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Théotime Langlois de Swarte : un nom à retenir

Le Mans
Brûlon (Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul)
08/23/2018 -  
Jean-Marie Leclair : Scylla et Glaucus: Ouverture – Concertos pour violon en la mineur, opus 7 n° 5 [1], en ré mineur, opus 7 n° 1 [2], en mi mineur, opus 7 n° 2 [3], en ré majeur, opus 10 n° 3 [4], en mi mineur, opus 10 n° 5 [5], et en sol mineur, opus 10 n° 6 [6]
Théotime Langlois de Swarte [2, 4], Evgeny Sviridov [3, 5] (violon)
La Diane française, Stéphanie-Marie Degand (violon [1, 6] et direction)


S.-M. Degand, T. Langlois de Swarte, E. Sviridov
(© Sébastien Gauthier)



Curieux destin que celui de Jean-Marie Leclair (1697-1764), dit l’aîné (il eut un frère cadet également prénommé Jean-Marie, également violoniste et compositeur), maître passementier de formation mais également excellent danseur, surtout connu pour avoir été l’un des maîtres de l’école française du violon au XVIIIe siècle. Auteur de nombreux recueils de sonates pour violon et basse continue, nommé premier symphoniste de Louis XV en 1733, il meurt assassiné (vraisemblablement par un neveu jaloux) en 1764. Auteur également de deux recueils de concertos répertoriés sous les numéros d’Opus 7 (1737), sans doute celui qui a connu la plus grande notoriété (voir ici), et d’Opus 10 (1745), Leclair passe pour celui qui a réussi la synthèse entre les styles français et italien appliqués au violon, ce qui lui confère un statut spécial dans l’histoire de la musique.


A l’écoute du concert de ce soir, donné en l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Brûlon, et comme Stéphanie-Marie Degand le signala avant le bis du concert (le dernier mouvement du Concerto pour quatre violons en si mineur RV 580 de Vivaldi), c’est surtout l’influence italienne que l’on aura remarquée et ce dès l’ouverture de Scylla et Glaucus. Et pourtant, dans l’Allegro débutant le Concerto pour violon en la mineur de l’Opus 7, c’est surtout à Bach que l’on pense, notamment dans la rythmique. Si le deuxième mouvement, que l’on pourrait qualifier d’alla rustica en raison de ce côté râpeux et terrien, fut un rien décevant en raison d’une justesse souvent capricieuse, l’Allegro assai conclusif nous rappela les sonorités propres à la Péninsule, renvoyant d’ailleurs davantage à des concertos de Locatelli qu’à ceux de Vivaldi qu’il était facile d’avoir en tête. Stéphanie-Marie Degand qui, on s’en souvient, avait dirigé une très belle version de concert des Indes galantes lors de l’édition 2017 du Festival de Sablé, interpréta également le Concerto en sol mineur tiré cette fois-ci de l’Opus 10. Avouons immédiatement que les trois concertos de l’Opus 10 nous ont semblé d’un moindre intérêt que les trois premiers, tous issus de l’Opus 7: moins de recherche, moins de couleurs... Pour le concerto concluant le concert, la violoniste fait toujours preuve de fougue et de volontarisme dans le maniement de l’archet (il le fallait bien dans un premier et un troisième mouvements redoutables techniquement) mais la justesse (surtout dans l’Andante) vient de nouveau brouiller une interprétation qui s’avère globalement bonne mais qui ne nous aura pas marqué.


Il faut dire que les deux jeunes violonistes – non pas que Stéphanie-Marie Degand soit âgée, naturellement! – auxquels étaient dévolus les quatre autres concertos, un de chaque opus pour chaque violoniste, ont laissé une si forte impression que c’est bien d’eux dont nous garderons le souvenir. Réservé, presque timide même, Evgueny Sviridov, né en 1989, cofondateur de l’ensemble Ludus Instrumentalis, fut impressionnant dans le Concerto en mi mineur (Opus 7). Après une introduction assez lente, il fit montre d’une technique incroyable dans la suite du mouvement avant de nous livrer un Adagio aux accents vivaldiens somptueux. Dans le Concerto en mi mineur (Opus 10 cette fois-ci), Sviridov illustra parfaitement le côté assez inclassable de Leclair avec un premier mouvement aux sonorités certes baroques mais un deuxième mouvement presque mozartien (on aura notamment remarqué cette cadence aux suraigus d’une finesse absolue), l’Allegro conclusif alliant un début très «terrien» là encore avant d’aborder des passages aux sauts harmoniques redoutables.


Excellent, Evgueny Sviridov fut néanmoins éclipsé par son comparse, Théotime Langlois de Swarte. Précisons néanmoins que Sviridov nous aura semblé plus constant sur la durée du concert, Langlois de Swarte nous ayant paru un rien fatigué dans son concerto de l’Opus 10 mais, avouons-le, d’un intérêt musical moindre... Mais quel Concerto en ré mineur de l’Opus 7 pour commencer! Un tourbillon! Relançant les basses (trois violoncelles et une contrebasse) d’un seul geste impérieux dans le premier mouvement, il imposa un tel charisme et une telle facilité (apparente) dans son jeu qu’il vola la vedette aux deux autres solistes lors de cette première partie. Cofondateur de l’ensemble Le Consort avec Justin Taylor et membre de l’Orchestre des Arts Florissants depuis 2015, Théotime Langlois de Swarte fait indéniablement partie de ces brillants jeunes solistes à suivre même si, dès à présent, il est un grand nom du violon baroque!


Le site d’Evgeny Sviridov



Sébastien Gauthier

 

 

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