe investissait cette année toute la ville grâce notamment à des ateliers de danse, de maquillage et de coiffure époque Grand Siècle, ce qui permettait d’associer aux festivités un public qui n’est pas forcément familier de la musique baroque. Le concert donné sur la place Dom Guéranger (1805-1875), restaurateur de l’ordre des Bénédictins et refondateur de la magnifique abbaye de Solesmes (village qui jouxte Sablé, connue pour être un des hauts lieux du chant grégorien en France), poursuivait de nouveau ce but grâce à la Simphonie du Marais, toujours dirigée par le truculent Hugo Reyne. Le programme se voulait un programme «facile» mais surtout de plein air et festif, plus de deux cents spectateurs ayant pris place sur des chaises ou assisté debout à ce qu’il faut bien qualifier de «divertissement musical» plus que de concert à proprement parler mais quand c’est fait avec une telle verve, une pareille implication et un évident professionnalisme, comment ne pas adhérer pleinement?


Multipliant les blagues (impayables musiciens de la Simphonie du Marais, au nombre de huit en plus du chef) avec comme moments de bravoure cette Mascarade du Roy de la Chine de Philidor (événement festif entre tous qui eut lieu à Marly le 7 janvier 1700) et ces scènes de chasse du même Philidor, faisant appel en guise de préambule aux talents de comédien du bassoniste Laurent Le Chenadec (excellent pour imiter le cri du sanglier!), Hugo Reyne et les siens firent défiler devant les yeux du public tout un pan de la musique du Grand Siècle où vents et timbales se taillaient la part du lion pour rythmer et agrémenter le moindre événement du quotidien royal. Les deux hautbois (dont les titulaires pouvaient également jouer de la flûte), la taille de hautbois, le basson, les timbales et les trois trompettes (qui jouaient également du cor) purent également faire preuve de vraie finesse (la fameuse scène du sommeil tirée d’Atys de Lully) mais l’intérêt était ailleurs. Hugo Reyne fit en plusieurs occasions appel à la participation d’un public conquis (par exemple demander un cri espagnol pour le bel «Air pour des paysans et des paysannes chantant et dansant à l’espagnol» ou aller choisir quelqu’un pour mimer le Roi de Chine pendant l’œuvre du même nom), instaurant une ambiance on ne peut plus festive en ce centre-ville qui ne devait pas avoir entendu de telles sonorités depuis plusieurs années.



L’Ensemble Amarillis (© Sébastien Gauthier)


Le temps pour le concert d’Hugo Reyne de se terminer et une bonne partie du public traversa une partie de la ville de Sablé pour se rendre au Centre culturel Joël Le Theule afin d’assister au dernier concert du festival. Celui-ci, donné gratuitement, contribua là aussi à attirer en partie un public qui n’avait peut-être pas pu ou pas souhaité venir aux concerts précédents; on ne peut, à ce titre, que saluer les efforts entrepris par la municipalité, l’association l’Entracte (grande organisatrice du festival) et la direction du festival pour faciliter cet accès à la culture qui, malheureusement, ne fait bien souvent pas partie des priorités politiques. Au regard de la qualité des artistes invités, on soulignera d’ailleurs la relative modicité du prix de l’abonnement (240 euros) qui permettait notamment d’assister à tous les concerts.


Comme le précisa Héloïse Gaillard en conclusion du concert, l’Ensemble Amarillis vit une histoire musicale intense avec le festival de Sablé où il donna nombre de programmes depuis sa création en 2001; cette nouvelle prestation témoignait d’ailleurs de cette fidélité renouvelée. Le concert commença sans doute par son sommet avec ce Concerto pour flûte à bec et traverso de Georg Philipp Telemann (1681-1767) où les solistes (respectivement Héloïse Gaillard et Amélie Michel) furent exceptionnelles, le reste de l’orchestre (sept musiciens) étant au diapason de l’énergie des deux flûtistes, notamment dans un Presto conclusif qui nous régala. Le deuxième concerto, de Johann Sebastian Bach, était sans doute l’œuvre la plus connue puisqu’il s’agissait du Quatrième Concerto brandebourgeois. Mettant en valeur deux flûtes à bec (Héloïse Gaillard et Meillane Wilmotte) et un clavecin (de nouveau tenu par Violaine Cochard), c’est surtout ce dernier qui fut remarquable: grâce à un trille par ci par là, une main gauche assurant des basses sonores et rassurantes pour toute la troupe, et une musicalité sans cesse en éveil, Violaine Cochard éclipsa les deux flûtes dont les sonorités avaient en outre parfois du mal à surnager en raison d’un volume un rien trop faible. Pourtant première hautboïste du Concert Spirituel (entre autres distinctions), Héloïse Gaillard nous aura déçu dans le très beau Concerto pour hautbois, violon et orchestre de Bach qui suivait, mais il faut dire que toute l’attention était rivée sur Alice Piérot au violon concertant. Alors que la hautboïste aura parfois semblé être un peu à la peine, la violoniste (qui, après avoir été violon solo des Musiciens du Louvre, occupe actuellement le même poste au sein du Concert Spirituel) nous offrit une véritable démonstration à la fois technique et musicale: quelle fougue par exemple dans le second Allegro! Enfin, l’Ensemble Amarillis au grand complet conclut le concert par le moins connu Concerto pour hautbois, violon et deux traversos de Telemann, illustrant une nouvelle fois la diversité des pupitres pour lesquels le compositeur natif de Magdebourg a pu composer.


Salué avec enthousiasme par un public dont la capacité d’écoute n’a malheureusement pas été tout à fait à la hauteur de ce qu’on aurait pu souhaiter, Héloïse Gaillard et les siens offrirent en bis cinq danses extraites de la Wassermusik de Telemann. Un témoignage de l’époque de la création (en avril 1723, l’œuvre ayant été composée à l’occasion de la célébration du centenaire de l’Amirauté de Hambourg) énonçait que «les belles trouvailles [de Telemann] n’en sont pas seulement gracieuses et spirituelles mais ont aussi produit un effet prodigieux et ont bien convenu à cette fête»: que peut-on ajouter de plus à ce commentaire, saluant une prestation qui bouclait ainsi la boucle des «Eléments», fil conducteur de cette quarantième édition du festival.



(© Sébastien Gauthier)


Après un pique-nique organisé dans le parc du château de Sablé (sur les hauteurs de la ville) et un nouveau concert de plein air des Folies françoises, un grand bal XVIIe siècle fut organisé, associant danseurs (aussi bien ceux qui avaient suivi l’atelier de danse organisé en ville le matin même que ceux dans le public qui souhaitaient se mettre à l’heure du menuet ou du rigaudon) et, de nouveau, les musiciens des Folies françoises dirigés du violon par Patrick Cohën-Akenine, autre fidèle du festival. Le feu d’artifice ayant conclu cette édition-anniversaire, qui attira plus de 7000 personnes en cumulé, a été parfaitement à la hauteur des attentes: rendez-vous maintenant dans un peu plus de 360 jours pour la quarante et unième saison!


Le site de la Simphonie du Marais
Le site de l’ensemble Amarillis



Sébastien Gauthier

 

 

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