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Verdi survit à Joosten

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De Vlaamse Opera
10/06/2001 -  et à Gent les 23, 26, 29 et 3 octobre ; à Antwerpen les 14, 17, 20, 23, 26 et 28 octobre 2001
Giuseppe Verdi : Otello
Mikhail Dawidoff (Otello), Therese Waldner* (Desdemona), Stephen Kechulius (Iago), David Miller (Cassio), Vincent Karche** (Roderigo), Susannah Self (Emilia), Dario Süss (Lodovico), Jan Carpentier (Montano)
*remplaçant pour cette représentation Cheryl Barker, souffrante
**succédant à Alexei Grigoriev (qui chantait du 23/09 au 3/10)
Guy Joosten (mise en scène), Roni Toren (décors), Jorge Jara (costumes), Davy Cunningham (lumières), Luc Joosten (dramaturgie)
Koor Van de Vlaamse Opera, Peter Burian (chef des ch?urs)
Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Balazs Kocsar (direction musicale)
Nouvelle Production du Vlaamse Opera

Curieuse soirée en vérité ! Malgré un échec flagrant au niveau de la mise en scène complètement à côté de la plaque, cet Otello de Verdi finit par convaincre et même émouvoir pour des raisons strictement musicales, liées d'abord à la force d'un chef d'oeuvre qui survivra à n'importe quelle médiocre production mais aussi à une scrupuleuse interprétation qu'en donnent des artistes, loin d'être irréprochables néanmoins dignes d?intérêt.
Une remarque préalable s'impose : en cette d'année commémorant Verdi, les théâtres n'ont guère profité de l'occasion qui leur étaient offerte pour faire découvrir des oeuvres méconnues mais non négligeables du plus célèbre compositeur italien ! La plupart des Opéras se sont contentés de proposer les ouvrages les plus représentés en temps normal, laissant de côté, par exemple le superbe chef d'oeuvre qu'est I Due Foscari . N'aurait t-on pas pu également revenir à la version originale de certains opéras ? Je pense tout particulièrement au Don Carlos en français, scandaleusement proposé par l'Opéra National de Paris, lieu de sa création, en version italienne mutilée de l'acte de Fontainebleau (Paris a tout de même proposé Attila mais dans quelles conditions ! )
Ceci posé, il est indéniable que le plaisir de retrouver Otello met cette question de côté. Par contre, était-il vraiment nécessaire pour l'Opéra des Flandres d'investir dans une nouvelle production alors que la précédente, celle de Gilbert Deflo datait de 1993, n'avait jamais été reprise et, sans être très originale, avait le mérite de respecter l'oeuvre. Car ce n'est pas le cas de celle de Guy Joosten, décidément bien décevant après les promesses de ses nouvelles productions au début des années 90. Passe encore l'inévitable transposition à notre époque dont les metteurs en scène ne savent plus se passer mais qui peut donner de bons résultats? Mais les nombreux contresens, le besoin d'épater le public par des procédés tape à l'oeil, l'irrespect de la musique (atteignant son comble au deuxième acte, non seulement ridicule mais imposant des coupures dans la partition pour adapter l'oeuvre à l'idée de mise en scène) navrent quand elles ne font plus sourire. De plus Joosten impose aux choristes des contraintes qui les empêchent de chanter en mesure (le choeur d'ouverture est catastrophique et de surcroît statique en contradiction avec le livret et la musique) et aux chanteurs (surtout au pauvre Otello) des rictus grotesques qui entravent sérieusement leur incarnation. Il n'est pas nécessaire d?aller plus loin dans la description de ce ratage complet.
Et pourtant ! Verdi survit à ce traitement grâce à lui-même bien sûr mais aussi grâce à la direction sans faille de Balazs Kocsar qui débute à l'Opéra des Flandres et gère efficacement un orchestre de plus en plus performant. La distribution est loin d'être parfaite mais sert l'oeuvre avec une remarquable humilité. Mikhail Dawidoff est un Otello poids plume qui ne passerait pas à l'Opéra-Bastille mais dans un théâtre de cette taille, à l'acoustique favorable, il chante le rôle avec succès, avec facilité dans l'aigu, passé l'"Exsultate" initial, surclassant sans peine son prédécesseur de 1993, Corneliu Murgu. Stephen Kechulius est un excellent acteur imposant avec autorité un personnage convaincant ; le chanteur a encore des problèmes techniques à résoudre, en ce qui concerne l'aigu par exemple mais possède un timbre de belle qualité. Therese Waldner est pour moi une révélation ; accourue in extremis au secours du Théâtre pour remplacer Cheryl Barker souffrante, elle réussit l'exploit de s?intégrer avec naturel dans cette production. Cette cantatrice très musicienne tente, pas toujours avec succès il faut le dire, d'alléger une voix ample, bien timbrée, vibrante dans une tessiture qui lui est peut-être étrangère. Le vibrato un peu envahissant semble la destiner à un répertoire plus lourd ; quoi qu'il en soit, il faut saluer son professionnalisme et sa touchante incarnation.
Les comprimari, hormis un catastrophique Lodovico, sont excellents, en particulier la percutante Emilia de Susannah Self et le Cassio quasi mozartien de David Miller.
Les choeurs, très gênés par la mise en scène, très souvent en décalage ne se sont pas montrés de ce fait sous leur meilleur jour mais on peut leur attribuer des circonstances atténuantes.



Christophe Vetter

 

 

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