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Du lac Léman à la Vézère

Montignac
Saint-Léon-sur-Vézère (Eglise Saint-Léonce)
08/19/2018 -  


18 heures
Claude Debussy : Quatuor, opus 10
Maurice Ravel : Cinq Mélodies populaires grecques
Gabriel Fauré : La Bonne Chanson, opus 61

David Fischer (ténor), Lorenzo Soulès (piano), Youenn Cadiou (contrebasse), Quatuor Hanson: Anton Hanson, Jules Dussap (violon), Gabrielle Lafait (alto), Simon Dechambre (violoncelle)


21 heures
«Impressions nocturnes»
Claude Debussy : Préludes (Premier Livre): 4. «"Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir" (Baudelaire)» – Images (Seconde Série): 2. «Et la lune descend sur le temple qui fut» – Suite bergamasque: 3. «Clair de lune»
Franz Schubert : An den Mond, D. 193 – Nachtstück, D. 672 – Schwanengesang, D. 957: 4. «Ständchen»
Olivier Messiaen : Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus: 17. «Regard du silence»
Fritz Hauser : Die Klippe
Jaehyuck Choi : Nocturne V (création)
Laurent Durupt : 61 Stèles [de bois, de pierre, de silence, de souffle]

David Fischer (ténor), Lorenzo Soulès (piano), Rémi Durupt (percussion)
Daniel Estève (mise en scène)




Toujours sous la direction artistique de Véronique Iaciu, la trente-sixième édition du Festival du Périgord noir s’intitule «La pensée visible». Ainsi que l’explique le président de l’association organisatrice, Jean-Luc Soulé, ce titre emprunté à une toile de Magritte marque un «retour aux sources de l’idée musicale», prétexte à une programmation diversifiée, incluant même cette année deux journées consacrées au jazz, mais aussi une randonnée et un pique-nique ou bien la projection des Misérables de Fescourt sur une musique improvisée par Karol Beffa. Dans l’orbite du festival, une «Académie baroque internationale» de trente chanteurs et musiciens, du 10 au 20 août, sous la direction artistique d’Inaki Encina Oyón, donne à deux reprises Il trionfo del tempo e del disinganno de Haendel, et une «Académie d’orgue» à Sarlat, du 5 au 9 septembre, sous la direction musicale de Michel Bouvard, alterne classes de maître et concerts. Du 7 au 20 août, les artistes invités – Nicholas Angelich, Laure Favre-Kahn, Edgar Moreau Andreas Ottensamer, Nemanja Radulovic, Justin Taylor, l’Ensemble Diderot – se produisent dans les sites les plus remarquables de la région, autour de la célèbre grotte de Lascaux – château de Sauvebœuf, églises d’Ajat, Auriac-du-Périgord, Fanlac, chartreuse des Fraux, abbaye de Saint-Amand-de-Coly – la perle en étant peut-être la petite église romane Saint-Léonce (XIIe) de Saint-Léon-sur-Vézère. C’est en ce lieu qu’est donnée «carte blanche», en deux temps, à plusieurs lauréats récents du Concours de Genève.


A 18 heures, un concert de format classique, offrant un beau programme de musique française au tournant du XXe siècle, présente d’abord le Quatuor Hanson, deuxième prix en 2016: dans le Quatuor (1893) de Debussy, la formation, constituée en 2013, fait preuve d’une parfaite cohésion, malgré quelques petites imperfections et une tendance à abuser du portamento (notamment de la part du premier violon) qui n’entachent pas une interprétation solaire et juvénile, véhémente et lyrique. David Fischer (né en 1991), deuxième prix en 2016, fait valoir un timbre agréable, une tessiture large et homogène, un phrasé soigné et une diction convenable dans les Cinq Mélodies populaires grecques (1906) de Ravel, avec l’accompagnement d’un raffinement superlatif de Lorenzo Soulès (né en 1992). L’ensemble des artistes et le contrebassiste Youenn Cadiou sont réunis pour La Bonne Chanson (1894), le trop rare recueil de Fauré, où le ténor allemand, pour reprendre les termes de l’ultime vers du dernier de ces neuf poèmes de Verlaine («L’hiver a cessé»), met davantage de raison que de fantaisie, mais néanmoins ce qu’il faut de sensibilité. Grand succès qui vaut la reprise, en bis, de la septième mélodie («Donc, ce sera par un clair jour d’été»).



L. Soulès, R. Durupt, D. Fischer (© Festival du Périgord noir)


A 21 heures, on retrouve Fischer et Soulès, cette fois-ci en compagnie du percussionniste (et chef d’orchestre) Rémi Durupt (né en 1983), deuxième prix en 2009. La «carte blanche» prend ici davantage de sens, dans la mesure où les trois musiciens proposent un peu plus qu’une simple succession de pièces diverses, mais un spectacle plus construit et élaboré, comprenant «mise en scène» (de Daniel Estève), lumières et transitions électroacoustiques. Sous le titre «Impressions nocturnes», ce sont autant d’évocations de la nuit, tendre, rassurante, inquiétante ou menaçante. On retiendra la belle image finale où Fischer et Durupt, côte à côte à l’avant de la scène, regardent au loin, comme des personnages d’un tableau de Caspar David Friedrich, pendant que Soulès interprète «Clair de lune» de Debussy.


Le (très) connu (Schubert, Strauss, Debussy, Messiaen) voisine avec des découvertes, celles que permet le marimba de Durupt. C’est d’abord La Falaise (1995), pièce assez énigmatique du percussionniste et compositeur bâlois Fritz Hauser (né en 1953), qui met en valeur tous les timbres et nuances de l’instrument, notamment par l’usage d’une grande variété de baguettes. C’est ensuite Nocturne V, création du Coréen Jaehyuck Choi (né en 1994), qui, en 2017, l’a emporté à Genève parmi soixante-sept candidats devant un jury présidé par Matthias Pintscher et comprenant par ailleurs Unsuk Chin, Xavier Dayer, Magnus Lindberg et Ichiro Nodaïra: cette commande du festival sollicite avec brio le ténor (en particulier dans l’aigu) et le percussionniste (dans une partie très virtuose) mais pâtit d’un style un peu daté et d’un texte inintelligible (apparemment en anglais, quoique tiré, selon les informations fournies au début du concert, d’Humain, trop humain de Nietzsche). C’est enfin 61 Stèles [de bois, de pierre, de silence, de souffle] (2016) pour marimba et électronique du frère (et partenaire au sein du duo Links) de Rémi Durupt, le pianiste et compositeur Laurent Durupt (né en 1978): un univers nocturne mais aussi mécanique, industriel, avec une péroraison redoutablement frénétique.


Fischer se révèle un Liedersänger accompli, Soulès confirme qu’il est un pianiste objectif mais merveilleusement subtil et Durupt sidère par son aisance: de quoi captiver un public remarquablement attentif et nullement rebuté, bien au contraire, par cette soirée aussi exigeante que réussie. Pari audacieux mais relevé, tant pour les artistes que pour les organisateurs.


Le site du Festival du Périgord noir
Le site du Concours international de musique de Genève
Le site de Fritz Hauser
Le site de Jaehyuck Choi
Le site de Laurent Durupt
Le site de Lorenzo Soulès
Le site de Rémi Durupt
Le site du Quatuor Hanson



Simon Corley

 

 

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